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Les Évangiles ne nous disent rien des derniers instants de saint Joseph, qui disparaît discrètement de la scène évangélique. Il convenait en effet qu’il s’efface pour que tous les regards se concentrent sur Jésus, puisque c’est en lui que nous pouvons voir le Père (Jn 14, 9). La moyenne d’âge des hommes au Ier siècle de notre ère en Palestine, était d’environ 50 ans. Dans l’hypothèse où Joseph se serait marié, comme le veut le Talmud, vers l’âge de 20 ans, il atteint le demi-siècle lorsque Jésus a 30 ans. Il n’est donc pas impossible que Notre-Seigneur ait attendu le départ de son père pour commencer son ministère public. La discrétion de saint Joseph dans les Évangiles est importante : à l’image du Père des cieux qui nous renvoie vers son Fils, « parfaite effigie de sa Substance » (He 1, 3), Joseph garde le silence et s’efface en présence du Verbe incarné venu nous révéler « son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu » (cf. Jn 20, 17).
« L’Ombre du Père »
Qui mieux que lui a connu l’Immaculée son Épouse, et Jésus l’Enfant divin qui lui fut confié ? Le cœur de Marie est étroitement uni à celui de son Fils ; mais il l’est également à celui de son Époux Joseph ; d’où il suit que le Cœur très chaste de Joseph bat à l’unisson des Cœurs de Marie et de Jésus, comme l’a bien vu une dévotion récemment reconnue au Brésil par l’évêque local (Itapiranga). Joseph a parfaitement éteint en lui tout mouvement de volonté propre, pour se soumettre entièrement à la volonté de Dieu, et devenir ainsi le fidèle collaborateur de son dessein de salut, au point qu’on a pu le nommer « l’ombre du Père ». Qui d’autre que saint Joseph peut s’arroger la gloire d’avoir nourri du pain de la terre celui qui est le Pain du Ciel ? D’avoir initié aux Écritures celui qui est le Verbe de Dieu fait chair ? D’avoir sauvé des mains d’Hérode le Sauveur des hommes ?
Patron de l’Église universelle
Et comme « les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 29), saint Joseph continue à exercer au Ciel ces ministères en faveur des membres du Corps du Christ, comme il le fit pour la Tête. C’est bien pourquoi, sur la demande des Pères du Concile de Vatican I, le pape Pie IX proclama saint Joseph patron de l’Église universelle (décret Quemadmodum Deus du 8 décembre 1870). Un demi-siècle plus tard, le pape Benoît XV invitait tous les chrétiens, spécialement les travailleurs et les agonisants, à prendre saint Joseph comme modèle et patron, puisque « la dévotion à saint Joseph conduit normalement à Marie et à Jésus » (Motu proprio Bonum sane du 25 juillet 1920).
Dans tous les canons eucharistiques de la messe
Le pape François a inauguré son pontificat le 19 mars 2013, jour de la saint Joseph, en y voyant « une coïncidence très riche de signification » ; il a inscrit dans ses armes pontificales à côté de Jésus et Marie une fleur de nard « symbolisant Joseph » d’après une tradition sur le « bâton de Joseph » répandue dans les pays hispaniques, la fleur de nard disant la pureté et l’amour (Ct 1, 12 ; 4, 13-14 ; Mc 14, 3 ; Jn 12,3) ; il a consacré l’État du Vatican à saint Joseph le 5 juillet 2013 ; et il a fait publier le 1er mai 2013 par la Congrégation pour le culte Divin et la discipline des Sacrements un décret demandant « que le nom de saint Joseph, Époux de la Vierge Marie, soit désormais ajouté aux canons de la troisième édition typique du missel romain, après le nom de la bienheureuse Marie toujours Vierge ». Ce geste est loin d’être anodin parce que ce n’est pas tous les jours que l’Église change la lex orandi, la loi de la prière, qui est lex credendi, norme de la foi ! Par cet acte extraordinaire au sens propre, l’Église semble vouloir reconnaître toujours davantage la place vraiment unique de saint Joseph dans l’économie de l’Incarnation rédemptrice.