Si la Vierge Marie est certainement l’une des femmes les plus connues de l’histoire de l’humanité, son histoire personnelle est très peu connue. Dans son dernier livre intitulé “Marie : de son enfance juive à la fondation du christianisme”, l’historien américain James D. Tabor a tenu à rassembler plusieurs thèses et éléments donnant à comprendre son histoire.
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“Marie est la femme la plus célèbre de l’Histoire, mais elle est aussi la plus mal connue”, souligne l’historien américain James D. Tabor dans son dernier ouvrage consacré à Marie. Les Évangiles parlent très peu de sa vie et c’est ce qui a encouragé nombre de chercheurs qui se sont donné pour ambition d’en savoir plus sur le personnage historique de Marie. Dans son livre Marie : de son enfance juive à la fondation du christianisme, il a cherché à “ressusciter Marie”, qu’il présente comme “une femme juive, veuve, mère de huit enfants au moins, descendante d’une lignée royale et sacerdotale” qui aurait été “peu à peu marginalisée et trahie”.
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Si nous sommes gré à James D. Tabor de reconnaître en Marie, la “femme la plus illustre qui ait jamais vécue” ni les textes anciens, ni le résultat des fouilles archéologiques ne permettent de certifier ces hypothèses peu conformes à ce qu’enseigne l’Église. Alors, que savons-nous véritablement sur la vie de la Vierge Marie ?
1.Ce que nous savons de la vie de Marie vient essentiellement des apocryphes
La vie de Marie est très peu évoquée dans les évangiles. Certains ne la nomment pas même une seule fois. La plupart des traditions dont elle fait l’objet se trouvent dans des évangiles déclarés apocryphes à partir du VIe siècle : leur origine a été jugée douteuse et ils ne font pas partie du canon de l’Église. Pourtant, comme le rappelle James D. Tabor, ils comprennent “plusieurs dogmes essentiels à la mariologie”. C’est dans le Protévangile de Jacques (IIe après J.-C.) qu’on y apprend le nom de ses parents, Anne et Joachim. On y lit aussi l’histoire de sa nativité, de son adolescence, de sa vie à Éphèse, de sa Dormition et de son Assomption.
2.Marie a grandi à la croisée des univers culturels juif, grec et romain
Selon une tradition reprise par James D. Tabor, la Vierge Marie serait née non pas à Nazareth mais à Sepphoris, ville antique située au Nord de Nazareth et capitale de la Galilée. Marie y aurait grandi dans une grande maison dotée d’une cour. Ce n’est qu’après ses fiançailles qu’elle aurait déménagé à Nazareth, où vivait Joseph. Mais que ce soit à Nazareth ou à Sepphoris, il est reconnu que Marie a grandi en Galilée dans un contexte socioculturel très riche. “Grâce au multiculturalisme unique de la région de Galilée où elle est née, elle fut confrontée, dans son enfance et sa prime jeunesse, à des univers culturels variés, juif, grec et romain, à tous les niveaux”, explique l’auteur. Au Nord d’Israël, la Galilée est en effet une province frontière, ouverte au commerce avec les autres nations. Isaïe déjà la décrivait comme un “carrefour des nations” (Isaïe, 8, 23b).
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3.Marie serait d’ascendance noble, royale et sacerdotale
Marie est la fille unique de Joachim, descendant de David, et d’Anne, descendante d’Aaron. Elle est donc de maison royale et sacerdotale. La généalogie de Jésus dans l’évangile de Matthieu (1, 1-17) mentionne que Joseph est issu de la maison royale d’Abraham et de David : “Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus”. Le pape émérite Benoît XVI commente ce passage dans son ouvrage sur L’enfance de Jésus : “Marie est un nouveau commencement. Son enfant ne vient d’aucun homme mais il est une nouvelle création, il a été conçu par l’opération du Saint-Esprit”.
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La généalogie de Luc (3, 23-3810) fait l’objet d’une interprétation controversée, inscrivant aussi bien Joseph que Marie dans la lignée des rois d’Israël. Par ailleurs, Luc précise qu’Elisabeth, cousine de Marie et mère de Jean-Baptiste, est aussi une descendante d’Aaron (Lc, 1, 5). Cela pourrait laisser supposer que Marie descendrait aussi du grand-prêtre Aaron.
4. Marie a vécu dans une région déchirée par les querelles de pouvoir
Marie serait née au milieu du règne d’Hérode le Grand (30-4 av. J.-C.) alors que le peuple juif “vibrait dans l’attente apocalyptique de l’avènement imminent du messie davidique”, selon les prédictions énoncées plus tôt par les prophètes. La vie de Marie correspond à l’âge d’or du messianisme, qui commence à la naissance de la dynastie hasmonéenne et la volonté d’Hérode de s’imposer comme le roi des juifs légitime, suivies par la destruction de dizaines de prétendants et de courants messianiques, puis les deux grandes révoltes juives qui furent désastreuses pour le peuple juif et sa terre (66-136 ap. J.-C.).
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Marie a donc été “témoin de nombreuses crucifixions, de décapitations et de l’exil et de la condamnation à l’esclavage de milliers de juifs”. Ce contexte politique a pu inspirer la prière du Magnificat : “Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur” (Lc, 1, 51-53).
5.La maison de Marie a été découverte à la suite de visions de Catherine Emmerich
La maison où Marie aurait terminé sa vie se situerait près de Selçuk, en Turquie, non loin de l’ancienne ville d’Éphèse. Elle a été découverte au XIXe siècle à la suite des visions de la mystique Catherine Emmerich. D’après ses visions, elle détaille avec précision : “Après l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Marie vécut environ trois ans à Sion, trois ans à Béthanie et neuf ans à Éphèse. Cependant la sainte Vierge ne demeurait pas à Éphèse même; sa maison était située à trois lieues et demie de là, sur une montagne qu’on voyait à gauche en venant de Jérusalem, et qui s’abaissait en pente douce vers la ville.”
C’est là qu’aurait vécu “le disciple que Jésus aimait”, celui à qui Jésus en croix aurait confié sa mère et qui est le plus souvent reconnu comme étant Jean l’Évangéliste lui même (Jn 19, 25-27). Si les données de l’archéologie ne permettent pas d’établir la certitude de ce lieu, l’Église catholique l’a accrédité comme lieu saint pour les chrétiens.
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