Albert Bruce Sabin. Cet homme de bien qui ne demandait rien a fait davantage pour l’humanité que tant d’hommes agités, au pouvoir considérable.
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Il y a des hommes qui font beaucoup de bruit et qui semblent destinés à n’exister qu’en vociférant. Leur gloire, leur notoriété semble liée au nombre de tweets émis chaque jour et par les menaces ou les appels à la révolte qu’ils véhiculent. L’histoire montre à quel point ces hommes-là périssent vite sitôt que d’autres, plus jeunes, commencent à prendre de l’assurance et se décident à faire taire le mâle dominant devenu soudain encombrant.
Au soir de leurs vies, ils peuvent se demander ce qu’ils laissent derrière eux : trop occupés pendant des années à écrire leur légende, ils ont souvent tout simplement oublié de vivre. Et puis il y a ceux qui n’ont pas battu les estrades, ni cherché désespérément à faire parler d’eux à tout prix. Ils n’ont ni tenu de discours délirant, ni mis en scène leur intimité. Ils ont œuvré, artisans laborieux et appliqués à apporter leur pierre au monde des vivants.
La découverte anonyme
Alors que l’on peut à raison se désespérer de la violence et du vide de la pensée lorsqu’on parcourt les réseaux sociaux, voici qu’une publication sur laquelle mes yeux tombent par hasard, retient mon regard. Il s’agit de la photo d’un homme âgé, les cheveux blancs bien peignés, le visage penché vers celui d’un petit enfant. Un grand-père comme il en existait tant, aux allures un peu désuètes, qui ne s’habillait pas comme un jeune homme de 20 ans ni ne cherchait à masquer les rides de son front de savant. Au-dessus de cette photo, une phrase : « Beaucoup ont insisté pour que je brevette le vaccin, mais je n’ai pas voulu. C’est mon cadeau à tous les enfants du monde. »
Je ne sais quelle fut la vie de ce professeur Sabin, ce qu’il y fit d’autre de remarquable ou peut être de coupable. Peu importe en fait. Cette seule décision fait de lui le bienfaiteur d’une multitude.
Cette phrase semble venir du testament de ce noble vieillard. Il s’agit d’Albert Bruce Sabin, né en Pologne en 1906 et mort en 1993. Médecin et chercheur américain, sa découverte la plus remarquable fut le vaccin antipoliomyélitique dans les années 1960. Il a donc refusé de breveter son vaccin, et renoncer ainsi à toute exploitation commerciale par les laboratoires, afin que son bas prix garantisse la diffusion la plus large possible de son traitement. Il n’a pas gagné un sou de ce vaccin et a continué par la suite de vivre de son salaire de professeur. Certes, l’homme n’est pas inconnu : des rues, comme à Paris, portent son nom et son travail est enseigné aux étudiants en médecine, j’imagine. Mais j’ignorais pour ma part jusqu’à son nom, tout en ayant bénéficié comme des milliards d’individus de la protection de son vaccin.
Au service du bien commun
À l’heure où un autre vaccin fait tant couler d’encres, et où les intérêts financiers autour de ces flacons du précieux élixir semblent si élevés qu’ils deviennent indicibles, il me semblait bon de se souvenir qu’il y a encore cinquante ans, sur notre planète, un homme demeuré pour beaucoup anonyme, avait pu prendre une décision ignorée du plus grand nombre. Je ne sais quelle fut la vie de ce professeur Sabin, ce qu’il y fit d’autre de remarquable ou peut être de coupable. Peu importe en fait. Cette seule décision fait de lui le bienfaiteur d’une multitude. Puisse son exemple inspirer savants et politiques, médecins et industriels, et nous-mêmes aussi, dans nos décisions quotidiennes. Afin que la recherche du bien commun prenne l’ascendant sur la poursuite de nos biens si particuliers.
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