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L’Angélus est traditionnellement prié trois fois dans la journée : à 7h, 12h et 19h. Autrefois, l’appel à la prière se faisait toujours par une sonnerie de cloche. Lorsque celle-ci retentissait, il était coutume d’arrêter toute activité pour consacrer quelques instants à la prière. La première partie de l’Angélus est composée de trois petits versets avec répons, suivis chacun d’un Ave Maria. Puis, on récite une courte oraison qui récapitule le chemin du Salut offert par le Christ, de l’Incarnation jusqu’à la Résurrection, en passant par la Passion et la Croix. Dans son exhortation apostolique sur le culte marial, Paul VI insiste sur la pratique de l’Angélus comme moyen efficace de sanctification.
La tradition de l’Angélus s’est construite progressivement au fur et à mesure des aléas de l’histoire de la chrétienté. Cette prière fut d’abord un support pour méditer le mystère de l’Incarnation, union intime de la nature divine et de la nature humaine, ainsi que la soumission de la Vierge Marie à la volonté divine. À partir du XIe siècle, l’Angélus revêtit un sens assez différent. Lors du concile de Clermont, en 1095, le pape Urbain II avait été sensibilisé au danger que représentaient les musulmans pour les chrétiens d’Orient et pour les pèlerins sur la route de Jérusalem. Il appela donc à secourir l’empereur byzantin et à libérer le tombeau du Christ. Pour soutenir cette action, il demanda que les cloches des églises puissent tinter le matin et le soir afin d’inviter les fidèles à prier la Sainte Vierge pour le succès de cette première croisade.
C’est au XVIe siècle que la prière de la salutation angélique et les sonneries de cloches qui l’accompagnent furent fixées sous leur forme actuelle.
Quelques siècles plus tard, en 1456, les Turcs musulmans avaient pris Constantinople et cherchaient à envahir toute l’Europe centrale. Ils venaient de conquérir Athènes et faisaient le siège devant la ville de Belgrade, place stratégique sur la route du nord-est, vigoureusement défendue par les Hongrois. Le pape Calixte III prescrivit alors une croisade de prière : il demanda trois sonneries de cloches (matin, midi, soir) et la récitation, à chaque sonnerie, de trois Pater et trois Ave pour la défense de la foi catholique. La victoire des chrétiens à Belgrade bloqua provisoirement l’avancée ottomane dans le sud-est européen. Quelques années plus tard, le roi Louis XI, en prise avec des mouvements de sédition, enjoignit la récitation de l’Angélus trois fois par jour pour demander la paix au sein du royaume.
C’est au XVIe siècle que la prière de la salutation angélique et les sonneries de cloches qui l’accompagnent furent fixées sous leur forme actuelle. Elles retrouvèrent alors leur sens premier, celui d’une méditation sur l’Incarnation et le Fiat de Marie. De par leur histoire, elles restent cependant indissociables des grandes traditions de demande pour la protection des chrétiens, la défense de la foi et la paix.