Laure de Sagazan dessine des robes de mariée voluptueuses à l’allure raffinée et légèrement nonchalante. A la fois élégantes, romantiques et couture… Comme des futures mariées un peu partout dans le monde, les Françaises en raffolent. La plus parisienne des créatrices de robes de mariées connaît un succès impressionnant. La fameuse touche française ? Peut-être, mais avec un supplément d’âme. Rencontre.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Avant d’ouvrir sa maison de couture, Laure de Sagazan est styliste chez Bash, une petite marque en vogue devenue grande depuis. Diplômée d’une école de stylisme, rien ne prédestine la jeune lilloise à croiser l’univers du mariage… Et pourtant ! C’est alors qu’une cousine ne trouvant pas son bonheur dans les boutiques existantes lui commande sa robe de mariée. La robe de Laure a beaucoup de succès, d’ailleurs ce modèle existe encore (le modèle “Honoré”). Ensuite, les choses vont aller très vite. Des amies et des amies d’amies lui demandent des robes pour leur mariage.
Aidée par son mari, Édouard, consultant en finances à l’époque, Laure décide en 2011 de lancer sa marque avec le pari de valoriser à la fois la création avec des collections sur-mesure à l’ancienne, et de proposer une nouvelle vision de la mariée. Elle n’a que 25 ans ! Plusieurs collections plus tard, c’est avec la même ferveur que l’histoire continue… Chineuse passionnée, amoureuse d’une époque révolue où la créativité, l’artisanat et le savoir-faire sont sublimés, il aura suffi de quelques créations pour que l’essentiel de son style s’affirme. Laure de Sagazan impose des allures sobres, floues, dont l’élégance est soulignée de poésie. La subtilité est de rigueur, portée par les détails et les finitions. Le flirt du retro joue à merveille avec l’air du temps. Conseils et confidences.
Aleteia : Comment réalisez-vous une robe de mariée ?
Laure de Sagazan : Tout au long de l’année je glane des photos de robes, d’allures, de détails… Un rien peut m’interpeller et devenir une robe. Alors, j’emmagasine plein de choses qui me touchent. Ainsi, quand j’entre en phase de conception de la collection, généralement fin septembre, j’ai cette banque de données d’images prête à m’aiguiller. Tout peut m’inspirer : un livre dont la description d’une robe éveille mon esprit, un tableau, mais aussi une série comme récemment “Le jeu de la dame” ou “The Crown” avec de beaux costumes du début XIXème, ou encore un détail d’une robe des années folles. J’ai toujours été une amoureuse du vieux linge. J’ai la chance d’avoir une grand-mère aux armoires remplies de tissus, d’anciennes pièces brodées. Ce genre de vêtements m’a toujours touché. Puis il y a aussi le cinéma, c’est toujours intéressant quel que soit l’époque. Enfin, même l’allure d’une fille croisée en bas de chez moi peut aboutir à une création…
Justement, qu’est-ce qu’avoir de l’allure ?
C’est avoir quelque chose d’élégant, quelque chose d’unique qui dénote et qui dure dans le temps. Une silhouette, un port de tête, un mouvement… Ma grand-mère n’était pas à la mode, mais elle avait une allure folle.
Avez-vous des matières et des teintes de prédilection ?
J’ai un amour pour le blanc cassé. Je trouve cette couleur absolument sublime et très flatteuse. Elle met bien plus en valeur qu’un blanc pur qui peut être très dur selon les carnations. Quant aux matières, les années ont beau passer, j’aime toujours autant le crêpe. Rien n’a plus d’allure à mes yeux qu’un beau crêpe bien plombant et bien mat.
Quel est le conseil essentiel que vous donneriez à celle qui doit choisir sa robe de mariée ?
Bien évidemment d’être soi-même. De ne pas chercher à se “grimer” en mariée ou à opter pour un vêtement dans lequel on ne sera pas à l’aise le jour J. Il me semble impératif de se sentir soi ce jour-là, où tous les regards sont braqués sur vous.
Comment se passe le premier rendez-vous ? Quelles questions posez-vous à la future mariée ?
Le premier rendez-vous est un réel échange, il nous faut comprendre qui est la mariée, quel est le contexte du mariage, et quelles sont ses attentes pour sa robe. C’est extrêmement important de la mettre en confiance et de lui présenter notre travail ainsi que la manière dont nous travaillons sa robe : du sur-mesure artisanal, réalisé dans notre atelier situé au-dessus du showroom.
Lire aussi :
Mariage : pivoine en juin, œillet en juillet, lys en décembre… à chaque mois, sa fleur
Nous prônons une création 100% française, mettant en valeur nos savoir-faire nationaux à travers le travail des dentelliers, brodeurs, plisseurs… Nos mariées y sont très sensibles. Et elles l’évoquent systématiquement une fois qu’elles sont dans la robe… Ce travail “à l’ancienne” les touche.
Quelle est la faute de goût à ne jamais commettre ?
Je dirais un maquillage ou une coiffure trop marqués, qui peuvent tant vieillir une mariée et faire perdre la fraîcheur du naturel… Et puis il y a la pire des erreurs, pire qu’une faute de goût, qui est de tellement tout orienter sur le mariage, sur le jour J, qu’il en devient une fin en soi, et pas le début de quelque chose.
La pire des erreurs, pire qu’une faute de goût est de tellement tout orienter sur le mariage, sur le jour J, qu’il en devient une fin en soi, et pas le début de quelque chose. Cela me chagrine beaucoup de voir les mariées qui passent à côté de l’essentiel.
C’est terriblement triste ! Je vois parfois des mariées qui ont tout focalisé sur l’évènement… Elles vivent un vrai coup de blues après la cérémonie. Cela me chagrine beaucoup de voir qu’elles passent à côté de l’essentiel, du sens de la promesse de mariage et de la vie à deux qui commence. J’ai envie parfois de leur dire qu’il ne s’agit pas d’en mettre plein la vue aux amis. Chaque détail compte bien sûr, mais l’essence est ailleurs.
Vous avez créé en 2019 la médaille “Cœur-Sacré”. Qu’est-ce qu’elle symbolise pour vous ?
C’est un symbole qui est présent depuis des siècles dans l’art. Il incarne pour moi l’amour absolu avec son cœur qui rayonne, ses sentiments qui irradient. Le cœur sacré est aussi une figure majestueuse et indissociable de Paris, grâce à la basilique du Sacré-Cœur, bâtie pour célébrer cet amour. J’avais envie de rendre hommage à l’amour et à Paris. C’est un symbole religieux que j’aime, et qui m’a toujours touchée. J’ai été élevée de manière religieuse. Pour moi, ces “bondieuseries” sont comme un héritage qui me parle. Je trouvais génial de pouvoir travailler artistiquement ce cœur sacré, et qu’il parle à plein de monde, par les valeurs universelles qu’il incarne.
Découvrez les plus belles robes de mariée de Laure de Sagazan, collection 2021 :
Lire aussi :
Cinq robes de mariée qui ont marqué l’histoire