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L’incroyable renaissance de la chapelle de la Catho de Lille

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Caroline Becker - publié le 27/04/21
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Édifiée au cœur de l’université, la chapelle de la catho de Lille a fait l’objet d’une importante réhabilitation, aboutissement de quinze mois de travaux, qui a permis de replacer la liturgie au cœur de l’édifice et surtout contribuer à un "catholicisme actif" au service des étudiants.

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Le 3 février dernier, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille et chancelier de la Catho de Lille, consacrait le nouvel autel de la chapelle de l’université, marquant ainsi la fin d’un long chantier initié en 2016. Édifice emblématique du campus construit en 1911, la chapelle est l’une des grandes fiertés de l’université. Mais depuis de nombreuses années, elle était surtout utilisée comme salle d’examens et accueillait uniquement cinq messes par an. Désirant redonner à ce lieu de culte sa splendeur d’antan et surtout "contribuer à un catholicisme actif ouvert à la société", l’université a donc décidé d’engager un grand projet de rénovation pour remettre la célébration liturgique et la prière au centre de la vie étudiante.

Si la chapelle continue d’accueillir des forums, des conférences et même des concerts, son aménagement s’est concentré avant tout sur le "Christ qui nous appelle et nous rassemble", témoigne Anne da Rocha Carneiro, responsable de la Commission diocésaine d’art sacré de Lille qui a apporté son expertise durant toute la durée du projet. Fédérer les étudiants autour des célébrations liturgiques et offrir un lieu de paix prompt au silence et à la prière, voilà tout l’enjeu de cet ambitieux projet.

Achevée en 1924 par l’architecte Jean-Baptiste Maillard, cette chapelle construite dans une style néo-gothique est singulière. D’une superficie de 928m2, elle s’apparente quasiment, par ses dimensions, à une église paroissiale ! Composée d’une immense nef, son choeur est surplombé par un calvaire qui attire tous les regards. Depuis son édification, la chapelle n’avait pas fait l’objet d’une sérieuse restauration. Par endroit, les matériaux se dégradaient, la toiture n’était plus assez solide et les vitraux n’étaient pas bien protégés. Autant de raisons qui ont poussé l’université à lancer un vaste projet de rénovation en collaboration avec les étudiants de l’aumônerie mais aussi la Commission diocésaine d’Art sacré de Lille qui a assuré le rôle de conseiller artistique et liturgique. Exclusivement financé par des dons et des legs, le chantier a été aussi l’occasion de faire appel à de nombreux artisans spécialisés dans l’art liturgique. 

le calvaire

À l’origine entièrement peinte en blanc, la chapelle est désormais rehaussée de délicates tonalités rouge, beige et or. Des couleurs qui rappellent le sacrifice du Christ et le feu divin par lequel celui-ci s’est manifesté. "Nous nous sommes inscrits dans la tradition des églises et cathédrales médiévales qui étaient entièrement peintes à l’intérieur comme à l’extérieur, avec des décors dorés à la feuille d’or, explique Anne da Rocha Carneiro. Au XIXe siècle, on retrouve d’ailleurs ce goût pour la couleur et l’or dans les édifices de culte néogothiques". La grande croix, la frise du retable et quelques éléments architecturaux ont été ainsi soulignés par des lignes d’or pour manifester la présence divine.

En parallèle, mobiliers liturgiques et vitraux ont également été entièrement repensés. C’est Nicolas Alquin, artiste profondément marqué par la foi, qui a été choisi pour réaliser le mobilier liturgique dans des matériaux nobles, le bois de chêne, dont l’autel qui accueille les reliques de sainte Claire et de saint Benoît-Joseph Labre. Pour s’adapter aux différentes fonctions du lieu, le mobilier peut être déplacé facilement. L’autel peut ainsi être poussé, mais seulement sur son axe, afin d’être placé au fond du chœur. "Il est important qu’il soit toujours visible pour rappeler que le Seigneur a toujours sa place en ces lieux, quelle que soit l’activité qui s’y tient", explique la responsable de la Commission diocésaine d’Art sacré. 

"L’art sacré est, depuis toujours, un moyen d’entrer dans l’Évangile"

Une symbolique omniprésente et essentielle qui rappelle que chaque élément de la liturgie est là pour donner du sens et y exprimer l’Invisible. En témoigne encore le tabernacle, également confié aux mains de Nicolas Alquin, et qui prend place au pied du calvaire. "En disposant la réserve eucharistique en dessous du crucifix, nous rappelons le principe théologique de l’unité du sacrifice du Christ sur la croix et du sacrifice de l’Eucharistie", explique Anne da Rocha.

nicolas alquin

À ces objets liturgiques s’ajoutent de belles verrières colorées et figuratives imaginées au début du siècle par le recteur de l'époque, Mgr Émile Lesne. Désireux de proposer aux étudiants une catéchèse en lumière, il avait prévu de restituer toute la vie du Christ de la Nativité à la Pentecôte. Réalisé par le maître-verrier lillois Pierre Turpin et le dessinateur Henry Morin ce grand projet n’a, malheureusement, jamais été achevé. Pour compléter les verrières existantes, deux artistes contemporains ont été retenus dans le cadre d’un concours. Alexandra Giès, meilleur ouvrier de France, a ainsi réalisé "Les saisons de l'Être", une œuvre qui évoque la Création et la Résurrection. Françoise Burtz a, quant à elle, illustré des scènes de la Genèse mais également une grande croix comme symbole d'arbre de vie. D’autres vitraux, provenant de la chapelle du collège Saint-Paul de Lille qui va faire l’objet d’un réaménagement, complètent l’ensemble. 

"L’art sacré est, depuis toujours, un moyen d’entrer dans l’Évangile, d’entrer dans le mystère de la foi. La beauté d’un lieu, lorsqu’il laisse entrer harmonieusement la lumière, et qu’il respecte l’architecture et la vérité des matériaux, nous ouvre à la recherche du sens", conclue Anne da Rocha qui espère que cette chapelle, nouvellement rénovée, parlera à tous les étudiants, croyants ou non, et les invitera à s’approcher du Mystère. 

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