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Le parti Europe Ecologie - Les Verts (EELV) est actuellement au cœur de nombreuses polémiques. La moindre bourde proférée par un élu écologiste fait l’objet d’une impitoyable bronca ; et la dernière campagne des Verts sur les réseaux sociaux pour les élections régionales fait carrément scandale. Quels que soient les torts de ce parti, il faut penser les motifs profonds de l’ire que subissent actuellement les écologistes et l’écologie elle-même.
Le premier motif est politicien : l’électorat des grandes métropoles, qui a muté à l’occasion des dernières élections municipales, est au cœur d’une lutte politique acharnée. Les Verts ont capté un gros segment de l’électorat qui avait permis à La République en marche (LREM) de sauver les meubles aux élections européennes de 2019 ; et qui constitue son cœur de cible pour 2022. Il n’est donc pas surprenant que La République en marche et ses puissants relais médiatiques mènent une guerre totale au parti écologiste, visant à dénoncer une écologie irresponsable et idéologique, par opposition à l’écologie macronienne — celle de la convention citoyenne et de la loi sur le climat — supposée responsable, équilibrée et pragmatique.
Le deuxième motif est plus profond et dépasse largement le spectacle politique et médiatique : l’écologie fait peur, peut-être autant que le réchauffement climatique lui-même. Elle ouvre un abîme d’incertitudes quant au monde de demain. Certainement, le plus grand nombre des Français est convaincu de la nécessité de lutter contre la pollution et l’épuisement des ressources naturelles, de retrouver davantage de simplicité et de sobriété. Cependant, tourner le dos au productivisme et au consumérisme dans une société techno-marchande constitue une perspective pour ainsi dire vertigineuse. Nos modes de vies et nos mentalités modernes sont façonnés par la civilisation technique et il n’est pas aisé d’imaginer vivre autrement. Par ailleurs, nous connaissons une crise sociale de grande ampleur et ce sont, au premier chef, ceux qui en sont les principales victimes qui risquent d’être les plus touchés par la révolution écologique.
Après avoir été la grande perdante de la mondialisation, la France périphérique s’inquiète désormais d’être la grande perdante du tournant écologique. Cette France regarde avec défiance la classe « écolo-urbaine » chercher à se façonner un cadre de vie idéal, sans pour autant renoncer aux technologies ni à la grande ville, quand la France des campagnes et des petites villes a encore besoin de la voiture au diesel, des emplois industriels et agricoles traditionnels, etc.
Rien ne sera possible sans un sursaut dans notre relation à Dieu et à la Création qu’il nous a confiée.
Elle regarde également avec hostilité cette fiscalité verte qui, fondée sur le principe du « pollueur-payeur », lui fera peut-être régler une grande partie de la facture alors que cette classe moyenne laborieuse, en plein déclassement depuis trente ans, est déjà harassée d’impôts et de taxes. Ajoutons que cette France profonde tient à la chasse, à sa gastronomie, à ses mœurs et à ses traditions ; et elle vit mal le harcèlement moral exercé par les élites « woke ».
L’ambition écologique est ainsi aujourd’hui face à un défi d’une complexité insondable dans une société fragmentée, profondément façonnée par la civilisation technique. Or il n’y aura probablement pas d’autre modes de vie sans une rupture avec la civilisation technique et donc sans un autre modèle économique et social dont les contours demeurent incertains. Rien ne sera possible non plus sans un sursaut dans notre relation à Dieu et à la Création qu’il nous a confiée. Ces enjeux profonds sont abordés dans l’encyclique Laudato si, mais nul ne sait dire pour le moment comment cela pourrait être politiquement, économiquement et socialement réalisable… C’est toute la question pour l’avenir.
Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 28 avril 2021.