Le pape François sera en Irak du 5 au 8 mars. Voici les cinq choses à savoir sur ce voyage symbolique et historique.
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Le pape François entame ce vendredi son 33e voyage apostolique hors d’Italie. Il sera le premier successeur de Pierre à fouler le sol de l’Irak, du 5 au 8 mars. Retour en cinq points sur un voyage historique.
1L’Irak : le voyage tant espéré de Jean Paul II
Le pape François est sur le point de réaliser l’un des rêves que Jean Paul II n’avait pas pu assouvir. Pour le Jubilé de l’an 2000, le pontife polonais prévoyait de se rendre à Ur, à 300 kilomètres au sud de Bagdad, pour se recueillir sur les lieux où Abraham, le Père des croyants, vécut. Pour des raisons sécuritaires et politiques, son vœu n’avait pas pu se réaliser. Un crève-cœur que le pape François a en tête. Début février, à des journalistes américains, il confiait que son prédécesseur avait “pleuré” de ne pas pouvoir fouler le sol de Mésopotamie. Il ajoutait ne pas vouloir décevoir une seconde fois le peuple irakien.
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“C’est un grand signe qu’il puisse se rendre dans la patrie d’Abraham vingt ans après ce désir de Jean Paul II”, se réjouit Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. “Le site d’Ur est un lieu essentiel de l’Histoire du Salut, un lieu où les trois monothéistes peuvent se reconnaître dans ce qui les unit, c’est à dire, la postérité et la spiritualité d’Abraham. Ce sera l’un des moments forts de ce voyage”, souligne celui qui est aussi vicaire général des catholiques orientaux en France.
2Le premier voyage papal à l’ère du Covid-19
26 novembre 2019. Le Pape descend de son avion qui le ramène du Japon et de Thaïlande. Personne ne se doute alors que le pontife argentin ne se déplacera plus à l’étranger pendant plus d’un an. La crise du Covid-19, survenue quelques semaines plus tard, a en effet mis à plat tous les projets de visites apostoliques du souverain pontife – des voyages en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie ont par exemple dû être annulés.
Pour le chef de l’Église catholique, la crainte est que sa présence entraîne des déplacements de foule qui favoriseraient la propagation de l’épidémie. “Je ne peux pas, en conscience, provoquer des rassemblements”, assurait-il dans un entretien télévisé en janvier dernier. Il y évoquait même la possibilité d’ajourner sa visite en Irak, si la situation sanitaire le demandait.
3Quinze heures dans le ciel, neuf vols au programme
À 84 ans, le pape François s’apprête à faire un 33e voyage hors d’Italie fatiguant. Récemment diminué par une sciatique douloureuse, le pontife devra monter et descendre à neuf reprises d’un avion ou d’un hélicoptère. Outre les 3.000 kilomètres qu’il devra parcourir pour relier Rome à Bagdad (6.000 km aller-retour), le pontife argentin fera près de 1.500 kilomètres de déplacements à l’intérieur de l’Irak, à chaque fois par les airs. Il voyagera à deux reprises dans un hélicoptère militaire – pour se rendre à Mossoul et à Qaraqosh. En Irak, le vol le plus long durera un peu plus d’une heure (Baghdad – Erbil) ; le plus rapide, entre Mossoul et Qaraqosh, ne durera que vingt minutes. En quatre jours seulement, l’évêque de Rome passera environ quinze heures dans le ciel.
Des conditions sanitaires et sécuritaires (très) incertaines
Une épidémie de Covid-19 qui repart à la hausse et des graves incidents sécuritaires… La visite du Pape en Irak s’inscrit dans un contexte pour le moins délicat. “On est loin d’être dans le meilleur des scénarios”, glisse un bon connaisseur du pays. Sur la plan sanitaire d’abord, alors que le nombre de contaminations avait atteint un plateau très bas à la mi-janvier, la courbe s’est clairement inversée et inquiète le pouvoir qui a pris des mesures draconiennes (couvre-feu et confinement les vendredis, samedis et dimanches jusqu’à la fin de la visite du Pape, le 8 mars).
Sur le plan sécuritaire ensuite, l’attentat suicide en plein cœur de Bagdad le 21 janvier dernier ou bien les attaques aux roquettes survenues à la mi-février dans la région d’Erbil – où doit être célébrée une messe papale dans un stade –, illustrent l’instabilité d’un pays qui connaît le bruit des armes depuis tant d’années. “Le contexte est particulier, certes, mais rappelons que si le Pape vient en Irak, c’est bien parce que le pays souffre”, confie le frère Olivier Poquillon, dominicain de Mossoul. “Vous savez, en Orient, quand on veut honorer les gens, on ne les invite pas chez soi mais on va à leur rencontre. C’est exactement ce que le Pape veut faire : venir visiter les membres souffrants de sa famille”, poursuit le religieux qui définit ce voyage comme “une visite de compassion”.
Une rencontre historique au programme
La rencontre entre le pape François et l’une des plus hautes autorités chiites au monde sera très certainement l’un des grands moments de la visite papale. Le 6 mars, au lendemain de son arrivée en Irak, le pontife argentin s’entretiendra avec le grand ayatollah al-Sistani, 90 ans, dans sa modeste demeure de Najaf, ville sainte de l’islam chiite qui abrite le mausolée de l’imam Ali.
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S’il ne faut pas s’attendre à une déclaration commune à l’issue de la rencontre – comme ce fut le cas entre le Pape et le sunnite al-Tayyeb en 2019 – ce rendez-vous revêt une grande importance. “Pour l’islam chiite devenu minoritaire aujourd’hui, cette rencontre avec le pape François est fondamentale car elle signifie que toute la famille de l’islam est désormais considérée”, décrypte le père Christopher Clohessy, docteur à l’Institut Pontifical d’Études Arabes et d’Islamologie, (PISAI). L’éminent spécialiste de l’islam chiite considère que le Pape, par ce geste, “envoie un message aux chiites pour leur dire qu’ils ne sont pas oubliés et leur assure qu’ils font partie intégrante du processus de dialogue et de paix dans le monde”.
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