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Qu’est-ce, au juste, avoir l’esprit de famille ? Une expression qui mêle à la fois une grande affection les uns pour les autres, la joie d’être ensemble et une solidarité à toute épreuve. Janine Boissard, romancière à succès et auteur de la saga L’Esprit de famille le définit ainsi : « Avoir l’esprit de famille, c’est aimer se retrouver parmi les siens, non pour s’y enfermer, mais pour y prendre des forces afin de mieux s’ouvrir aux autres », soulignant ainsi que la cohésion familiale trouve son plein épanouissement non pas dans le repli sur soi mais dans l’ouverture aux autres. Cependant, il n’est pas toujours évident de cultiver l’esprit de famille au sein de son propre foyer. Voici quelques conseils, astuces et beaux témoignages qui donnent envie d’essayer.
Entretenir une ambiance familiale saine
Chaque membre de la famille contribue à façonner l’esprit de famille, cet art de vivre qui fait des siens une priorité. Si un seul vient à manquer, alors il n’y a plus de véritable cohésion familiale. La difficulté réside donc à créer une solidarité unanime, au-delà des différences de chacun et des divergences de caractère. Un enfant contribuera naturellement à cultiver cet esprit de famille s’il éprouve de la joie à demeurer parmi les siens. Cela suppose de veiller à ce qu’il ait sa place et de ne pas attiser les jalousies au sein de la fratrie. Pour cela, Bernadette Lemoine et Diane de Bodman, dans leur livre Trouver les mots qui font grandir pour les aider à s’épanouir (Albin Michel) invitent vivement les parents à s’abstenir de comparer les enfants entre eux, mais aussi à leur apprendre à ne pas se comparer. « Tout le monde a ses propres qualités. Quelle chance ! Tu as reçu des qualités à développer pour toi-même et pour les autres. Ces qualités te permettent d’aider ton frère/ta sœur qui ne les a pas. Il/elle en a d’autres avec lesquelles il/elle pourra peut-être t’aider un jour. Il est bon de pouvoir s’entraider », peut-on dire à un enfant qui aurait tendance à se comparer avec son frère ou sa sœur.
Qui plus est, encourageons-les à découvrir les qualités de l’autre. Cela leur permettra de faire l’expérience de l’entraide. Car, pour la psychothérapeute, « on ne vit pas seul pour soi. On vit ensemble, en s’entraidant, à la mesure de l’âge et des possibilités de chacun. » Une manière aussi d’inciter un enfant à faire l’expérience du bonheur : « Rendre service n’est pas toujours une partie de plaisir, mais, si tu le fais de bon cœur, cela te rendra heureux », peut-on lui dire.
Veiller à ce que chaque enfant ait sa place est une des préoccupations de Nicolas et Aurélie, mariés et parents de cinq enfants âgés de 4 à 16 ans. Soucieux d’offrir à leurs enfants un lieu qui leur permettent de se retrouver et d’enraciner leur famille après plusieurs périodes d’expatriation, ils rénovent une ferme dans le Loir-et-Cher. Un projet qui « contribue à renforcer les liens familiaux car il est porté par l’ensemble de la famille, confie Aurélie. Même si ce sont nous, les parents, qui donnons une impulsion au départ, chacun donne ses idées, fait part de ses envies, participe aux travaux ou à la vie de la maison selon leur âge... Mais nous faisons attention à ce que chacun ait sa place, son rôle. Sinon, cela peut faire esprit de famille avec les uns et pas avec les autres. »
Etre attentif à chacun
Etre attentif à chacun est une des clés pour cultiver la joie et le bien-être de chaque membre du foyer. Mais cela peut s’avérer être un vrai défi. Comment trouver le temps ? L’énergie ? Comment faire avec des plus petits ou des ados peu expressifs ? Pour renforcer l’unité familiale, certains foyers réunissent de temps à autre un « conseil de famille ». Une petite réunion pendant laquelle chacun peut dire comment il a vécu la période écoulée, ce dont il a envie ou besoin pour la suite, ce qu’il propose de faire ou d’améliorer. L’avantage est que tous, même les plus timides habituellement, peuvent s’exprimer pendant que les autres sont tenus de les écouter.
Plus concrètement encore, les psychologues Adele Faber et Elaine Mazlish, auteur de Jalousies et rivalités entre frères et sœurs (Stock), ont inventé la « boîte à humeur » pour aider chaque membre de la famille à être plus attentif et plus sensible à l’autre. Il s’agit de glisser dans une boîte des papiers colorés et de décider avec l’enfant d’un code couleur à l’aide d’une petite légende : gris = fatigué, noir = triste, rouge = fâché, jaune = joyeux… Chaque jour, l’enfant dépose sur la boîte le papier correspondant à son humeur du moment. Une manière de dire au reste de la famille ce qu’il ressent aujourd’hui.
Œuvrer ensemble à un projet commun
Impliquer les enfants dans un projet familial est un bon moyen d’insuffler un bel esprit de famille, de partager des moments de complicité et de créer des relations fortes et pérennes. Un même objectif, un centre d’intérêt partagé, une passion commune… Autant d’occasions de fonder son foyer sur de solides affinités. D’un voyage à la musique, en passant par des engagements envers les plus démunis, il existe bon nombre de projets pour s’extraire de la routine et réunir petits et grands. Une expérience qu’ont faite Florent, Laurence et leurs cinq « grands » enfants, en animant, durant trois années, des réveillons de Noël destinés aux personnes seules ou en situation de précarité au sein de leur paroisse.
Des réveillons qu’ils ne sont pas près d’oublier. Florent et Laurence y ont vu l’occasion d’œuvrer, ensemble, en famille, pour un projet qui les a emmenés en dehors d’eux-mêmes, loin de la routine quotidienne et de leurs relations habituelles. Alors que Laurence craignait, la première fois, ravir à ses enfants leur réveillon traditionnel, entre eux, à la maison, ils ont finalement pu observer combien leurs enfants étaient heureux de distiller de la joie autour d’eux. « Les enfants voyaient les visages s’éclairer », confient Florent et Laurence. Un projet qui les a fait « aller vers les périphéries », selon l’expression chère au pape François (1), et qui leur a permis de partager avec d’autres leur joie familiale. Ils ont entendu cet appel fort de la part du Seigneur envers toutes les familles : « Le Christ nous appelle à ce que le bonheur familial rayonne », témoignent-ils.
(1) « L'Eglise est appelée à sortir d'elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l'existence », Mgr Jorge Bergoglio, le 9 mars 2013.