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Initialement conçu pour faciliter la prise de parole des adolescents, le Photolangage est une méthode mise au point par Alain Baptiste et Claire Bélisle consistant à utiliser des photographies pour favoriser l’expression des émotions et des expériences individuelles. Le Photolangage est appliqué aujourd’hui à de nombreux domaines : animation, éducation, formation, accompagnements et thérapies. En 2015, la Fédération Européenne Vivre son deuil a élaboré avec Claire Belisle un outil Photolangage spécifique à l’accompagnement des personnes en deuil. Un outil bienvenu pour favoriser le travail de deuil, notamment chez l’enfant.
« L’enfant, jusqu’à 7-8 ans, n’a pas de mot pour exprimer ses émotions, explique à Aleteia Martine Piton, présidente de Vivre Son Deuil Poitou-Charentes. Il les vit dans son corps mais il ne peut pas les exprimer. Le Photolangage l’aide à mettre des mots sur ses émotions, à les formuler. » Une étape importante dans le travail de deuil dans la mesure où parler de ses émotions permet d’éviter qu’elles ne s’impriment dans le corps et resurgissent, parfois violemment, plusieurs années après. Une étape nécessaire pour pouvoir se reconstruire.
Les photographies soumises à l’enfant sont symboliques. Elles représentent des lieux, des émotions (un enfant qui pleure, qui crie, qui rit…), des paysages, des animaux… Elles servent de supports pour favoriser l’émergence des mots et des émotions. Elles vont de pair avec une question, « une consigne », en lien avec le cheminement de l’enfant. Par exemple : « Qu’est-ce que tu gardes de ce que tu as vécu avec ton papa, ta maman, ton frère, ta sœur et qui te permet de continuer ton chemin aujourd’hui ? ». Une jeune adolescente avait choisi la photo d’un paysage, car le calme de la nature lui rappelait les bons moments passés avec sa mère, se souvient Martine Piton. « Les photos font gagner du temps à l’émotion, qui surgit beaucoup plus vite que s’il n’y avait eu que des mots », précise-t-elle. Elles permettent de faire émerger des représentations qui étaient plus ou moins refoulées dans le subconscient.
Dans un second temps, l’enfant est invité à exprimer son émotion par un autre médiateur, comme la pâte à modeler ou le dessin, afin d’extérioriser cette émotion et qu’elle ne reste pas imprimée dans son corps.
Le Photolangage spécifique à l’accompagnement des personnes en deuil ne s’utilise pas dans un cadre individuel mais en groupe. C’est tout d’abord pour éprouver le sentiment de ne pas vivre seul son chemin de deuil et de partager cette expérience avec d’autres enfants qui ont vécu la même chose. « Cela leur confère un sentiment d’appartenance, ce qu’ils ne ressentent pas à l’école par exemple, où ils peuvent se sentir seuls, anormaux », souligne Martine Piton. Et le fait de s’écouter les uns les autres fait résonner les émotions. Les mots des autres peuvent venir éclairer les émotions, les représentations internes de l’enfant. Cela l’entraîne à les exprimer et approfondir ce qu’il ressent : « Ce que tu dis me rappelle que… ». Enfin, il demeure un autre avantage à poursuivre ce travail de deuil en dehors du cercle familial : une certaine liberté d’expression. En effet, il arrive que l’enfant ne s’autorise pas à exprimer son ressenti auprès de ses proches par peur d’accabler davantage son père ou sa mère. « Certains se donnent pour mission de sortir leurs parents de la dépression », constate Martine Piton. C’est pourquoi il leur est difficile de s’exprimer ou de poser des questions à la maison. D’où l’importance de ces groupes de paroles pour accueillir la parole de l’enfant.