Depuis son arrivée en Irak, le pape François multiplie les temps forts. Que ce soit devant les responsables religieux ou politiques, le pontife prononce des paroles puissantes… et semble écouté.Rencontre avec les autorités, rassemblement avec les chefs spirituels des autres religions, entretien privé avec le leader des chiites, le pape François enchaîne les étapes en Irak et marque les consciences. C’est en premier lieu ce que laissaient présager les foules de chrétiens amassés sur quelques kilomètres de route à Bagdad pour saluer le convoi du pape. Si les fidèles ont pu faire le déplacement pour saluer le pape c’est parce que des cars ont été spécialement affrétés pour l’occasion par le gouvernement. Le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens, comme en témoigne également l’escorte monumentale de la délégation papale confiée à la fameuse “division d’or“. Ce corps d’élite est constitué principalement de vétérans de la guerre contre l’État islamique.
Une bienveillance à l’égard des chrétiens et du pape François que l’on retrouve dès la première prise de parole du chef de l’Église catholique devant le président d’Irak, Barham Salih, et les autorités civiles. Saluant le pontife par un discours, le chef d’État irakien a affirmé qu’un Proche Orient sans chrétien serait « inimaginable ».
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« Il ne suffit pas de reconstruire, il faut le faire bien »
Le pape François n’a pour sa part pas mâché ses mots dénonçant devant les autorités civiles le fléau de la corruption ainsi que les intérêts partisans, « Il ne suffit pas de reconstruire, il faut le faire bien, de manière à ce que tous puissent mener une vie digne », a-t-il lancé. Il a également exhorté à ce qu’on accorde à toutes les communautés religieuses reconnaissance, respect, droits et protection.
Une ligne partagée par le grand ayatollah Ali al-Sistani, chef spirituel des chiites d’Irak, que le pontife a rencontré le lendemain dans la cité spirituelle de Najaf : durant leur entretien, le musulman de 90 ans a assuré le pape de « l’attention qu'[il] porte au fait que les citoyens chrétiens vivent comme tous les Irakiens en paix et en sécurité, forts de tous leurs droits constitutionnels ». Le pape a quant à lui remercié le leader spirituel d’avoir toujours « élevé la voix pour défendre les plus faibles et les plus persécutés, affirmant le caractère sacré de la vie humaine et l’importance de l’unité du peuple irakien ».
Cette sensibilité aux paroles du pontife était également bien perceptible lors de la rencontre interreligieuse organisée dans la plaine d’Ur, berceau d’Abraham. Au beau milieu d’un désert de roches et de ruines sumériennes, François y a prononcé un puissant discours appelant à la fraternité et la réconciliation. « Ne permettons pas que la lumière du Ciel soit couverte par les nuages de la haine ! », a-t-il martelé devant de nombreux chefs religieux présents. Parmi eux, figurent le cheikh Farouk, chef spirituel yézidi de la plaine Ninive, mais aussi le cheikh Sattar, “pape“ des mandéens, ou encore des représentants kakaï de Kirkouk, ainsi que des zoroastriens (communautés plusieurs fois millénaires dans le pays). Aussitôt l’événement touchant à son terme, tous les leaders religieux se sont pressés autour du pape avec une certaine ferveur.
« L’Irak semble déjà renaître ! »
Il aura fallu à peine 24 heures de visite pour que déjà certains affirment que le voyage du pape est une bénédiction pour le pays. « l’Irak semble déjà renaître », confie un observateur. « Vous n’imaginez pas comme les musulmans sont heureux de l’accueillir, déclare quant à lui un prêtre irakien, notamment parce qu’ils perçoivent que ce n’est pas un homme politique ». Les musulmans sont si investis dans la visite, affirme-t-il, que dans la région de la plaine de Ninive ou le chef de l’Église doit se rendre le 7 mars, ils ont activement contribué aux préparatifs.
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Irak : la visite du Pape, véritable pèlerinage en Terre sainte
Premier effet direct de la présence du pape François et de sa rencontre avec les chefs spirituels d’autres religions, le premier ministre a décrété qu’une journée de la tolérance et de la coexistence en Irak serait tous les 6 mars. Dans ces conditions, la prochaine étape au Kurdistan irakien, et la plaine de Ninive, point d’orgue de ce voyage apostolique, s’avère prometteuse.