Dès son origine, l’Église a œuvré pour la paix entre les hommes. Non seulement en réconciliant les peuples en guerre, mais en régulant les conflits pour les limiter autant que possible.
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Une des grandes attributions de la diplomatie pontificale aujourd’hui est d’œuvrer pour la paix. Depuis la fin du XIXe siècle et le pontificat de Léon XIII, les papes proposent aux États leurs « bons offices ». Dans le cas d’un litige, voire même d’un conflit entre États, les deux parties peuvent faire appel aux diplomates du pape afin qu’ils jouent un rôle d’arbitre ou de médiateur. Dans l’histoire du XXe siècle, ces interventions ont été multiples : Jean XXIII a ainsi évité un conflit nucléaire au moment de la crise des missiles de Cuba en 1962. De son côté, Jean Paul II a empêché un affrontement militaire entre le Chili et l’Argentine à propos du canal de Beagle dont la souveraineté était disputée. Plus récemment, on sait que le pape François a joué un rôle majeur de réconciliation entre les États-Unis et Cuba.
Naturellement, ce rôle a ses limites : on connaît par exemple les impossibilités du pape Pie X face au déclenchement de la Grande Guerre de 1914 et de son successeur à mettre fin à l’affrontement généralisé. Dans ces deux derniers cas, les belligérants ne souhaitaient simplement pas que la papauté intervienne. Il n’empêche, tout au long des XXe et XXIe siècles, le Saint-Siège n’a cessé de prôner la paix au point même de revoir sa propre conception de la guerre juste. L’idée en soi n’est pas nouvelle. En effet, au Moyen Âge, l’Église a même souhaité réguler l’usage de la guerre par ce qu’on a appelé la paix ou la trêve de Dieu. Ce fut un moment important de son histoire mais aussi de l’histoire de l’humanité : en effet, l’Église fut la première institution à vouloir contrôler la société civile en régulant la violence féodale par des moyens… non-violents.
Le « Pacte du Seigneur »
L’expression « Pacte du Seigneur » apparaît pour la première fois au sud de la France, dans le Roussillon, à l’occasion du synode provincial de Toulouges en 1027. Parce que l’évêque du lieu était parti en pèlerinage, c’est Oliba, évêque d’Ausone près de Bordeaux, qui organise l’événement par suppléance. On y demande de ne plus faire la guerre le dimanche, jour du Seigneur. Cinq ans plus tard, dans son propre diocèse, le même évêque décide d’étendre la trêve de Dieu pour les temps liturgiques de Noël, Pâques et Pentecôte et pour plusieurs fêtes de saints.
La trêve s’étend au jeudi en souvenir de la Cène, au vendredi pour la Passion puis au samedi et au dimanche pour la Résurrection.
La pratique se développe : des grandes fêtes chrétiennes, la trêve s’étend au jeudi en souvenir de la Cène, au vendredi pour la Passion puis au samedi et au dimanche pour la Résurrection. Soit quatre jours au total pendant lesquels on ne peut faire la guerre. Les princes prêtent serment sur les reliques et ceux qui ne respectent pas leur parole prennent le risque d’être frappé d’excommunication. Les civils, dans les guerres, bénéficient aussi d’une protection : clercs, femmes, pèlerins et marchands mais aussi paysans et pauvres gens. Il s’agit au sens propre d’une véritable réforme sociale fondé sur un principe théologique : on ne peut verser le sang des hommes, en souvenir du sang du Christ versé pour nos péchés.
En savoir plus
Pour en savoir plus sur la trêve de Dieu, écoutez le podcast, produit par notre partenaire Storiavoce.com. Médiéviste, l’historien Dominique Barthélemy nous explique quel a été le succès de cette œuvre de paix.