Lors de son voyage en Irak début mars, le pape François doit faire une halte à la cathédrale syriage catholique Al-Tahira de Qaraqosh. Saccagée par les soldats de l’Etat islamique, elle a été depuis reconstruite. “Les habitants de Qaraqosh y voient leur maison, une partie de leur histoire”, confie le père Ammar Yako qui a supervisé les travaux.
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Édifice emblématique de Qaraqosh, la principale ville chrétienne de la plaine de Ninive (Irak), la cathédrale syriaque-catholique Al-Tahira avait été gravement endommagée par les djihadistes lors de l’occupation de la ville par l’État islamique (EI). Alors que le pape François devrait s’y arrêter lors de son voyage en Irak du 5 au 8 mars prochain, le père Ammar Yako, désigné pour superviser la reconstruction de l’édifice, raconte l’histoire de cette renaissance.
Quelle est l’histoire de l’église d’Al-Tahira ?
Père Ammar Yako : La construction de l’église Al-Tahira à Qaraqosh a commencé en 1932. Toute la population de Qaraqosh a participé aux travaux et a contribué volontairement à sa construction, qui a été achevée en 1948, lors de l’inauguration de l’église. C’était un bon moyen pour les habitants de montrer leur foi. Grâce à nos parents et grands-parents, nous connaissons de nombreuses histoires sur l’époque de la construction de l’église. C’est grâce à leur travail acharné que cette grande église a été érigée.
Qu’est-il resté de l’église après l’invasion et les destructions commises par l’État Islamique ?
En 2014, l’EI a conquis la ville et nous avons fui vers le Kurdistan. Après trois ans, la ville a été libérée et nous sommes revenus. Je me souviens très bien à quel point l’église était détruite. Elle était totalement calcinée. Toutes les croix ont été détruites, tout ce qu’il y avait à l’intérieur de l’église a été volé, y compris les statues. Les dirigeants de l’État islamique ont écrit leurs noms sur les colonnes de l’église et ont utilisé l’extérieur de l’église comme un terrain d’entraînement pour leurs nouveaux combattants.
C’était si douloureux de voir le temple de Dieu comme ça, vide et détruit.
Qu’avez-vous ressenti quand vous êtes revenu et que vous avez vu tant de destruction ?
Quand j’ai vu l’église détruite et incendiée, j’ai tout d’abord ressenti une grande tristesse. C’était si douloureux de voir le temple de Dieu comme ça, vide et détruit. Mais en même temps, j’ai ressenti la joie et le bonheur de revenir dans la ville et de rentrer dans l’église. Il y avait donc à la fois de la joie et de la douleur.
Qu’est-ce que signifie pour vous d’avoir la responsabilité des travaux de reconstruction ?
Lorsque l’évêque m’a demandé de diriger l’équipe de reconstruction, ce fut pour moi un moment très heureux car que je me souvenais de tous ces gens qui avaient aidé à construire l’église autrefois, nos parents et nos grands-parents. Je me suis senti uni à tous ceux qui partageaient leur foi.
Comment la reconstruction a-t-elle évolué ?
La reconstruction a commencé en 2019. La première phase des travaux a été de fixer les piliers, ce qui a duré jusqu’à la fin de 2019. En 2020, nous avons commencé la deuxième et la troisième phases, à savoir la reconstruction intérieure et la reconstruction extérieure de l’église. Nous en sommes désormais à la phase finale des travaux et nous espérons terminer bientôt tous les aspects de la reconstruction de l’église.
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Quelle a été la réaction de la communauté des fidèles en assistant à la reconstruction de l’église ?
La reconstruction de l’église Al-Tahira est très importante pour la communauté de Qaraqosh. Tous les gens d’ici pensent que c’est leur maison, une partie de leur histoire. Il est donc très important de rouvrir l’église. Évidemment, à Qaraqosh, nous avons commencé par aider les gens à reconstruire leurs maisons, également avec l’aide de la Fondation AED. Quand cette étape-là a été terminée, beaucoup de gens nous ont demandé quand nous allions commencer à reconstruire l’église. Nous avons désormais presque fini. J’ai l’impression que les gens ont hâte de revenir ici, de prier à nouveau, et de montrer à tous que leur église est ouverte et que nous pouvons à nouveau prier Dieu dans cette église.
Que signifie pour vous la visite du Pape ?
C’est formidable d’être ici, en ce moment, à Qaraqosh pour accueillir notre Pape. Après avoir entendu l’annonce que le Pape se rendrait en Irak et à Qaraqosh, j’ai été très heureux de pouvoir recevoir le Saint-Père ici, dans cette église, dans cette ville, et de partager notre foi commune. Le Pape peut nous aider à vivre notre foi en ce moment, et nous pouvons lui montrer quelle est notre vie de chrétiens ici, à Qaraqosh, en Irak.
Quels sont les défis rencontrés par les fidèles ici, en Irak ?
En Irak, les chrétiens sont confrontés à de nombreux défis. Tout d’abord, ils font partie de ce pays qui est encore instable. Bien sûr, nous devons par-dessus tout servir Dieu pour nous aider à continuer notre vie en Irak. En tant que communauté, nous avons beaucoup d’autres défis à relever. En tant que minorité, nous n’avons pas beaucoup de possibilités d’emploi, c’est pourquoi nous devons nous efforcer de trouver du travail aux membres de notre communauté. Cependant, le plus gros problème est l’émigration. De nombreuses familles sont maintenant loin de Qaraqosh et de l’Irak, et si la situation ne s’améliore pas, de nombreuses familles pourraient ne pas revenir.