Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Dans un contexte sanitaire et sécuritaire difficile, le sort des chrétiens dans le monde est de plus en plus incertain. Le dernier rapport de l’Aide à l’Église en détresse (AED), publié ce mardi 20 avril, est alarmant : la liberté religieuse est menacée dans 62 pays parmi les 196 étudiés, soit un pays sur trois. Des persécutions en raison de la religion ont été observées dans 26 pays – qui concentrent plus des deux tiers de la population mondiale – dont la moitié se situe en Afrique.
L’Afrique, plus particulièrement la bande sahélienne (Mauritanie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), inquiète de nombreux observateurs par la série de conflits sans fin qui l’ensanglantent et la multiplication de vastes enlèvements collectifs, les captifs servant de source de revenu pour les groupes armés terroristes (GAT) qui les monnayent. Depuis 2015, cette bande de territoire longue de plus de 2.000 kilomètres est arpentées par des groupes armés aux motivations diverses. "Des groupes armés se substituent à l’autorité des États, portant des revendications identitaires et religieuses mêlées", souligne l’AED. Les régions où musulmans, chrétiens et animistes vivaient jusqu’à présent de manière relativement apaisée voient leur équilibre de plus en plus menacé.
L'Etat n'arrive pas à répondre aux besoins vitaux, élémentaires des populations qui se tournent par défaut vers les groupes terroristes.
"Entre la faiblesse des dirigeants politiques, les injustices ou encore l'impunité de certains acteurs, une grande partie de la population de ces pays se retrouve exclue du système sociale", explique le père burkinabé Victor Ouedraogo, directeur du centre diocésain de la communication de Ouahigouyanos. "Ces personnes se tournent "par défaut" vers les groupes terroristes car l'Etat n'arrive pas à répondre aux besoins vitaux, élémentaires des populations. Ils utilisent la faiblesse de l’Etat".
Si la division des communautés religieuses apparaît comme la motivation commune à tous ces groupes armés, ils ont chacun leur identité propre. "Un djihadiste nigerian de Boko Haram, d’ethnie Kanuri, n’a - a priori - rien en commun avec un Touareg du nord Mali qui revendique un état autonome, et encore moins avec son voisin Peul, ennemi héréditaire", détaille l’AED. Pourtant, "tous sont des recrues potentielles pour les GAT, qui commencent à s’articuler autour d’une finalité commune".
La logique est la suivante : "le Touareg, comme le Kanuri qui prend les armes, dénonce un gouvernement qu’il estime corrompu. Et comme lui, il met en cause un Occident décadent, supposément chrétien, auquel il oppose un islam rigoriste". Par conséquent les chrétiens ou animistes confrontés à ces groupes sont invariablement considérés comme des ennemis. Au Burkina Faso, en particulier, les symboles chrétiens sont spécifiquement visés. Le 12 mai 2020, des terroristes s’en sont ainsi pris à une procession chrétienne, tuant quatre participants et détruisant la statue de la vierge qu’ils portaient.
"Après avoir étendu leur emprise sur le Sahara musulman, les lieux où chrétiens et musulmans vivent côte à côte seront la prochaine cible de ces groupes armés terroristes", prévient encore l’AED. Les réseaux djihadistes ainsi implantés dans la région du Sahel, aspirent à devenir des "califats" transcontinentaux. L’État Islamique et Al-Qaïda ne disposent plus seulement d'un épicentre irako-syrien : grâce à des appuis idéologiques et matériels au Proche-Orient, ils s’associent aux milices armées locales du Sahel et les radicalisent, afin d’établir des "provinces du califat". "De sporadiques et aléatoires, leurs attaques deviennent idéologiques et ciblées", alerte encore l’AED. "Elles se sont intensifiées du Mali au Mozambique, mais aussi déployées vers les Comores et les Philippines".