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Comment faire de grandes choses en menant une existence banale ?

FAIRE LA VAISSELLE
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Jean-Michel Castaing - publié le 29/04/21 - mis à jour le 06/07/23
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Avant de se soucier d’accomplir des œuvres grandioses pour Dieu, le chrétien doit prioritairement cultiver la qualité de sa relation à Jésus. Telle est la condition pour que ses actes portent du fruit.

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Nous avons beau croire en un Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, à la vie éternelle, aux mystères les plus sublimes du christianisme, nous avons beau confessé que notre destinée est grandiose, que Dieu le Père, en nous adoptant comme fils en Jésus-Christ, a fait de nous des rois, ces grandeurs n’empêchent pas que nos existences se déroulent le plus souvent dans la banalité, la routine, voire la médiocrité des tâches répétitives. Quel contraste entre la sublimité et les promesses de la religion du Christ, et la routine des jours ! La pesanteur nous assujettit à la glèbe, alors qu'on nous avait laissé miroiter une trajectoire héroïque de militants du Christ ! N'y-a-t-il pas eu malentendu au départ ? 

Le Ciel peut-il contenir dans une vie prosaïque ? 

À quoi sert en effet de croire à la seigneurie de Jésus sur l'univers, que toutes les puissances lui sont soumises, si c'est pour végéter, pour notre part, dans le ronron anesthésiant et peu gratifiant du quotidien terre-à-terre ? Aurions-nous mal compris ? À quoi sert-il d'être devenus fils de Dieu si c'est pour se colleter jour après jour avec des occupations prosaïques ? Nous nous rêvions en missionnaires intrépides comme François-Xavier, en évangélisateurs audacieux, ou en champions de la charité à l’instar de Monsieur Vincent, et au final on se retrouve à faire le ménage chez soi, à supporter sans broncher le retard des transports en commun pour se rendre au travail, à accomplir un travail répétitif, à subir le tempérant peu amène de nos proches qui ne nous comprennent pas et ne soupçonnent pas l'existence de nos aspirations spirituelles ! Alors, quoi ? Le Christ nous aurait-il trompés en nous promettant que nous serions la lumière du monde et le sel de la terre ? Comment concilier le prosaïsme de nos vies avec la dimension surnaturelle dans laquelle elles sont censées évoluer ?

La qualité d’une vie chrétienne ne tient pas d’abord à la grandeur de nos actes, mais à notre communion avec le Christ lorsque nous posons nos actions...

S’unir au Christ

Pour répondre à ces questions, il est important d’intégrer cette vérité : la qualité d’une vie chrétienne ne tient pas d’abord à la grandeur de nos actes, mais à notre communion avec le Christ lorsque nous posons nos actions, que celles-ci soient spectaculaires, banales ou répétitives. À proprement parler, ce ne sont pas tant nos actions qui décident de la fécondité de notre existence que notre attachement au Ressuscité. L’important est de l’impliquer dans nos démarches de façon à les accomplir avec lui, voire à le laisser les opérer lui-même en nous. Si bien que ce n’est plus nous mais le Christ vivant en nous qui agit. Tel est le secret de la fécondité d’une existence chrétienne : agir en synergie avec le Ressuscité.  

Une vérité consolante pour les sans-grades 

Pour cela, une seule condition est nécessaire : être uni à Lui par la prière, les sacrements, la pensée, l’affection, l’amitié. Voilà une vérité consolante car tous les chrétiens n’ont pas de grandes responsabilités aux yeux du monde. Cependant, en laissant le Christ agir en lui, le croyant de base est en mesure lui aussi de faire progresser l’avancée du Royaume plus efficacement que bien des personnes en vue. De même qu’il est nécessaire de se laisser aimer par Dieu avant de vouloir L’aimer à notre tour, de même est-il fondamental de s’unir au Christ avant de se lancer dans l’évangélisation ou dans n’importe quelle activité à visée caritative.

Le Ressuscité deviendra alors le démultiplicateur de puissance de nos efforts. Quant à l’Esprit saint, il portera leurs effets bien au-delà des conséquences et des fruits que nous en attendions de prime abord. C’est ainsi que l’amitié avec Dieu-Trinité conditionne la réussite de toutes nos entreprises. Voilà pourquoi il est vital de la cultiver sans cesse, pourquoi Jésus dit à Marthe qui s’affairait sans discontinuer, en se plaignant que sa sœur, qui écoutait leur hôte, la laissât seule vaquer aux soins matériels : "Marie a choisi la meilleure part" (Lc 10, 42). 

La Croix, levier d’Archimède pour soulever des montagnes

Nous n’avons rien à prouver à Dieu. La meilleure façon de travailler à Sa vigne consiste à œuvrer par amour, gratuitement, sans trop se préoccuper de l’importance de nos activités. Le Seigneur se chargera de les faire fructifier. Un acte posé avec le cœur, sans arrière-pensée, possède plus de puissance que la plus grande entreprise du monde que l’on entreprendrait dans le but de gagner Ses bonnes grâces ! Certes, ce dernier objectif n’est pas condamnable a priori : il dénote foi et zèle chez le croyant. Toutefois, l’amitié avec le Christ agit avec un cœur libre et confiant, certain que le Ressuscité fait plus de cas de notre foi que de nos insuffisances à faire le job. C’est Lui qui fournira la plus grande part du travail : pourquoi se mettre dès lors en peine d’« être à la hauteur » ? L’essentiel est de rester uni à son Coeur, comme saint Jean. Telle est la meilleure condition pour que nos labeurs portent du fruit, pour que le Règne progresse dans le monde et le cœur des hommes. 

Cette vérité éclate dans tout son éclat lorsqu’il s’agit pour le nous de porter les sacrifices que la vie nous réserve et que nous n’avons pas toujours choisis. C’est en restant unis au Jésus sur la Croix que notre oubli de nous-mêmes sera le plus fructueux. En rattachant notre abnégation, ou notre souffrance, à la Passion du Christ, nous transformerons infailliblement notre chemin de croix personnel, souvent obscur, méconnu de nos semblables, en œuvre de Salut. La Croix deviendra ainsi le levier d’Archimède qui soulève des montagnes à l’aide de nos modestes moyens !

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