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Lorsque nous fêtons Noël, nous fêtons le projet grandiose de notre adoption comme enfants de Dieu.
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L’Église ne manque pas d’ambition en choisissant de proclamer le Prologue de l’Évangile de Jean pour la messe de Noël (Jn 1, 1-18) : le texte le plus difficile de toute la Bible pour le jour où il y a le plus de chrétiens occasionnels ! Tant mieux, ça veut dire que l’Église prend tous les fidèles et même les moins fidèles au sérieux. L’Église croit fermement que tout homme de bonne volonté peut recevoir la Parole de Dieu, même exigeante, et l’accueillir dans son intelligence et dans son cœur.
Tout y est condensé
Dans les temps anciens, le Prologue de l’Évangile de Jean était même considéré à ce point important qu’on le lisait à la fin de chaque messe dominicale, quel que soit le moment de l’année. C’est qu’en effet tout y est condensé, comme d’ailleurs dans le mystère de Noël tout est condensé, puisque la Croix, le tombeau et la résurrection se profilent déjà derrière la Crèche. Le bois de l’étable et le bois de la Croix s’appellent l’un l’autre. En ce jour de Noël, et malgré la fatigue de la nuit, ça vaut peut-être la peine de méditer un peu ce texte.
Aussi étonnant que ça puisse paraître, le centre du Prologue, tant quant à sa matérialité textuelle que du point de vue théologique, n’est pas l’Incarnation du Verbe, ou sa préexistence. Non le centre matériel et théologique du Prologue, c’est le motif de cette Incarnation du Fils. Et le motif s’énonce ainsi : « Il [Jésus] nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (v.12). C’est de divinisation, qu’il s’agit ! L’antique serpent n’avait pas tort, dans la Genèse, lorsqu’il murmurait à Adam et Ève : « Vous serez comme des dieux. » Oh non, il n’avait pas tort, c’était même très exactement le projet de Dieu sur l’humanité. Seulement là où le démon voyait cette divinisation comme une conquête à faire, un droit à revendiquer, une volonté de puissance démultipliée à l’infini, Dieu voulait nous la donner comme un cadeau. Et Dieu voulait nous diviniser selon une modalité très particulière puisqu’il voulait, par Jésus, faire de nous des fils adoptifs.
Nous diviniser comme des fils
C’est l’adoption filiale : ce que le Fils, de toute éternité, est par nature, il nous invite à le devenir par grâce. C’est complètement fou ! À mode humain, non seulement l’enfant adoptif entre dans l’intimité de la famille, non seulement il a exactement les mêmes droits que l’enfant biologique, mais il finit par ressembler physiquement, psychologiquement, intellectuellement, à ses parents, parfois plus même que les enfants biologiques du couple. C’est cela que Dieu veut pour nous.
Dieu a envoyé son Fils dans la chair pour que nous devenions ses enfants, et les frères de son Fils.
Fils dans le Fils, fils à la manière du Fils. Ce n’est pas anodin. Après tout, on aurait très bien pu imaginer que ce soit l’Esprit-Saint qui s’incarne au lieu du Fils, voire le Père même si c’est plus difficile à concevoir. Saint Thomas d’Aquin se pose d’ailleurs la question : pourquoi est-ce le Fils qui s’incarne plutôt qu’une autre personne de la Trinité ? Et comme ça ne s’est probablement pas joué à pile ou face un jour où les Trois s’ennuyaient, il faut bien y voir une convenance toute particulière. Si c’est le Fils qui s’incarne, et non pas le Père ou l’Esprit, c’est que Dieu voulait nous diviniser, certes, mais pas n’importe comment. Dieu voulait nous faire partager sa vie divine pour l’éternité, bien sûr, mais pas de manière indistincte. Non, Dieu voulait nous diviniser à la manière du Fils. Dieu a envoyé son Fils dans la chair pour que nous puissions retrouver notre filiation perdue. Dieu a envoyé son Fils dans la chair pour que nous devenions ses enfants, et les frères de son Fils.
Ses enfants d’adoption
Ce n’est pas là une métaphore, une image. Non, c’est très exactement la vérité la plus profonde de ce que nous sommes et du projet de Dieu sur l’humanité. Dieu le Père n’est pas un père par pure métaphore. Dieu le Père est vraiment Père, c’est même de lui que toute paternité au ciel et sur la terre trouve son nom nous avertit saint Paul (Eph 3, 15). Et si Dieu le Père n’est pas un père par métaphore, si le Fils éternel n’est pas Fils par métaphore au sein de la Trinité, nous ne sommes pas appelés enfants de Dieu par métaphore non plus, ni frères de Jésus comme une image qu’on pourrait remplacer par une autre. Le Père éternel veut faire de nous ses enfants d’adoption, en nous unissant à la personne de son Fils venu en notre chair. Lorsque nous fêtons Noël, c’est ça, c’est ce projet grandiose et sa réalisation déjà commencée que nous fêtons. Nous sommes appelés à devenir fils dans le Fils.
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Comment est-ce que cette adoption filiale nous fait-elle ressembler au Christ lui-même ? Par le don de la grâce. Or la grâce, cette participation à la vie divine qui nous est communiquée par le Christ, n’est pas quelque chose d’extérieur au Christ. Non, la grâce, c’est quelque chose de Jésus lui-même, c’est aussi son Esprit, c’est son intimité même et c’est Lui-même. C’est ainsi que la grâce reçue au baptême, augmentée dans les sacrements, cultivée dans une vie de foi, d’espérance et de charité, nous fait ressembler véritablement au Christ. Et cette grâce qui vient du Christ mais qui est le Christ lui-même en tant qu’il se communique, fait de nous des fils du Père, et donc ses frères. Cette grâce du Christ nous divinise à la manière du Fils, c’est-à-dire comme nous recevant entièrement du Père, comme adorateurs, comme prêtres et comme victimes, comme serviteurs, comme amis, et enfin comme héritiers parce que fils. Nous sommes fils dans le Fils, au sens où le Christ est l’exemplaire, la forme et la fin de notre adoption filiale. C’est en étant configuré au Christ, à la fois en sa divinité et en son humanité, que nous sommes fils.
Vivre comme des fils à l’école du Fils
Enfants de Dieu, nous le sommes, par notre baptême. Nous le serons pleinement dans la gloire. Lorsque nous serons divinisés dans la gloire, lorsque nous participerons à la joie éternelle de Dieu au sein de la Trinité, c’est à la manière du Fils que nous y participerons. Entretemps, il nous faut vivre en enfants de Dieu, comme nous le pouvons, dociles à l’Esprit-Saint qui nous conduit au Père, par le Fils.
Devenir dès cette vie des fils à l’école du Fils, nous reconnaître fils du Père. C’est peut-être le plus difficile ! Dans une époque qui croit avec Freud et Nietzsche qu’on ne devient vraiment libre qu’en tuant le père, voici que l’Évangile nous enseigne le contraire : c’est en devenant des fils, et en le devenant de plus en plus, que nous accédons à la liberté véritable et à un bonheur tellement durable qu’il est éternel. Cela, nous l’apprenons à l’école de l’humilité, en contemplant l’enfant Jésus de la crèche.
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