Avec le christianisme, s’impose l’idée du respect de l’individu comme une personne unique, quel que soit son sexe.
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Le 8 mars, comme chaque année, la fameuse célébration de la Journée de la femme donnera lieu aux habituelles “dégoulinades” de la bien-pensance. Faut-il, par réaction, refuser en tout cet anniversaire ? Ne serait-ce qu’en souhaitant que chaque jour de l’année soit une journée de la femme !
Un peu d’histoire nous rappellera que cette journée est d’abord issue d’un mouvement syndicaliste américain quand, en 1908, 15.000 femmes défilèrent dans la ville de New York pour réclamer des heures de travail plus courtes, de meilleurs salaires et le droit de vote. Dès l’année suivante, c’est le Parti socialiste américain qui en promeut l’anniversaire, avec une journée des droits des femmes. Dans les années 1950, en France, c’est le Parti communiste et le journal L’Humanité, qui s’en saisissent et inventent une mythologie sur ce thème. Ce n’est qu’en 1975 que les Nations-unies commencèrent à célébrer une journée mondiale des droits de femmes. C’est dire si, dès les débuts, cette commémoration a été marquée, politiquement, idéologiquement, par la gauche et les forces dites de “progrès”. S’étonner aujourd’hui des combats féministes-progressistes qui sous-tendent cette journée serait faire preuve de naïveté, ou de mauvaise foi.
Entre le matriarcat et le patriarcat
Pour autant faudrait-il renoncer à marquer d’une manière ou d’une autre le 8 mars chaque année ? Sûrement pas, car les faits sont là : femmes (et enfants) sont, partout à travers le monde, les premières victimes des violences. Aucun d’entre nous ne saurait se satisfaire d’un tel constat. Comme chrétiens, les paroles mêmes du Christ nous y invitent : “En vérité je vous le dis, tout ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez” (Mt 25,40) Dans nos sociétés modernes, de fait, le plus souvent l’apanage de la violence — au moins la plus visible : guerres, trafics en tout genre, oppression économique, etc. — reste celui des hommes. À notre niveau nous pouvons souvenir des associations, des mouvements qui luttent contre ces violences. Nous avons aussi à éduquer, dès leur plus jeune âge, les futurs hommes, au respect de la femme, au respect des plus faibles.
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Il serait cependant erroné de penser que la violence, structurellement, ontologiquement, ne serait que le fait des hommes. Ce serait même paradoxalement un manque de considération — une entorse à l’égalité ! Nos sociétés indo-européennes archaïques ont d’abord été des sociétés matriarcales. En Europe, la bascule entre le matriarcat et le patriarcat — n’en déplaise aux progressistes — ne s’est historiquement instauré que peu à peu dans ce qu’on appelle l’antiquité tardive (ou le haut Moyen-Âge), entre le Ve et le IXe siècles. Sainte Clotilde — oui sainte Clotilde ! — fait assassiner ses propres petits-enfants, pour assurer la continuité dynastique, selon des règles matriarcales, dans lesquelles elle incarne le pouvoir, la reine qui a droit de mort parce qu’elle transmet la vie. Elle passera d’ailleurs la fin de sa vie à faire pénitence pour cela.
“Dans le Christ, il n’y a homme, ni femme”
L’influence du christianisme — on le voit dans cet exemple — a rejoint la nécessité que la société éprouvait de sortir des chaînes de violences dues au système matriarcal. L’apport spécifique du christianisme est double. D’une part, avec des personnages comme la Vierge Marie, les grandes figures de saintes, il déploie une vision de la femme parée de vertus en contradiction avec la femme-matriarcale (dans sa toute-puissance dominatrice). Mais, dans le même temps que s’instaure le patriarcat, il développe l’idée du respect de chaque individu, comme un être unique, aimé de Dieu et porteur d’une dignité intrinsèque, quels que soient son sexe, ses origines, son statut social, etc.
Cette vision de l’humanité, cette anthropologie, malgré toutes les difficultés rencontrées à travers les diverses époques de l’histoire humaine, les contingences sociales, politiques, culturelles, l’Église la tient depuis ses origines, et en particulier de l’enseignement de saint Paul. “Nous devons […] à saint Paul, expliquait Benoît XVI (14/02/2007), une plus ample documentation sur la dignité et sur le rôle ecclésial de la femme. Il part du principe fondamental selon lequel pour les baptisés, non seulement “il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre”, mais également “il n’y a ni homme ni femme”. La raison est que “tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus” (Ga 3, 28), c’est-à-dire que tous sont unis par la même dignité fondamentale, bien que chacun soit doté de fonctions spécifiques” (cf. 1 Co 12, 27-30).