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D’Hérode aux rois contemporains, ils sont nombreux ceux qui, arrivés au faîte du pouvoir, ne cessent de trembler de le perdre. "Maintenant que l'hiver de notre mécontentement / s'est changé en été glorieux par ce soleil d'York ; Et toute la nuée pesant sur ma maison / Engloutie dans le sein profond de l'océan" (Shakespeare, Richard III). Tout devient suspect à leurs yeux : la moindre contestation devient prémices de coup d’État. Il faut discréditer, exiler voire supprimer tous ceux qui pourraient rappeler au monarque la fragilité de son statut et de sa vie même. Ils ne cessent de vouloir enfourcher d’autres chevaux, sitôt le leur crevé, pour poursuivre des batailles où ils perdent leurs peuples. Et le repos du guerrier ne sert qu’à préparer la bataille à venir, où l’été comme l’hiver se passent de printemps.
Ils levaient les yeux pour comprendre le monde
Mais la Bonne Nouvelle nous présente aussi d’autres têtes couronnées. Celles des mages notamment. Sont-ils seulement rois ? Aux yeux de leurs contemporains, probablement pas : des astronomes dirait-on plutôt aujourd’hui. Ils scrutent le ciel, y guettant une aide à la compréhension du monde et par-là même à leur propre destinée. Ils savent qu’il faut lever les yeux pour comprendre le monde et non pas les garder obstinément fixés vers le sol, sous lequel un jour ils seront ensevelis. Sitôt le signe observé, ils quittent tout et le suivent, sans renoncer ni à leur science ni à leur bon sens. Ils choisissent de ne s’encombrer que de la richesse qui manifeste l’Espérance de leur propre vie, non pour la protéger mais pour l’offrir à celui qu’ils ne connaissent pas mais dont ils pressentent qu’ils lui doivent déjà tout.
Ils surprennent les prêtres et les docteurs qui savent lire des Écritures mieux que personne et y puiser réponse aux énigmes les plus obscures. Ils déroutent les astrologues et les magiciens favoris du Prince, préférant suivre la lumière vers l’obscure mangeoire plutôt que la griserie des astres morts.
L’hommage des humbles
Les mages de l’Évangile nous déroutent. Comme nous déroutent parfois ceux qui surgissent de la nuit et qui déposent sous nos yeux des offrandes inédites à cet Enfant, dont nous ignorions qu’ils en eussent connaissance. Hommages humbles et confiants comme cette veuve qui s’inquiétait en préparant les obsèques de son compagnon, se disant indigne d’y recevoir ce qu’elle appelait "la pastille qui purifie". Ou comme cette autre qui avait renoncé à participer aux célébrations mais qui élevait ses enfants en leur donnant ce conseil comme viatique : "Si vous avez un souci, confiez-le à Marie-Madeleine, elle peut tout entendre et elle a l’oreille de Jésus…"
Les mages de notre époque sont cette foule immense qui cherche à renouer avec Celui dont elle ne sait plus grand-chose sinon qu’il porte un salut.
Comme cette femme enfin croisée au soir du 31 et qui voulait entrer dans l’église pour y voir la crèche. Musulmane, elle voulait surtout ne pas se montrer irrespectueuse et s’inquiétait de savoir dans quelle tenue il lui fallait se présenter devant le Nouveau-Né. Comme je lui indiquais qu’elle était bien comme cela, elle me dit simplement : "Oui, mais c’est à l’intérieur que je ne me sens pas présentable."
La lumière de ceux qui cherchent
Les mages de notre époque sont cette foule immense qui cherche à renouer avec Celui dont elle ne sait plus grand-chose sinon qu’il porte un salut. Ils débordent nos rites et interrogent nos certitudes. Ils accomplissent en ce sens la prière mariale : en renversant ce qui se croit puissant, se laissant doucement élevés. Dans la cacophonie de notre monde, ils ne cherchent pas à avoir ni le dernier ni le premier mot, ils cheminent et nous rappellent à tous que l’avenir de l’homme est bien cette marche qui nous mène là où nous ne savons pas, mais vers Celui qui nous aime. En ce temps de vœux, puissions-nous accepter de poser nos regards sur eux sans jugement et croire ainsi qu’ils peuvent être, pour une fois, nos guides ou au moins nos compagnons de route.