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Vidéo : 106 ans après sa mort, un poilu identifié grâce à ses médailles votives

Le capitaine Etienne d'Hotelans servait dans l’infanterie coloniale avant d'être tué sur le champ de bataille dans les Ardennes, en 1914.

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Timothée Dhellemmes - publié le 18/01/21
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La découverte et l’identification du corps d’Étienne d’Hotelans, capitaine de l’armée française tombé en septembre 1914 à Châtelet-sur-Retourne (Ardennes), ravive de façon spectaculaire la mémoire d’un homme de foi, mort pour son pays.

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Des fouilles préventives menées l’été dernier ont permis de retrouver les corps de quatorze soldats de la Première guerre mondiale mort au combat le 1er septembre 1914 à Châtelet-sur-Retourne, dans le sud des Ardennes. Parmi les corps identifiés, celui d’Étienne d’Hotelans, 35 ans à l’époque, le seul capitaine du bataillon. Ses galons de capitaine, sa médaille de communion avec son prénom et sa chevalière ont facilité son authentification. Mais en réalité tout s’est joué en quelques semaines grâce à un incroyable concours de circonstances. C’est un courrier envoyé le 24 novembre 2020 par l’Office national des anciens combattants au maire de Chénas, petit village de 550 habitants dans le Beaujolais dont est originaire le capitaine, qui a permis de retrouver ses descendants indirects du capitaine d’Hotelans.

Or, il se trouve que quelques mois auparavant, la famille d’Hotelans avait contacté l’édile pour lui faire part de la découverte, par le diacre d’une paroisse au Maroc, d’une plaque à la mémoire de son parent : “La famille ignorait tout de cette plaque. Mais lorsque nous avons appris son existence, nous avons demandé à l’archevêché de Rabat de pouvoir la rapatrier en France afin la disposer dans l’église où notre aïeul avait été baptisé, à Chénas”, raconte à Aleteia Charles-Henri d’Hotelans, arrière petit neveu du capitaine. C’est ainsi que, contacté à son tour par les anciens combattants au mois de novembre dernier, le maire du village a immédiatement retrouvé la trace des descendants d’Étienne d’Hotelans.

Chez les d’Hotelans, cette deuxième découverte en l’espace de quelques mois a été une surprise totale. Charles-Henri raconte : “L’espoir de retrouver le corps avait été alimenté par les générations précédentes, puisque le père et la sœur de notre arrière-grand-oncle étaient allés sur les lieux des combats, en 1920. Mais depuis longtemps, nous avions perdu presque tout espoir de le retrouver”.

Je me souviens d’avoir grandi en voyant ce buste qui trônait dans une pièce de la maison, avec ce capitaine à la moustache fière.

Pourtant, les descendants indirects n’ont jamais manqué de faire mémoire de leur brillant aïeul, décédé à 35 ans, sans enfants. Deux de ses neveux ont été prénommés Étienne et ont embrassé une carrière militaire. Dans un livret sur la famille que tous les membres ont en leur possession, plusieurs pages relatent les exploits de l’officier. “Lorsque j’étais petit, je me souviens d’avoir grandi en voyant ce buste qui trônait dans une pièce de la maison, avec ce capitaine à la moustache fière”, raconte François d’Hotelans, un autre arrière-petit-neveu du capitaine. Avant de mourir sur le front, il avait servi plusieurs années dans l’infanterie coloniale en Asie, puis avait servi au Maroc avant d’y être appelé à l’état-major du maréchal Lyautey. En 1914, c’est lui qui avait supplié le maréchal de le laisser partir combattre l’armée allemande en France, malgré une importante blessure à l’épaule.

Probablement enterré par les allemands à la va-vite

Grâce à l’office des anciens combattants et à la section des fouilles archéologiques des Ardennes, plusieurs extraits du journal de marche permettent d’avoir le récit extrêmement précis de ce qu’il s’est passé au cours de cet après-midi du 1er septembre 1914. “Vers 14 heures, l’ennemi apparaissant à peu de distance de la 11ème cie, le capitaine Broch d’Hotelans fait mettre baïonnette au canon, ouvre un feu à répétition à 250 mètres et fait exécuter par ces deux sections plusieurs bonds en avant qui arrêtent momentanément l’offensive allemande.


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Au cours de l’exécution de ce mouvement, le capitaine tombé grièvement blessé sur le terrain, le feu de l’artillerie allemande devient de plus en plus violent et le premier peloton est obligé de se replier sur ses tranchées, afin d’éviter des pertes trop sérieuses”, est-il écrit. Probablement le soir-même de l’attaque ou le lendemain, ce sont vraisemblablement les Allemands qui ont enterré le capitaine et ses hommes.

MEDAILLES ETIENNE D HOTELANS

Famille d’Hotelans
Un crucifix et plusieurs médailles, dont une représentant sainte Jeanne d’Arc, ont été retrouvées dans la poche du capitaine Etienne d’Hotelans.

Un crucifix et plusieurs médailles retrouvés dans sa poche

Étrangement, il n’a pas été du tout dépouillé. Plusieurs objets religieux ont été retrouvés dans ses poches : un crucifix, une médaille de première communion, une médaille à l’effigie de sainte Jeanne d’Arc et une autre médaille votive. “J’ai été d’autant plus ému en apprenant la découverte de son corps qu’il a été retrouvé tel qu’il était monté au combat cet après-midi du 1er septembre 1914, avec des éléments qui montrent son attachement à sa foi et à sa famille”, témoigne Charles-Henri d’Hotelans.

C’est un merveilleux exemple qui nous pousse à faire une introspection et à nous remettre en question.

“Quand on lit les récits, on sent qu’il n’est pas mort dans un bombardement. Il est mort dans un combat d’infanterie. Il était vraiment dans un état d’esprit de sacrifice”, ajoute-t-il. “Ce que nous savons de notre arrière-grand-oncle est représentatif de cette jeunesse vaillante et courageuse, qui a su donner sa vie pour défendre son pays. C’est un merveilleux exemple qui nous pousse à faire une introspection et à nous remettre en question”, ajoute François d’Hotelans. Dans quelques semaines, les deux cousins espèrent pouvoir se retrouver autour de la dépouille de leur arrière-grand-oncle. Il devrait être inhumé dans le caveau familial de Chénas après sa messe d’enterrement, 106 ans après sa mort.

Plaque Etienne d'Hotelans

Famille d’Hotelans
Plaque commémorative en la mémoire du capitaine d’Hotelans, retrouvée dans une église à Meknès, au Maroc, quelques mois avant la découverte du corps.


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