Derrière le déchaînement des revendications communautaristes, parfois aberrantes, il y a une culture de la victimisation mais aussi des personnes à comprendre et à unir.
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« Je ne comprends pas le communautarisme, l’étroitesse d’esprit que ça représente me tue… Je n’aime pas les gens qui défendent leur chapelle… Que les homos défendent les homos, les femmes défendent les femmes, les Arabes les Arabes, les Juifs les Juifs, me tue, ça m’abat. Ça montre à quel point les gens roulent pour eux, ils sont étrangers à l’altruisme, au sens de la justice. Et moi ce qui m’intéresse, c’est la justice. Défendre sa chapelle, son clan tout le temps ? Non. » Il y a dix ans, au micro de Frédéric Taddeï, l’acteur Jean-Pierre Bacri pestait justement contre le mal de ce siècle qui menace aujourd’hui de détruire ce que nous sommes.
Le racisme des Aristochats
Il y a trois ans, un ami new-yorkais m’accueillait dans sa ville en me disant : « Le grand débat qui nous agite concerne la mise en place dans les bars et restaurants de toilettes “genrées”. » Amusé par mon regard un peu sidéré, il reprenait : « Il y a des procès à tout va à ce sujet. Comment permettre à un homme qui se sait femme mais qui conserve son corps d’homme, d’aller aux toilettes dans un lieu public ? Il refuse d’y aller du côté des hommes, et les femmes ne veulent pas entendre parler de lui dans leurs toilettes ! Il faut donc en plus des deux portes habituelles en ajouter d’autres : une pour des hommes qui se savent femmes, une pour des femmes qui se savent hommes… » J’apprenais encore il y a quelques jours en discutant avec des adolescents, l’existence de ce qu’ils nomment « pansexualité ». Selon la définition qu’ils m’en donnaient, les personnes pansexuelles sont attirées physiquement, sexuellement, affectivement ou romantiquement vers des personnes sans regard ou préférence au niveau du genre et de sexe de la personne, qu’elle s’identifie comme homme, femme, trans, sans genre…
Un récent article dans le Figaro évoquait la mise en place d’avertissements visant à prévenir les jeunes spectateurs du caractère raciste des dessins animés de Walt Disney comme Les Aristochats, Peter pan ou Dumbo. Le chat siamois mafieux avec ses yeux bridés du premier, les Peaux-rouges du deuxième : autant de stéréotypes dont il est jugé utile de souligner désormais de la nocivité. On peut évoquer aussi les polémiques violentes qui ont entouré il y a quelques années la réédition des Petits contes nègres de Blaise Cendrars en France, ou le refus d’un éditeur américain de publier un roman français, au demeurant excellent, mettant en scène une jeune fille africaine réduite en esclavage, au prétexte que l’auteur était blanc et qu’il ne lui est donc pas possible d’inventer une héroïne noire…
Chercher à comprendre
Devant ce déchaînement de ce que le communautarisme, de plus en plus exacerbé, produit comme revendications ou comme interdits dans notre société, on peut choisir de se lamenter ou d’opter pour une forme de vie plus érémitique : à défaut de comprendre, retirons-nous de ce monde qui se dérobe à nous ! On peut aussi choisir de combattre point par point chacune de ces revendications à commencer par celles dont les porte-voix nous sont, selon nos humeurs et nos convenances, les moins à notre goût. Mais que fait-on alors sinon renforcer le sentiment que chacun a d’être persécuté par le voisin ? Ne pas considérer autrui comme ennemi, même si les opinions et les combats qui sont les siens nous semblent aberrants. Chercher toujours à réfléchir à ce qui le motive, non pour le légitimer ou l’excuser, mais simplement le comprendre…
Si les chrétiens s’engagent pour que ceux qui se sentent méprisés, rejetés, ignorés, puissent être reconnus dans leur dignité d’hommes (et de femmes !), alors ils entraîneront à leur suite l’humanité vers son salut.
Une culture qui s’est voulue de plus en plus compassionnelle au point de faire de chacun une victime potentielle, une économie qui nous pousse à un individualisme de plus en plus capricieux et égotiste, tout cela nous éloigne les uns des autres. Peut-être aussi le fait que nous, baptisés, de plus en plus mal à l’aise à l’égard d’évolutions qui nous dépassent car nous ne les initions plus, posons sur nos prochains un regard de soupçon et de jugement systématique, oui, peut-être que cela non plus n’arrange pas les choses.
Tous frères
Si chacun recherche la justice pour lui-même, nous irons tous à notre perte. Si les chrétiens s’engagent pour que ceux qui se sentent méprisés, rejetés, ignorés, puissent être reconnus dans leur dignité d’hommes (et de femmes !), alors ils entraîneront à leur suite l’humanité vers son salut. Sans pour autant avoir à sacrifier quoi que ce soit de leur foi ou de leurs dogmes : ils en seront même renforcés. Ils permettront ainsi à chacun de prendre conscience de cette fraternité qui nous relie les uns aux autres non pas en fonction de nos genres, de nos sexes, de nos couleurs ou de nos cultures, mais parce que nous sommes tous enfants d’un même Père.