En plein de cœur de l’Ariège, le village du Carla Bayle, protégé par d’épais remparts, est un haut lieu des arts. Son église a bénéficié du talent des artistes présents sur cette ancienne place forte du Moyen Âge. À l’image des façades colorées des maisons, l’église s’est dernièrement parée de fresques éclatantes. Découverte.
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L’Annonciation, la Jérusalem céleste, la Création avec Adam et Eve, telles sont les trois dernières réalisations qui ont paré l’église du Carla Bayle cette année. Ces fresques perpétuent une longue tradition. En effet, pas moins de 23 artistes, croyants ou non, ont offert leurs œuvres depuis six ans. Un chemin de croix a d’abord été réalisé par quatorze artistes. Pour Mgr Eychenne, l’évêque du lieu passionné d’art, “travailler à un projet de fédération d’artistes très différents, tant par leur culture que par leur tempérament autour d’un projet commun a procuré un lien de communion”.
Paroissienne engagée, Michèle Martinez a œuvré à la réouverture et à la restauration de cette église. Elle insiste sur le fait que cet édifice n’est pas une salle d’exposition, mais “une église qui vit, un lieu sacré où l’on prie, où l’on célèbre les sacrements”. De fait, la présence eucharistique y a été rétablie en 2014. “Les artistes, en oeuvrant dans cette église, sont portés par quelque chose de plus grand qu’eux”, s’enthousiasme l’active mécène. “Ils concèdent que leur travail est d’une autre nature qu’ailleurs car ce lieu les aide dans leur recherche de spiritualité” confirme Monseigneur Eychenne.
Dans le chœur, sur un puissant fond bleu outremer, des maisons aux coupoles parées à la feuille d’or représentent la Jérusalem céleste, “là où nous allons tous, à la fin des temps”, explique son créateur Tristan Râ. Ayant longtemps séjourné en Ouzbékistan, ce peintre orientaliste s’est inspiré de ses bulbes raffinés et de ses couleurs vives. Toutes de guingois, “ces maisons semblent sortir du tohu bohu pour parvenir à ce lieu — Jérusalem — où la paix se reconstruit”, analyse l’évêque. Les trois religions y sont représentées, invitant à comprendre Jérusalem comme “un lieu de contrastes et de défis”.
Adam et Eve se font face, au-dessus de la porte de cette église du XVIIe siècle. Shaka, célèbre artiste du street art, a imaginé les personnages de façon très dynamique. Dans la chapelle du Saint-Sacrement, l’ange Gabriel et la Vierge Marie se font face. Le premier, au visage lumineux et doux est agenouillé ; la seconde paraît surprise, tournant sa tête vers l’arrière, en direction de l’archange. “Des tonalités à la Giotto” colorent cette Annonciation, réalisée par Clermonde Oulmont.
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Que l’on compose ou que l’on contemple ces œuvres, chacun a une vocation d’artiste-créateur. Pour Mgr Eychenne, “disciples-missionnaires, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et donc, institués aussi, en quelque sorte, co-créateurs, nous sommes appelés à préserver la beauté de la Création et à prolonger cette harmonie dans les espaces que nous aménageons”. Dans cette petite église au clocher-mur, caractéristique du style toulousain, se joue ainsi un mystère de beauté et d’unité.