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C’est à craindre. Nos 18-25 ans n’en peuvent plus : études amputées, vie étudiante sclérosée, vie sociale ratatinée, perspectives de stages, de petits boulots, d’embauche réduites en fumée… Tout ça pour qui ? Pour « protéger » des adultes responsables capables de se confiner d’eux-mêmes, ceux qui ont passé la barre des 70 ou 75 ans. Puisqu’on ne peut pas enfermer les vieux, il paraît que c’est anticonstitutionnel, enfermons les jeunes, il suffit de fermer les facs. Voilà pourquoi Maxime Lledo, auteur de Génération fracassée (Fayard) est plus qu’énervé.
L’étudiant chroniqueur (sur RMC) fait part de sa colère contre ces baby-boomers, qui se sont gavés pendant des année pour laisser derrière eux leurs vieux restes : « Ils ont voyagé, ils ont pollué, ils ont endetté le pays, ils ont ruiné l’économie. […] Ils ont profité, ils ont vécu, ils ont joui. Ils ont interdit d’interdire, mais ne peuvent s’empêcher désormais de supprimer. » Et pour compléter le tableau, s’il y a une génération que l’on écrase et oublie, c’est la génération intermédiaire : celle qui porte sur ses épaules les parents vieillissants, et qui soutient à bout de bras les jeunes désemparés. Celle qui paie les retraites des baby-boomers, et les études à rallonges des étudiants sans travail. Celle qui continue d’aller bosser pendant que les retraités se font vacciner et que les jeunes se morfondent… Alors, la guerre est déclarée ?
La famille est en elle-même une formidable puissance de réconciliation : là où certains régimes ou décisions politiques conçoivent des machines de guerre, elle est une machine de paix.
Tous les ingrédients du conflit sont là : injustice, ressentiment, impuissance à agir. S’indigner est toujours facile, surtout lorsque la cible est indéterminée : « les jeunes », « les vieux ». N’y aura-t-il pas de rempart contre ces conflits qui couvent ? Qui éclateront peut-être ?
La famille. La famille est en elle-même une formidable puissance de réconciliation : là où certains régimes ou décisions politiques conçoivent des machines de guerre, elle est une machine de paix. Parce qu’elle serait un lieu de douceur et un havre de tranquillité ? Détrompez-vous. La famille, la mienne ou la vôtre, est, convenons-en, le lieu même où l’on se fait emm… du matin au soir ou presque. Elle est l’endroit où de vieux schnocks empêchent de jeunes abrutis de mettre la musique à fond jusqu’à deux heures du matin, de sortir le soir en période d’examens, ou de vider les pots de crème de marron un quart d’heure avant de dîner. Où des filles de douze ans transforment la salle de bains en zone occupée pour une durée illimitée. Où de jeunes affamés réveillent les honnêtes gens avant le lever du jour, pour les empêcher de dormir le soir quinze ans après. Où des diplodocus refusent encore un smartphone à des désespérés de 12 ans.
Mais la famille est aussi l’endroit où des diplodocus se font expliquer par leurs petits génies pas rancuniers comment appairer une enceinte, installer Signal, ou allumer l’imprimante. Où les petits génies en question sont bien contents une heure après d’apprendre par le diplodocus que le formulaire qui leur réclame leur numéro de SS, ne leur demande pas d’adhérer à un parti néo-nazi, mais à la Sécurité sociale. Elle aussi est le seul endroit où on peut entendre : « As-tu appelé ta grand-mère, c’est aussi important que de réviser le bac », même si la grand-mère en question s’amusait à lancer des pavés en mai 68 au lieu de passer son bac, pendant que vous trimez pour lui payer sa retraite par-dessus le marché. Nos jeunes à nous, nos vieux à nous, même s’ils nous énervent, on les aime. Voilà pourquoi la famille est la réponse aux conflits de génération : elle ne les évite pas, elle oblige à les vivre. Les parents, les enfants, les vieux, les jeunes, on les critique en gros mais on les aime au détail : on s’indigne peut-être contre une génération, mais on aime et on prend et on prendra soin de son Papi, de sa Mamounette, de son Loulou, de sa Mistouflette... tant qu’il y aura des familles. Et des politiques familiales dignes de ce nom, au passage.