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Primauté de la conscience

Prise de parole de Gerald Darmanin, ministre de l'Intérieur, lors d'une séance publique à l'Assemblée nationale le 26 janvier 2021.

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Christian Venard - publié le 15/02/21
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La confusion autoritaire dans la lutte contre « les religions » est un aveu d’échec de l’autorité politique, qui ne sait pas reconnaître la loi de la conscience.

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Loi controversée sur le « séparatisme » dont le vote solennel a lieu cette semaine ; interventions liberticides de l’État pour « sauvegarder la santé des citoyens » ; pressions des lobbies dans les médias comme à l’Université ; prétendu droit fondamental à l’avortement ; passage en force des lois dites « bioéthiques », nombreux sont en ce moment les sujets brûlants qui, in fine, heurtent les consciences des uns et des autres. 

Qu’en 2021, un ministre d’un État, dit de droit républicain, ose proclamer publiquement que la loi de l’État serait, en tout état de cause, au-dessus des lois de Dieu, telles que les fidèles de tel ou tel culte peuvent les entendre dans l’intime de leurs consciences, voilà qui serait digne de tout régime totalitaire. Comment en est-on arrivé là ? Par quels ensemencements monstrueux la philosophie des Lumières a-t-elle pu donner naissance à ces dérives totalitaires ? Tel ne sera pas notre sujet. En revanche, comment entrer en résistance face à ce déferlement liberticide ? Voilà l’urgence du moment : le rappel insistant de la primauté de la conscience en tout et sur tout, qui fonde l’essence même de la dignité humaine.

Une loi de notre esprit

Les hommes d’Église n’ont pas toujours su, à travers des époques bien différentes, respecter ce primat de la conscience. Mais la pensée de l’Église, elle, a toujours été très claire. Au risque de paraître polémique, on remarquera avec les historiens du droit que, même la Sainte Inquisition a marqué un progrès indéniable en ce domaine : seuls les actes pouvaient être jugés et condamnés (avec la création des jurys d’ailleurs), non les croyances, fussent-elles hérétiques. 

Plus proche de nous, dans sa Lettre au duc de Norfolk, saint John Newman rappelle que la conscience est le propre de la nature humaine. Elle « est une loi de notre esprit, mais qui dépasse à quelque titre notre esprit ; qui nous intime des injonctions… » : « N’est-elle pas comme la voix de Dieu qui vient du fond de l’homme et parle à son cœur et qui est distincte en cela de la Voix de la Révélation. Elle est comme un témoin intérieur à nous-mêmes de l’existence de Dieu et de sa loi […]. La conscience n’est pas qu’un ensemble de principes naturels […]. Elle est une loi de notre esprit qui nous fait des injonctions, qui signifie responsabilité et devoir, crainte et espérance. […] La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ. »

Le courage de résister

Ainsi, au cœur même d’une religion avec ses dogmes et sa hiérarchie, un cardinal, désormais porté à la gloire des autels, rappelle que la conscience humaine ne saurait en rien être contrainte. Les difficultés même au sein de notre Église parfois, à vivre ce respect des consciences, doivent nous rendre humbles et nuancés dans notre dénonciation des dérives totalitaires actuellement en cours. Pour autant, nous devrions avoir ce courage. Il y a là une urgence pour notre civilisation, et l’Église d’aujourd’hui, sortira grandie, si elle est capable de cette résistance, comme Jean Paul II fut, pendant son pontificat, le fer de lance de la chute du communisme.

La République, en luttant contre les religions, sape elle-même le principe d’autorité, dont elle veut se prévaloir

« Puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance, on la prend souvent pour une forme de pouvoir ou de violence. Pourtant l’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. […] Historiquement, nous pouvons dire que la disparition de l’autorité est simplement la phase finale d’une évolution qui a sapé principalement la religion et la tradition. » Cette citation d’Hannah Arendt met doublement en lumière la tragédie civilisationnelle en cours : la République, en luttant contre les religions, sape elle-même le principe d’autorité, dont elle veut se prévaloir… et ainsi, elle ne peut plus qu’avoir recours à la coercition et à la force… ce qui la pousse tout droit vers le totalitarisme. Comment ne pas lutter contre cet ensauvagement barbare de l’esprit des « élites » de notre pays ?



Lire aussi :
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