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Six à vélo : une famille sur les routes de l’Amérique

Fin de la Carretera Austral.

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Domitille Farret d'Astiès - published on 15/03/21
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Pendant onze mois, Jacques et Pauline Delgorgue ont fait le tour de l’Amérique à vélo avec leurs quatre enfants. Cette aventure inouïe a renforcé leurs liens familiaux et leur a permis de faire l’expérience de la rencontre. “Quand vous faites des rencontres et que vous êtes accueilli gratuitement, cela vous porte pendant trois jours”, lance Jacques Delgorgue. Un joli résumé de leur odyssée familiale. D’août 2019 à août 2020, soit pendant quasiment un an, ce père de famille de 44 ans et sa femme Pauline, 43 ans, ont fait le tour de l’Amérique en famille. Ils ont parcouru 7.000 kilomètres à vélo avec leurs quatre enfants Élise, Octave, Solène et Charlotte, qui ont aujourd’hui 16, 14 et 12 ans pour les deux dernières. Le vélo, ils en sont familiers puisque, jeunes mariés, Jacques et Pauline s’étaient embarqués dans un tour du monde en tandem pendant quatorze mois. Un sacré périple qu’ils avaient hâte de reconduire avec leurs enfants. “Depuis ce premier voyage, on avait toujours ce rêve. Il y a deux ans, nous avons réalisé que c’était le bon moment”, confie le père de famille. “Le vélo, c’est vraiment un moyen de déplacement qui permet la rencontre. Les gens n’ont pas peur de nous quand nous débarquons. Et puis il n’y a aucune routine”.

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Jacques Delgorgue
À Cuba, sur la route de La Havane.

L’objectif de cette famille de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) était triple. “Le but premier, c’était vraiment de vivre une expérience en famille. Nous voulions offrir cela à nos enfants”, explique Jacques. Et ils ont été comblés au-delà de leurs espérances. “Le deuxième but, si possible, était d’être utile à quelque chose”, poursuit-il. Les voyageurs ont donc lancé une campagne de dons afin de soutenir des projets du Secours catholique en Amérique du sud. Quelque 25.000 euros ont pu être récoltés grâce aux dons de leurs proches et de plusieurs entreprises. “Le troisième volet, c’était de partager cette expérience grâce à un blog et des vidéos pour que cela ne reste pas que pour nous, mais que cela puisse inspirer, donner envie de vivre ce type d’aventures. Passer à l’acte, c’est souvent difficile : on a une maison, un salaire, on est installé, il y a la problématique des assurances et le risque de faire du vélo avec les enfants. Cela a été dur de faire le pas mais in fine, nous sommes contents de l’avoir fait. Nous avons vécu des choses en famille, que ce soit dans les difficultés ou dans les moments de joie intense. Et nous sommes fiers, en couple, d’avoir réussi à entraîner nos enfants et à ramener tout le monde à bord”.

Nous avons appris à leur faire davantage confiance, à les responsabiliser, et nous avons évolué dans notre capacité à communiquer.

Vivre ensemble pendant quasiment 365 jours n’a pas toujours été une partie de plaisir pour autant. “Nous étions vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec nos enfants. Au début c’était difficile, il nous a fallu deux mois pour nous caler”, note Jacques. Les parents ont appris à inclure leurs enfants dans leurs choix quotidiens. “Cela a changé notre regard sur eux. Nous avons appris à leur faire davantage confiance, à les responsabiliser, et nous avons évolué dans notre capacité à communiquer. Nous avons commencé à prendre les décisions en famille alors qu’au début, nous étions plus directifs. Quand les décisions étaient collégiales, ils avaient de super idées et une plus grande motivation. Cela, nous l’avons découvert sur le terrain”.

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Jacques Delgorgue
Sur les pistes entre Viñales et La Havane (Cuba).

Les six aventuriers ont traversé le Canada, les États-Unis, le Mexique, le Guatemala, le Bélize, Cuba et le Chili, suivant notamment la célèbre Carretera Austral qui traverse la Patagonie. Nos six baroudeurs ont dormi à part égale chez l’habitant, dans des infrastructures ou en camping sauvage. Chaque journée était bien rythmée, entre les cours pour les enfants, les tentes à replier chaque matin, le choix d’un endroit où dormir le soir venu, allumer le feu, déplier les affaires… et les rencontres, le sel de leur aventure.

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Jacques Delgorgue

Jacques raconte comment Paul, un Américain, les a accueillis sur son spot de camping dans un parc du Colorado, quand les rangers leur avaient dit qu’il n’y avait plus de place et qu’ils s’apprêtaient à repartir bredouilles. “Il nous a accueillis sur son spot alors que nous avions le moral dans les chaussettes, a cuisiné pour nous, nous a appris plein de choses sur l’Amérique et s’est levé tôt le lendemain pour nous préparer un petit déjeuner”. Ils sont restés en contact et ont échangé des vœux pour la nouvelle année. “En une soirée, on a eu l’impression que l’on se connaissait depuis vingt ans”.

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Jacques Delgorgue
La famille le long du lac Buenos Aires, en Patagonie.

Des inconnus leur ont ouvert leurs jardins, leurs barbecues… et leurs cœurs. Jacques évoque encore la rencontre avec Leane, qui vivait dans une baraque limite insalubre. Ils ont découvert que son fils souffrait d’une maladie psychique et que sa fille était déscolarisée. “Il y a beaucoup de gens qui nous ont croisé sur la route 66, mais c’est Leane qui nous a invités”. La Carretera Austral, avec ses 1.300 kilomètres sous des rafales de vent, son dénivelé et sa piste empierrée, a bien failli avoir raison de leur détermination… Mais ils ont tenu bon. Surpris par le confinement, ils ont finalement avancé leur retour et terminé leur périple par un mois et demi sur les routes de France avant de regagner leur ville de Salon-de-Provence. Et peuvent aujourd’hui témoigner de la beauté de la rencontre, Covid ou pas.



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