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Parmi toutes les ruses du diable visant à nous faire oublier Dieu, l'activisme est l’une des plus pernicieuses. Ce complexe spirituel prend sa source dans le souci légitime de travailler aux œuvres de Dieu. Le démon, qui est tout sauf un imbécile, ne poussera jamais frontalement un croyant convaincu à délaisser la vigne du Seigneur. Au contraire, il va utiliser perfidement son zèle pour l’éloigner insidieusement de Dieu. Comment ? En le persuadant d'agir sans cesse, de se démener dans toutes les directions ! De la sorte, le Malin essaye de convaincre le croyant convaincu que plus il bougera, plus il s’activera, et plus il contribuera à la gloire de Dieu !
Qu’est-ce qui pousse le diable à user d’une telle tactique ? Pour comprendre les raisons du stratagème diabolique, il est nécessaire de remonter plus en amont, aux sources des motivations de l’esprit mauvais à notre égard. D’un côté, le démon, dans sa superbe, est persuadé que notre promotion baptismale est imméritée et que lui seul est digne des honneurs divins. D’un autre côté, pour nous flatter traîtreusement et entraîner notre chute, il va travailler à transformer les fils adoptifs du Père que nous sommes en… travailleurs infatigables !
Avant de nous lancer dans la carrière de la mission, Dieu nous demande de conforter notre intériorité spirituelle.
En agissant de la sorte, l’esprit mauvais désire nous faire oublier que Dieu attend d'abord de nous que nous entretenions avec Lui une relation filiale. Or cette relation au Créateur implique deux choses : premièrement Le reconnaître comme Père, et ensuite consentir à notre statut d'enfant de Dieu. Donc, avant de nous lancer dans la carrière de la mission, Dieu nous demande de conforter notre intériorité spirituelle. Avant d'agir, il s'agit d'être.
C’est pour contrecarrer ce primat de l’intériorité sur l’activisme que le démon nous pousse à nous agiter en tous sens. À cette fin, il tente de nous persuader que notre filiation divine par adoption en Jésus-Christ, adoption filiale dont il est jaloux, est indexée sur les efforts que nous déploierons pour la mériter. Là réside l’erreur de principe de l’activisme. Car notre dignité baptismale est pure grâce de la part de Dieu. Ce ne sont pas nos efforts qui nous ont gagné notre statut de fils de Dieu, mais la grâce du Christ et notre foi en lui. Il ne s’agit pas de nous comporter comme des serviteurs accaparés par les multiples tâches domestiques, mais comme des enfants qui savent de foi certaine que le Royaume est leur chez-soi, leur maison, bref comme des fils qui sont chez eux dans la maison du Père.
Le diable désire que nous gagnions le paradis à la force de nos bras, sachant pertinemment que nous n’y arriverons jamais par nous-mêmes.
Or à rebours de ce salut gracieux, gratuit, le diable désire que nous gagnions le paradis à la force de nos bras, sachant pertinemment que nous n’y arriverons jamais par nous-mêmes. Par là, le Malin fait d’une pierre deux coups : d’un côté, il flatte notre orgueil en insinuant que le Royaume est à la portée de notre excellence ; mais d’un autre côté, sachant cette entreprise est parfaitement vaine, il prépare la voie au désespoir et à l’abandon.
Voilà pourquoi, l’activisme est dangereux. Il génère trouble et angoisse : saurons-nous à la hauteur de notre statut de fils de Dieu ? Si nous ne comprenons pas que la grâce divine est première, nous resterons toujours dans le doute au sujet de nos rapports avec Dieu, ne cessant de nous interroger : sommes-nous chez nous chez le Père, ou bien sommes-nous des étrangers tolérés et recueillis en fonction des travaux que nous rendons ? Jésus a parfaitement résumé la différence entre le fils et celui qui n’est qu’un travailleur extérieur : "L’esclave n’est pas toujours dans la maison [du Père], le fils y est pour toujours" (Jn 8, 35). Se livrer à l’activisme est un signe que nous restons convaincus d’avoir quelque chose à prouver, comme si nous n’étions pas assurés de notre appartenance à la maison paternelle. Or, c’est Dieu qui a fait de nous Ses fils, ce n’est pas nous qui avons obtenu une carte de séjour dans Sa maison à force de travaux !
Dieu reste le premier ouvrier de la régénération de notre être intérieur. Aussi le chrétien doit-il Le laisser agir avant d’entreprendre de grandes œuvres de son côté. Cependant, qu’il ne pense pas que ce soit là une chose aisée ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, laisser Dieu agir en nous demande des efforts de notre part. En effet, combien de résistances nous faut-il vaincre pour accueillir le don de Dieu ! Il ne suffit pas de croire en Dieu, encore faut-il être persuadé que nous avons besoin de Lui !
Ce qui suppose que nous portions sur nous-mêmes un regard lucide et vrai. Une telle clairvoyance n’est pas toujours facile tant nous sommes habitués à livrer aux autres, mais aussi à nous-mêmes, une image de nous-mêmes flatteuse et gratifiante mais… fausse ! Pour accueillir la grâce divine dans les meilleures conditions, il est nécessaire de vaincre au préalable notre répugnance à considérer les grâces reçues comme un don gratuit, alors que notre mentalité de client-roi nous pousse à les concevoir comme un dû inaliénable. Le salut de Dieu a beau être gratuit, l’accueillir demande de notre part un effort sur soi à cause de notre présomption, comme si Dieu était notre débiteur. Voilà qui devrait combler notre désir de faire à tout prix quelque chose !
Bien sûr, Dieu nous demande de travailler à Sa vigne. Mais Il désire que nous le fassions en tant que fils, non comme des serviteurs qui attendent un salaire. Le principal défaut de l’activisme réside dans cet oubli de notre dignité filiale. Le fils travaille pour l’intérêt du Père sans penser à soi. Seuls importent pour lui les désirs paternels. Et quels sont ceux de notre Père céleste ? Que tous les hommes soient sauvés ! Ainsi, nos travaux seront-ils pleinement couronnés de succès dès lors que nous aurons intériorisé la fraternité essentielle qui nous lie aux autres habitants de la maison paternelle et que nous agirons en fonction d’elle.