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Ce que nous dit la beauté de saint Joseph (4/9)

saint joseph

Saint Joseph de Murillo.

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Joseph-Marie Verlinde - publié le 30/12/20
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L’homme du silence, patron de la vie cachée, devait être un homme beau et sa beauté parlait pour lui.

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Quelque chose de la beauté de David (1 S 16,12) a pu passer à ses descendants, et aussi à Marie, que la Tradition nomme « la plus belle des femmes » (Ct 1, 8). Pour imaginer reconstituer le personnage de Joseph, le père Denis Buzy (1883-1965) — qui fut supérieur général des Prêtres du Sacré-Cœur de Bétharam — se laisse conduire par un raisonnement partant des Écritures : « David était beau (1 Sm 16,12), beau de visage, beau de cheveux, qu’il avait blonds ; beau de taille, qu’il avait avantageuse, même en ce printemps de sa jeunesse ; beau de force, car il se mesurait avec le lion ou l’ours du désert. La beauté de David a passé à tous ses descendants ; l’Écriture le signale, même quand ses fils ont fait de cette dangereuse beauté un usage criminel. [...] Nous pouvons dès lors supposer que cette beauté initiale, raffinée par des siècles de royauté et de malheurs, se conserva et se perpétua en l’époux de “la plus belle des femmes“ (Ct 1, 8). » Quant à Jésus, le fils « fils de Joseph » (Lc 4, 22) et de Marie, il devait être aussi d’une beauté incomparable. « Il devait en être ainsi, précise le père Buzy, puisque la tige de Jessé allait, après un millénaire de préparation et d’élaboration, s’épanouir en une fleur merveilleuse, et que la Vierge Marie devait donner le jour à Jésus, le plus beau des enfants des hommes (Ps 44, 3). Fils de David, choisi par Dieu pour devenir le père nourricier du plus beau des enfants, qui pourrait douter que Joseph n’eût reçu cet héritage de sa race ? Il devait être beau de jeunesse, beau de visage, beau de taille, beau de force, beau de candeur. Il était beau. Et la vertu ajoutait son charme à cette beauté . »

Image de la beauté de Dieu

Les Grandeurs de saint Joseph de Jean-Jacques Olier (1608-1657), fondateur de la communauté et du séminaire de Saint-Sulpice, comptent sans doute parmi les plus belles pages sur l’époux de Marie. Pour M. Olier, saint Joseph devait rendre perceptibles pour l’Enfant divin, les perfections adorables de Dieu son Père, « ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion ». Pour pouvoir être ainsi « l’image universelle de Dieu le Père en terre », saint Joseph a dû recevoir de Dieu une ressemblance de sa nature invisible et cachée : « Dieu le Père forme exprès de ses mains pour se figurer soi-même à son Fils unique, et lui mettre sans cesse devant les yeux son vrai portrait et son image comme une compensation dans le temps de son absence et une sorte de soulagement durant les années de son pèlerinage » (les Grandeurs de saint Joseph I 1, 1). Pour Jean-Jacques Olier, de tels privilèges mettent saint Joseph hors d’état d’être compris par les esprits des hommes. C’est donc par la foi que nous sommes invités à vénérer en saint Joseph ce que nous ne saurions comprendre.

Le regard clair, plein de noblesse

Dans son ouvrage La Vierge Marie, Jean Guitton (1901-1999) s’imagine « un Joseph jeune et fort, sylvestre, vivace comme ce berger libanais qui est décrit dans le Cantique. Plusieurs jeunes héros que la vie m’a permis de connaître aux champs et dans les armées, m’ont proposé ce genre d’homme au clair regard : paysans, soldats, aviateurs ; le mâle et le pur, associés dans un même éclat ».

Dans une lettre qu’il écrit le 24 mars 1911 depuis Prague à son ami Sylvain Pitt, Paul Claudel (1868-1955) se risque à quelques confidences sur la manière dont il se représente saint Joseph : « C’était à la fois un ouvrier et un gentilhomme. Il était souriant et silencieux, avec un grand nez noble, des bras musculeux et des mains dont un doigt était souvent enveloppé d’un linge comme il arrive à ceux qui travaillent le bois. Je le vois dans sa boutique un matin de soleil, j’entends la scie et le bruit sonore des morceaux de bois, j’entends un enfant qui vient le chercher et qui crie : “Joseph ! Joseph !” Sa boutique devait être chérie des enfants comme le sont toujours celles des menuisiers. »

Le patron de la vie cachée

« Puis, poursuit Claudel, je le vois qui revient de Jérusalem à l’étonnement de tout le monde, avec sa fiancée si jeune et si douce. Je les vois quand ils arrivent et la voisine complaisante qui avait préparé le ménage. Que de commentaires sur tout cela le soir à la fontaine ! Joseph est le patron de la vie cachée, l’Écriture ne rapporte pas de lui un seul mot. C’est le silence qui est père du Verbe. Que de contrastes chez lui ! Il est le patron des célibataires et celui des pères de famille, celui des laïcs et celui des contemplatifs ! Celui des prêtres et celui des hommes d’affaires. Car Joseph était charpentier. Il était obligé de discuter avec les clients et de signer de petits contrats, de poursuivre les débiteurs récalcitrants, de plaider, de compromettre, d’acheter ses fournitures au meilleur compte en réfléchissant sur les occasions, etc. »2


2 P. Claudel, Positions et propositions, II, Gallimard, Paris, 1934, p. 147-148.

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