Le XIXe siècle connaît dans la musique, comme dans bien d’autres domaines, de profonds changements. Le rôle et la mission des compositeurs évoluent vers une plus grande personnalisation de leurs créations. L’artiste entre ainsi de plus en plus sous les feux des projecteurs. Cependant, bien que touchée également par le romantisme, la musique sacrée entreprendra, pour sa part, un profond retour au passé et laissera à la postérité de grands et célèbres compositeurs.
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Après la Révolution française, et dans toute l’Europe, avec l’essor de la révolution industrielle, la place dévolue à l’individu ne cesse de croître. Les compositeurs se trouvent admirés et adulés à tel point que leurs créations font parfois l’objet d’un véritable culte. Il suffit d’observer les passions que déchaînent des musiciens aussi virtuoses que Liszt, Chopin ou encore Wagner. Alors que les écarts se creusent entre une minorité de plus en plus riche et une masse miséreuse d’ouvriers, d’artisans et autres petits métiers, la musique sacrée, pour sa part, va progressivement sortir du contexte religieux qui était le sien jusqu’alors, c’est-à-dire des églises et cathédrales, pour entrer dans des salles plus largement ouvertes. Des salles que l’on nommera dès lors salles de concert, créées et plébiscitées au XIX° siècle pour le divertissement.
Un retour au passé
Ces profondes mutations entraînent différents mouvements et tendances allant du mysticisme à l’occultisme en passant par le symbolisme. Au sein de l’Église catholique, le mouvement cécilien émerge de ce flot d’idées avec pour mot d’ordre le retour aux splendeurs léguées par le passé et notamment le XVIe siècle. Le chanoine Karl Proske de la cathédrale de Ratisbonne va ainsi être à l’origine d’une profonde réforme de la musique liturgique au XIXe siècle. Partant du constat que son siècle se fourvoie dans la musique orchestrale à la mode, il souhaite revenir à la pureté originelle des œuvres polyphoniques du XVIe siècle, notamment celles d’origine italienne. Se constituent alors en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Pologne ou encore en Italie, des sociétés relevant de ce mouvement cécilien, ainsi nommé en raison de la patronne des musiciens, sainte Cécile.
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Benoît XVI a relevé lors de son pontificat l’importance du rôle joué par Karl Proske : « Il y a eu au XIXe siècle des impulsions essentielles pour le renouveau de la musique liturgique. Le chant grégorien et l’ancienne polyphonie vocale classique ont été intégrés dans le processus liturgique. La culture de la musique liturgique dans cette église dépassait les frontières de Ratisbonne et a mis Ratisbonne au cœur du mouvement de réforme de la musique d’Église, dont les effets se poursuivent jusqu’à nos jours. »
Les compositeurs de musique chrétienne passés à la postérité
Les compositeurs Gabriel Fauré (1845-1924) et Anton Bruckner (1824-1896) émergent parmi le nombre de musiciens moins illustres appartenant à ce mouvement cécilien. Fauré léguera en effet pour la musique chrétienne quelques œuvres mémorables comme son Requiem, le Cantique de Jean Racine ou encore quelques motets.
Le compositeur autrichien Bruckner a également livré, parallèlement à ses symphonies plus connues, un important travail sur la musique d’église dans le cadre du mouvement cécilien. Ses motets chorals sont l’occasion de magnifier les textes latins de la foi chrétienne. Son œuvre comporte une cinquantaine d’œuvres religieuses comprenant de nombreuses messes dont la plus connue, en mi mineur, est considérée comme une véritable cathédrale musicale.
À côté de la figure du grand génie de la musique romantique Franz Liszt, Charles Gounod (1818-1893) a également livré pour l’Église catholique des pages mémorables comme son fameux Ave Maria. Cantates, messes motets, cantiques ne cessèrent de se multiplier sous sa plume dans la dernière partie de sa vie, démontrant ainsi qu’avec la fin du siècle, la musique sacrée avait encore de belles compositions à partager et à élever vers Dieu.