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Depuis plus d’un an, la pandémie met à mal la résilience, cette capacité à vivre et à se développer en dépit de l’adversité. Une adversité qui en temps de crise sanitaire n’est plus à démontrer : isolement, perte de sens, lassitude, angoisse… Une adversité qui s’est parfois manifestée par des combats, pour la liberté de culte, pour accompagner un proche en fin de vie, pour ouvrir les universités… Si autrefois la résilience ne semblait concerner que les personnes ayant subi des traumatismes, elle est aujourd’hui recherchée par tous dans la mesure où l’épidémie affecte tous les pans de notre existence. Elle peut concerner un étudiant privé d’amphis, un chrétien privé d'office, un salarié en souffrance à cause du télétravail, un père ou une mère de famille croulant sous les charges domestiques, une personne âgée éloignée des siens…
Le terme de résilience est pour la première fois employé dans le domaine agricole, rappelle Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, éthologue et psychanalyste, précurseur du concept de résilience, lors du Sommet de la résilience organisé par le parcours PepPsy. En agriculture, on dit qu’une fleur est résiliente quand elle peut s’adapter à la sécheresse. Lorsque l’excès de soleil dure trop longtemps, elle se développe sous une autre forme, elle se transforme en épineuse. En géographie, un sol est dit résilient quand la vie reprend ses droits après une inondation ou un incendie. Une autre faune et une autre flore apparaissent alors. « C’est la définition la plus simple et la plus poétique de la résilience ! », souligne Boris Cyrulnik.
La pire agression, c’est la carence affective.
Dans le contexte actuel, comment favoriser la résilience des êtres qui nous sont chers, happés par l'angoisse ou la solitude ? Le spécialiste de la résilience est clair. Tout réside dans la sécurité affective que nous sommes en mesure de leur offrir. Il s’agit donc de trouver de nouvelles façons d’entourer les siens malgré le confinement. « Téléphonez, parlez, faites des déclarations d’amour… car la vraie substance qui stimule le cerveau, c’est la relation affective ». Un lien de cause à effet démontré par la neuro imagerie : certaines zones du cerveau, au niveau des lobes préfrontaux et des circuits limbiques, évoluent selon si le sujet bénéficie d’un milieu affectif sécurisant ou non. « La pire agression, c’est la carence affective. » L’isolement dû à la pandémie altère donc le cerveau, mais la bonne nouvelle réside dans le fait que l’on peut agir sur le cerveau à travers la sécurité affective. « On peut agir sur une relation, de manière à agir sur le cerveau. Le vrai tranquillisant du cerveau, c’est la relation affective », précise Boris Cyrulnik.
Il illustre ses propos en évoquant ces personnes âgées dont on dit qu’elles meurent de déshydratation, mais en réalité, « elles meurent de carence affective » : si elles sont seules, si elles ne reçoivent plus de visites, ni de coups de fil, alors pour qui se nourrir ? « N’ayant plus personne pour qui boire, elles ont tout simplement cessé de boire ». Un exemple choc, qui montre combien prendre soin des siens, leur manifester, dans un langage qu’ils comprennent, amour et affection notamment lorsqu’ils sont en détresse, est une question de survie.