Pontmain et le Japon ont un lien spirituel étonnant, à travers cet ancien chapelet rouge aux 26 grains, composé seulement de deux dizaines, appelé aussi la « Couronne des saints martyrs japonais ».« Avant même l’arrivée de Monsieur le Curé, on commença à prier et on récita le chapelet des martyrs du Japon », écrit Joseph Barbedette, l’un des quatre petits voyants de Pontmain, dans son récit de l’apparition rédigé à la demande de ses supérieurs lorsqu’il entre chez les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. En effet, porté par cette grande ferveur missionnaire qui s’est répandue en France dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain, avait distribué ce chapelet bien particulier à tous les habitants du village et instauré, durant la guerre contre la Prusse, la récitation de ce chapelet tous les matins pour demander la paix et le retour des jeunes gens partis au front. Une prière que les Pontaminois connaissaient bien donc, et toute indiquée pour accueillir avec dévotion l’apparition de la Vierge ce 17 janvier 1871. Aujourd’hui, ce chapelet est tombé en désuétude, sauf à Pontmain et au Japon, où la mémoire des 26 martyrs et de l’apparition mariale est encore conservée.
« Couronne des saints martyrs japonais »
Pour comprendre l’histoire du chapelet des martyrs japonais, il faut remonter en 1597, au Japon, où 26 chrétiens (prêtres, religieux, et laïcs, dont des enfants) furent exécutés sur une colline de Nagasaki, sur l’ordre du Taïko (maire du palais) Hideyoshi Toyotomi. Début d’une longue période de persécutions à l’encontre des chrétiens du Japon, qui s’achève au début de l’ère Meiji, dans les années 1860.
Plus de deux siècles et demi plus tard, en 1862, soit neuf ans avant l’apparition de la Vierge Marie à Pontmain, les 26 martyrs de Nagasaki sont canonisés à Rome par le pape Pie IX. La dévotion envers ces 26 martyrs se répand alors dans toute l’Europe, et en particulier en France. En Bretagne, à saint Brieuc, les frères des écoles chrétiennes se targuent d’en posséder quelques reliques. Ils créent « l’Armée des Anges », un groupe d’enfants portant une dévotion particulière aux martyrs japonais. L’abbé Hamet conçoit même un petit chapelet formé de deux dizaines et composé de 26 grains rouges sang. Il le baptise la « Couronne des saints martyrs japonais ».
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Trois ans plus tard, en 1865, on découvre des chrétiens cachés au Japon, et le Pape bénit « l’Armée des Anges ». Deux événements qui contribuent à faire connaître le chapelet des martyrs japonais. Son usage connaît un bel essor, et se répand jusqu’en Mayenne. C’est ainsi qu’il remonte aux oreilles de l’abbé Michel Guérin, qui s’empresse de distribuer les petits chapelets rouges à ses ouailles et d’en enseigner la prière aux enfants.
Et au Japon ?
Le chapelet fait son apparition au Japon en 1937, introduit par un religieux du Couvent des Chevaliers de Notre Dame à Nagasaki. En 1962, lors du centenaire de la canonisation des 26 martyrs, il connaît une certaine notoriété. Puis il retombe dans l’oubli jusqu’en 2010, date à laquelle il a été réintroduit par un père des MEP (Missions Etrangères de Paris).
Comment prier le chapelet des martyrs du Japon ?
La prière débute par la croix, avec la récitation du Credo. On peut dire ensuite les Actes de foi, d’espérance et de charité : « Seigneur, je crois de tout mon cœur, j’espère de toutes mes forces et je veux aimer comme tu nous as aimés ». Puis le premier grain équivaut à un Notre Père, les trois suivants : trois Je vous salue Marie, puis on continue avec un Notre Père. Viennent ensuite deux dizaines de Je vous salue Marie entrecoupées par un Notre Père.