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Il y a deux mille ans régnait la pax romana. Structure de péché en elle-même, elle contraignait des millions d’êtres humains, réduits en esclavage au rang de « choses », afin qu’une ultra minorité richissime vive dans la débauche de moyens et des mœurs. Des mœurs violentes, débridées où la loi du plus fort était… la meilleure. Comme aujourd’hui — quoique de manière différente — des peuples entiers étaient opprimés, asservis. Dans ce monde ultra violent, Pour le catholique, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’horizon de ce printemps 2021 n’est guère réjouissant. Certes, il pourra cette année participer — en observant scrupuleusement les directives sanitaires gouvernementales — aux offices de la Semaine Sainte et de Pâques. Mais tout cela dans un maelstrom de consignes de déplacements possibles, sorti tout droit semble-t-il de quelque œuvre kafkaïenne !
D’ailleurs le ministre de l’Intérieur a prévenu : plus de quatre-vingt-dix-mille policiers et gendarmes seront mobilisés pour contrôler les déplacements familiaux. On aurait aimé qu’ils le fussent pour enrayer le fléau de la drogue ou celui des crimes et délits contre les personnes. On attendra. Et en attendant, gare aux familles qui auront eu le malheur de vouloir vivre Pâques à plus de dix kilomètres de chez elles !
Dans cette débâcle — difficile désormais d’utiliser un autre substantif — notre catholique « de base » lutte chaque jour, comme ses contemporains, pour survivre. Il s’accroche à son travail, tant bien que mal, souvent contraint au télétravail, avec ses conséquences psychiques pour lui, mais aussi pour le reste de la famille priée de « laisser papa et maman travailler ». Comme ses concitoyens, il se bat en couple aussi pour assurer, malgré les défaillances béantes de l’Éducation — dont on ne sait plus, au vu des programmes, si l’on peut encore la qualifier de nationale — une véritable instruction à ses enfants. Et comme cela ne suffit pas, le pauvre catholique doit, pour assurer la vie morale de ses enfants, entrer dans des combats incessants face à l’intrusion des écrans, des réseaux sociaux, de la mortelle influence d’une société tout entière dévouée au sexe « de tout poil », au transgenre, à la transgression, à la mocheté, aux dépravations institutionnelles et obligatoires, aux pires horreurs de la PMA et bientôt de la GPA, au morbide idéal des « euthanasistes ». Faut-il encore allonger la liste ?
C’est en contemplant du fond du cœur, du fond de l’âme, ce tableau saisissant, que nous trouverons notre seule et unique espérance : Jésus.
Malheureusement, oui. Car notre catholique observant — espèce, faut-il le rappeler ? en voie de disparition du paysage français, puisqu’il culmine glorieusement à 1,5 % de la population — se voit contraint aussi, par mille et une manières, de participer à ce que le grand Jean Paul II avait défini comme des structures de péché. La première d’entre elles étant l’avortement généralisé, légalisé, remboursé par les impôts. Il conviendrait d’y ajouter aussitôt un système économique terriblement injuste, à l’opposé des recommandations de la doctrine sociale de l’Église. Un système économique mondial qui génère à la fois les puissants mouvements migratoires dans lesquels se retrouve exploitée la misère du monde et l’enrichissement phénoménal d’une minuscule élite mondialisée.
Enfin, comme si tout cela ne suffisait pas à plomber définitivement son moral, notre pauvre catholique, vit aussi dans une Église qui tangue. Trop souvent, il a le sentiment que la barque de Pierre va sombrer. Divisions entre chrétiens. Impression que les querelles doctrinales ne cessent de surgir (on songe ici, en particulier ces derniers jours, à la fameuse note de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur les bénédictions de couples homosexuels, ou encore la fin à Saint-Pierre de Rome des messes « privées » pour les prêtres seuls). Crise épouvantable de la pédocriminalité au sein de l’Église. Crise abyssale des vocations. Et malgré tout, enseigner à la maison la foi chrétienne, maintenir coûte que coûte (pas facile parfois avec les adolescents) la prière familiale du soir comme un rempart contre la malice du démon…
Prêtre, proche de beaucoup de familles (à commencer par les miens), je sens comme beaucoup de mes confrères, combien nos familles catholiques sont éprouvées. Prêtre, je veux leur dire en ce début de semaine sainte 2021, mon immense admiration pour l’œuvre d’évangélisation que les familles mènent, envers et contre tout, en leur sein et autour d’elles par leur témoignage. Prêtre, je veux leur exprimer, en ces jours saints, combien nos combats sont les mêmes, et combien à la suite de Jésus, je voudrais offrir chaque jour un peu plus ma vie pour elles. Prêtre, profondément atteint comme elles, par la désespérance générale, je veux leur dédier spécialement ces lignes.
Au fin fond de l’Empire, dans un peuple insupportable, criard, désunis, dont les Grands Prêtres étaient corrompus, un homme a surgi : Jésus de Nazareth. Il a prêché, trois ans, l’amour infini de Dieu pour son Peuple et pour tous les hommes. Il n’a récolté que l’ingratitude, la trahison et, in fine, la mort ignominieuse sur la Croix. Sur cette Croix, l’immense Amour de Dieu, s’est déversé comme une source intarissable sur l’humanité pécheresse. C’est en contemplant du fond du cœur, du fond de l’âme, ce tableau saisissant, que nous trouverons notre seule et unique espérance : Jésus. Alors qu’importe la dureté des temps. Qu’importent nos échecs et trahisons personnels. Qu’importe une société à la dérive et hostile. Rien de tout cela ne doit nous enlever notre trésor le plus précieux, même si nous le portons dans des vases d’argile si fragiles — Jésus lui-même, source de notre joie, de notre confiance, de notre amour. Maranatha ! Viens Seigneur Jésus.