Après avoir perdu leurs deux enfants en bas âge, Mélanie et Pinien souhaitent suivre le Christ. Mais abandonner tous ses biens lorsqu’on fait partie de la classe patricienne de l’empire romain n’est point chose facile.
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Rome, 410. Des pas rapides et exaspérés retentissent dans les couloirs de la sublime demeure du patricien Pinien. Mélanie sert les poings de frustration alors qu’elle se hâte vers les appartements de son mari. Les serviteurs s’étonnent de voir leur maîtresse, d’ordinaire si souriante, dans cet état. Elle a pourtant toutes les raisons du monde d’être heureuse.
Qui ne rêve pas d’appartenir à l’ordre sénatorial de l’empire romain ? Avoir des propriétés aux quatre coins de l’empire ? Être né dans une famille de renom et dans la fortune ? Certainement pas ces époux amoureux du Christ.
Depuis toute petite, Mélanie sent qu’elle est faite pour Dieu. Mais ne voulant pas décevoir ses parents, elle avait accepté d’épouser Pinien, un riche patricien. Chrétien comme elle, ce dernier s’est avéré être un bon époux et un ami précieux. Elle s’était alors résignée à être chrétienne du monde et mère de famille. Mais depuis la mort de leurs deux enfants, l’idée de la vie monastique ne la quitte plus.
“Va, vends tout ce que tu as, et suis moi !”
Les mots du Christ au riche marchand la touchent droit au cœur. Au diable la fortune ! C’est de prières et de la parole de Dieu qu’elle veut vivre. Après quelques années, Pinien est également décidé à tout abandonner pour Jésus. Il suffit de tout vendre et de s’exiler, n’est-ce pas ? Si seulement c’était aussi simple.
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Mélanie pousse la porte du bureau et trouve son mari assis à une table, la tête entre ses mains.
– À en juger par ton expression, dit-il, je suppose que tu n’as pas eu beaucoup plus de succès que moi.
– Rien à faire ! Les esclaves refusent d’être libérés. Ils ont trop peur de tomber sur de mauvais maîtres. Et de ton côté ?
– Nos craintes se sont réalisées, répond-il. Le Sénat nous pose un veto. Nous ne pouvons rien vendre.
Épuisée, Mélanie s’effondre sur un coussin et les jeunes époux soupirent à l’unisson. Quelle plaie que leur statut ! La loi romaine exige des familles sénatoriales qu’elles justifient leur appartenance à l’empire. Entretenir leur réputation, organiser fêtes et jeux régulièrement, honorer les traditions… Mais ils ne veulent pas de cette cage dorée. Elle n’est que poussière à côté de ce que leur offre le Christ.
Mais dans l’empire romain, même le nom du Christ ne fait pas le poids face aux traditions bien ancrées. Seul l’empereur peut les influencer.
– Mais bien sûr ! S’exclame Mélanie faisant sursauter le pauvre Pinien. Si le Sénat nous fait obstacle, il faut demander l’aide de l’autorité supérieure.
– Tu ne penses quand même pas que l’empereur se préoccuperait d’une affaire comme la nôtre.
– Tu oublies qu’il a à ses côtés une alliée de taille pour nous. Laisse moi faire et fais moi confiance.
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Quelques jours plus tard, Mélanie se rend au palais, chargée de nombreux présents. Chevaux, bijoux, et soieries de tous genres à offrir à sa royale hôtesse. La reine Serena la reçoit généreusement et la remercie pour les cadeaux.
– Mais pourquoi donc es-tu vêtue ainsi ? demande la reine, observant la tunique miteuse de Mélanie.
– La cause que je viens plaider auprès de toi est la seule richesse que je désire.
La reine écoute attentivement les tourments de son invitée et de son mari. Leur désir de tout quitter pour le Christ et les difficultés qu’ils ont à pouvoir vendre tous leurs biens. La sincérité et la foi de Mélanie touchent le cœur de Serena. Car la reine partage aussi la foi chrétienne.
– Tu abandonnes les richesses du monde, lui dit Serena, mais tu resplendiras plus que n’importe qui dans Sa gloire.
Convaincue, la reine fait immédiatement rédiger les ordres de ventes pour affranchir les époux des traditions de leur rang. Tout s’accélère. Tout est vendu au profit des monastères et des églises. 8.000 esclaves sont libérés avec trois pièces d’or chacun.
Mélanie et Pinien se rendent à Tagaste, puis en Terre Sainte. Jamais ils ne regretteront leur décision. Après une vie de service, de prière et de rencontre divine, Pinien rend l’âme en 432. Mélanie le rejoint le 31 décembre 439. Le pape Pie X la canonise en 1908 sous le nom de Mélanie la Jeune.
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