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Aleteia : Vous avez été nommé comme nouveau représentant du diocèse de Paris pour le chantier de la cathédrale Notre-Dame. Quels sont les enjeux de votre mission ?
Mgr Éric Aumonier : La mission qui m’a été confiée par l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, comporte plusieurs points essentiels. Tout d’abord représenter l’archevêque au conseil d’administration de l’établissement public chargé de restaurer la cathédrale mais aussi superviser les réflexions qui sont engagées autour du projet liturgique. Il est important de réfléchir à la manière dont nous allons reprendre le culte lors de la réouverture de la cathédrale. Ces réflexions se font avec toutes les équipes qui travaillent sur place, avec le recteur Mgr Chauvet, mais aussi le père Gilles Drouin qui a été désigné par l’archevêque de Paris pour penser le nouvel aménagement liturgique.
L’archevêque souhaite manifester, par des gestes symboliques forts, que la prière continue. Notre-Dame est le poumon de la vie spirituelle du diocèse de Paris. Un gros travail est d’ailleurs réalisé avec les prêtres du diocèse de Paris qui ont été ordonnés dans cette cathédrale, afin qu’ils se sentent engagés. C’est aussi leur église. Le père Henry de Villefranche, chapelain de Notre-Dame de Paris, y travaille.
Quel regard portez-vous sur cette nouvelle fonction ?
J’ai été très honoré que Mgr Aupetit me confie cette responsabilité. Après ma démission du diocèse de Versailles, je lui ai indiqué que je me tenais à sa disposition. C’est en décembre qu’il a partagé son désir que je m’engage dans cette nouvelle mission. Ma connaissance de Paris et les relations que j’ai pu tisser tout au long de ma vie de prêtre ont convaincu l’archevêque que je pouvais être utile à Notre-Dame. Ma vraie question a été : "Mon Dieu, comme être réellement utile en tant que prêtre et évêque dans cette mission ?". Si j’ai bien compris quelque chose, c’est que Notre-Dame de Paris est au service des pierres vivantes que nous sommes, nous chrétiens qui formons l'Église. C’est cet enjeu qu’il ne faut pas perdre de vue.
Quels sont, justement, les enjeux pastoraux de la reconstruction ?
Le cœur de la reconstruction c’est la célébration liturgique. Avant l’incendie, Notre-Dame accueillait cinq offices par jour quotidiennement. Il faut réfléchir à tout ce qui permettra de rétablir la liturgie. Mais il faut également que l’on réfléchisse à l’accueil fraternel des visiteurs, chrétiens ou non. Beaucoup entrent dans une église sans en comprendre le sens. La cathédrale n’est pas un musée, c’est un lieu de prière qui a été construit pour cela. Comment faire comprendre le rôle de l’autel, de la croix, de l’architecture, des œuvres… de tout ce que l’on voit. Ce ne sont pas seulement des objets aditionniés. Il y a une direction ! C’est cela que nous voulons, proposer un nouvel itinéraire qui soit éloquent.
Dans ce drame se dessine finalement un chemin d’espérance ?
Oui, absolument. Sans être un mal pour un bien, nous pouvons dire que malgré ce drame, qui a été un vrai drame, nous pouvons tirer quelque chose de positif. L’image de la Vierge debout et la croix lumineuse qui émergeait des poussières de l’incendie est frappante. Cela nous invite à ne pas perdre le regard sur la croix et à nous pousser à renconstruire.
Mgr Aupetit a célébré le Jeudi saint à l’intérieur de la cathédrale. Un signe fort pour les chrétiens ?
Continuer à célébrer dans Notre-Dame de Paris, c’est montrer que l’église est toujours vivante. C’est montrer la vitalité de la prière. Je suis personnellement très attaché à Notre-Dame de Paris. C’est la maison accueillante où Jésus m’est présenté par la Vierge, où je suis invité à rentrer. Quand je suis à Notre-Dame, je sais que je peux m’arrêter et prier. Je me rappelle de mon ordination, de tous les dons reçus dans ce lieu, des messes chrismales, des célébrations, des bénédictions... nous avons tous une histoire personnelle avec Notre-Dame, et en particulier quand nous sommes chrétiens, baptisés et Parisiens.