“Cantare” en latin désigne l’action de « chanter », et lorsque les voix s’associeront aux instruments au XVIe siècle, il sera alors possible de percevoir les prémices de la cantate moderne, un art que Jean-Sébastien Bach incarnera de la plus belle manière avec d’inoubliables compositions.
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Luca Martini et Monteverdi seront aux XVIe et XVIIe siècles les précurseurs de la cantate avec des œuvres associant des airs à une ou plusieurs voix à l’accompagnement d’instruments. Une cantate se compose habituellement d’un récitatif qui tient lieu d’exposé de l’histoire évoquée en un chant monodique. L’Aria quant à lui va transmettre à l’auditoire les émotions et sentiments que ce récit fait naître alors que les chœurs auront pour fonction de souligner les leçons inspirées de la parole évoquée.
Contrairement à d’autres genres musicaux, les origines de la cantate ne sont pas sacrées, et de nombreux airs de cour et de chambre avaient initialement une destination profane. Mais, progressivement, la cantate va entrer dans les églises pour devenir un chant à part entière adressé à Dieu à partir des textes sacrés de la Bible. De nombreuses cantates d’église deviendront ainsi rapidement parties intégrantes du culte luthérien.
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À l’image de l’oratorio dont elle est très proche, la cantate d’église ne connaît pas d’effet théâtral, ni mise en scène comme pour l’opéra. Mais à la différence de l’oratorio, la cantate se distingue en excluant tout aspect dramatique, l’aspect anecdotique étant écarté au profit de pures prières chantées par les fidèles, des prières exclusivement tournées vers Dieu.
La cantate au cœur de la liturgie réformée
La cantate d’église va se situer au cœur même du culte luthérien sur la Parole de Dieu et être placée avant même la célébration eucharistique. Elle sera intégrée, très précisément, entre la lecture de l’Évangile et la prédication qui à l’époque de Bach pouvait durer une heure entière.
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Cette place déterminante révèle toute l’importance donnée à la cantate d’église dans la liturgie réformée, et ce, en accord avec les idées de Luther selon lequel la Parole lue et prêchée demeure le principal chemin vers la foi. La prédication et le chant magnifié des cantates auront ainsi pour mission de mieux faire comprendre le sens de l’Écriture et ainsi permettre aux fidèles de se rapprocher plus encore de Dieu.
Les cantates de Bach et de Haendel au XVIIIe siècle
La cantate d’église du culte luthérien va trouver sa pleine consécration au XVIIIe siècle avec J.-S. Bach. Le compositeur va, en effet, concevoir un nombre considérable de cantates pour l’assemblée des fidèles afin d’encourager leur méditation dans le cadre de la liturgie. Bach a laissé un héritage inépuisable et inégalé avec de très grandes et célèbres cantates, reflet de sa puissante foi. Rappelons que le grand projet poursuivi par le compositeur était de mettre en musique les paroles et les mélodies des chorals luthériens.
Sans pour autant être toujours directement issues de la Bible, et à la différence de la musique de Schütz, les cantates de Bach manifestent pleinement l’expression de la foi des chrétiens, le compositeur ayant livré près de 300 cantates dont plus de 200 nous sont parvenues en cycles complets pour tous les dimanches et jours de fête. Chaque cantate de Bach se veut être une prière adressée à Dieu et le rayonnement d’une foi tendue entre le fidèle et celui-ci, ainsi que l’exprime si admirablement sa cantate Le cœur, et la bouche, et l’action, et la vie (Herz und Mund und Tat und Leben) BWV 147 consacrée au Magnificat et offrant un réseau complexe de références bibliques.
À la fin du XVIIIe siècle, et après que le grand Haendel ait composé ses fameux hymnes ou anthem correspondant dans l’Église anglicane à ce que Bach avait composé pour l’Église luthérienne, le genre sombrera malheureusement dans l’oubli avant de renaître quelque peu pour le concert au XIXe siècle.
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