Au tournant du XXe siècle, la musique de l’Église catholique se trouve replacée au cœur des préoccupations du Saint-Siège. Le pape Pie X lance alors une ambitieuse restauration de la musique sacrée au sein même des rites liturgiques.
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Il avait une volonté de réforme. Pie X a cherché par tous moyens à lutter contre les ravages de la modernité et des assauts lancés contre la foi à la fin du XIXe siècle. Ainsi, à la veille du premier conflit mondial, ce pape qui succède à Léon XIII, allait-il publier en 1903, parmi ses premières décisions, un motu proprio, Tra le sollecitudini, consacré à la musique sacrée, signe de son extrême importance.
La volonté première de ce texte était “de maintenir et de promouvoir la dignité de la maison de Dieu, où se célèbrent les augustes mystères de la religion, et où le peuple chrétien se rassemble pour recevoir la grâce des Sacrements, assister au Saint Sacrifice de l’autel, adorer le très auguste sacrement du Corps du Seigneur, s’unir à la prière commune de l’Église dans la célébration publique et solennelle des offices liturgiques”. L’objectif sera donc d’écarter toutes les dérives qui avaient pu être celles du siècle précédent et de ne point admettre que les offices soient l’occasion de concerts de musique, aussi belle soit-elle.
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Bien que relevant, parallèlement, les progrès réalisés par certaines Sociétés de musique pour la restauration de la musique sacrée dans les églises, le Saint-Père tint cependant à souligner que la musique sacrée ne devait conduire qu’à « la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l’Église ».
Un véritable code de la musique sacrée
Pie X posa ainsi littéralement une législation formelle s’imposant à toute l’Église, révélant ainsi toute l’importance que revêtait pour lui la musique sacrée « partie intégrante de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale, la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles ». La musique sacrée se devait dès lors de mieux éclairer le texte liturgique, d’accroître encore plus la dignité et l’éclat des cérémonies. Dans cet objectif de sainteté, la musique religieuse ne pouvait qu’être un art universel et écarter tout ce qui relevait du profane.
Au centre de cette législation souhaitée par le Saint-Siège, le chant grégorien va dès lors retrouver la place qui fut la sienne pendant de longs siècles. Il redevient « le chant propre de l’église romaine, le seul chant dont elle a hérité des anciens Pères, celui dans le cours des siècles elle a gardé avec un soin jaloux dans ses livres liturgiques, qu’elle présente directement comme sien aux fidèles, qu’elle prescrit exclusivement dans certaines parties de la liturgie, et dont les récentes études ont si heureusement rétabli l’intégrité et la pureté ». Le chant grégorien sera ainsi considéré comme le plus parfait modèle de la musique sacrée au tournant du XXe siècle. De par sa haute élévation vers Dieu, il sera dès lors hautement recommandé dans la liturgie de par sa haute élévation vers Dieu.
La volonté papale de revenir au chant grégorien en ce début de XXe siècle n’allait pas pour autant conduire à écarter des siècles de polyphonie sacrée. Le motu proprio encourage également la redécouverte de ces musiques, surtout celles de l’école romaine, avec comme phare le musicien Pierluigi da Palestrina qui composa pour la papauté d’inoubliables messes comptant parmi les chefs-d’œuvre de la musique. La Chapelle pontificale ainsi que les plus grandes basiliques et cathédrales seront dès lors également encouragées à redécouvrir ces trésors de la musique polyphonique religieuse.
Un usage circonspect de la musique moderne
Sans pour autant exclure de principe toute musique moderne, l’Église catholique romaine au début du XXe siècle n’entendra cependant retenir que les seules musiques modernes ayant fourni « des compositions dont la valeur, le sérieux, la gravité, les rendent en tous points dignes des fonctions liturgiques ». Ainsi, en ce tournant de siècle, tout ce qui relèvera de la théâtralité et du monde profane se trouvera-t-il inexorablement écarté… jusqu’au bouleversement qu’opérera un demi-siècle plus tard Vatican II.
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