Traversant à deux reprises, entre mars et décembre, des périodes de confinement plus ou moins strictes, entraînant notamment la suspension des cultes, les chrétiens ont su nourrir leur foi grâce à des traditions, méconnues jusqu’alors, d’une grande richesse spirituelle.
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L’Eglise catholique a plus d’un tour dans son sac lorsqu’il s’agit de faire face à des conditions exceptionnelles. Entre traditions multiséculaires, pour la plupart redécouvertes en ces temps troublés, et solutions connectées, les chrétiens ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation durant ces longs mois éprouvés par l’épidémie de Covid-19. Le 17 mars 2020, premier jour du confinement en France, le temps s’est suspendu. Plus de déplacements, plus d’école, plus de messes. Si l’été a fait entrapercevoir un semblant de vie normale, le second confinement décrété le 29 octobre a de nouveau privé les fidèles de rassemblements communautaires. Cependant, si les corps étaient plus ou moins cloîtrés, les âmes, elles, n’étaient pas délaissées. Retour sur ces trésors de spiritualité, grâce auxquels la relation d’amour entre Dieu et les hommes demeure vivante, quelles que soient les circonstances.
La communion spirituelle
La communion spirituelle ou « de désir » remonte au temps des martyrs chrétiens. Elle était proposée aux fidèles qui se trouvaient dans l’impossibilité de recevoir le sacrement de l’Eucharistie pour des raisons de persécutions ou d’isolement. Le confinement, considéré comme un cas de force majeure, a remis au goût du jour cette démarche spirituelle en vue de s’unir au Christ, malgré l’absence de communion sacramentelle. Dès le XIIIe siècle, saint Thomas d’Aquin distingue en effet deux manières de recevoir l’Eucharistie : l’une sacramentelle, par laquelle on reçoit le sacrement et ses effets, et l’autre spirituelle, par laquelle on reçoit l’effet du sacrement qui consiste à être spirituellement uni au Christ (Somme théologique). Dans ce dernier cas, c’est le désir de recevoir les fruits de ce sacrement par un amour ardent, une foi vive, un esprit d’humilité et d’espérance, qui nous unit spirituellement au Christ.
Le Concile de Trente, puis de nombreux saints et papes ont justifié cette tradition. Saint Jean-Marie Vianney disait : “Si nous sommes privés de la communion sacramentelle, remplaçons-la, au moins autant qu’il se peut, par la communion spirituelle. C’est celle que nous pouvons faire à chaque instant, car nous devons toujours être dans un désir brûlant de recevoir le Bon Dieu.” Saint Jean-Paul II y exhorte également dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia : “Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, communiez spirituellement, c’est là une méthode très avantageuse ; vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur”.
La communion en dehors de la messe
Ce n’est que lors du second confinement, alors que les cultes sont à nouveau suspendus, que les chrétiens redécouvrent un rituel bref, permettant d’avoir accès à la communion quand ils sont empêchés d’assister à la messe. Un rituel qui remonterait aux premiers siècles de l’Église, lorsqu’on conservait du pain eucharistique, après la célébration, pour l’apporter aux mourants. Le concile de Nicée, en 325, parlait déjà d’une « règle ancienne interdisant de priver du dernier et très nécessaire viatique celui qui est près de la mort. » En outre, en ces temps où la messe n’était célébrée que le dimanche, il arrivait que les fidèles emportent chez eux le corps du Christ, pour qu’il soit chaque jour leur première nourriture.
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De nos jours, le Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe prévoit un « rite bref » qui permet aux fidèles de recevoir la communion eucharistique lorsqu’une célébration communautaire n’est pas possible. « Il permet de donner la communion aux fidèles et établit le lien qu’il y a entre la célébration sacramentelle eucharistique et le fait de donner la communion en dehors de la messe dans la mesure où les circonstances ne permettent pas de s’y rendre », précisait à Aleteia Bernadette Mélois, directrice du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS). De nombreuses paroisses se sont organisées pour donner ainsi la communion.
La confession de désir
L’une des rares obligations du baptisé consiste à se confesser une fois par an : « Tout fidèle est tenu par l’obligation de confesser ses péchés au moins une fois par an », dit le Catéchisme de l’Église catholique (CEC, 2042). D’ordinaire, cette confession annuelle minimum se pratique dans les jours précédant la fête de Pâques. Dans ce contexte d’épidémie, le décret de la Pénitencerie apostolique du 19 mars 2020 comportait cette disposition : « Ceux qui n’ont pas accès au sacrement de Pénitence peuvent demander à Dieu le pardon de leurs péchés — même mortels — d’un cœur contrit et sincère, avec la ferme résolution de recourir à la confession sacramentelle dès que possible. » Le lendemain, le pape François confirmait : « Si tu ne trouves pas de confesseur, il faut que tu t’adresses directement à Dieu », sans omettre de préciser la nécessité d’aller se confesser plus tard.
La communion des priants
La distanciation sociale n’a pas eu raison de l’union des âmes et des cœurs à travers la prière. Les initiatives se sont multipliées, notamment par les réseaux sociaux, pour proposer et lancer des chaînes de prière reliant les fidèles entre eux. Des temps de louange en ligne ont vu le jour. La grande neuvaine à la Vierge Marie avant la fête de l’Immaculée Conception a rassemblé des milliers de catholiques dans toute la France. Ont éclos également des « monastères invisibles », dont la vocation est de rassembler des personnes dans une même communauté de prière, autour d’une même démarche et d’intentions partagées. « Ce lien invisible mais bien réel de la prière, qui permet de garder toutes ces personnes en lien avec la vie de la communauté paroissiale, a pris un relief nouveau et une importance particulière, en ce temps où nous ne pouvions plus nous rassembler pour célébrer l’eucharistie », constate le père Samuel Berry pour sa paroisse de saint Leu-la-Forêt, dans le Val d’Oise. Une communion de priants puissante, salvatrice, dont le père René Rousseau, prêtre du Loiret ayant passé quatre semaines dans le coma, s’est fait le témoin.
La prière familiale et les célébrations domestiques
Ces deux périodes de confinement ont également laissé s’épanouir une spiritualité familiale, propre à chaque foyer. Chaque famille a inventé ou réinventé une manière de prier ensemble. Dans des agendas désorganisés en raison des fermetures d’école, la prière familiale a finalement trouvé une place de choix chez certains. Ainsi, en mars, cette mère de famille de cinq enfants invitait sur Instagram à s’unir au chapelet qu’ils récitaient chez eux tous les matins, à 8h30. « Beaucoup de familles redécouvrent le sens de la prière, de l’écoute de la parole de Dieu, de la louange, de l’intercession et de la compassion », confiait à nos confrères de Famille Chrétienne Laetitia Calmeyn, vierge consacrée du diocèse de Paris et professeur de théologie au Collège des Bernardins. « Le fait de ne plus se rendre à la messe nous donne d’approfondir la manière dont nous sommes chrétiens en famille, mais aussi avec nos proches, nos voisins… ».
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Au-delà de la prière, c’est aussi à travers les liturgies domestiques que certaines familles se sont pleinement appropriées l’exhortation de saint Jean Chrysostome à « faire de sa maison une Église ». De très nombreux foyers ont organisé chaque dimanche des célébrations domestiques, comme celles proposées par Aleteia, afin d’écouter et méditer la Parole de Dieu.
Des trésors en ligne
Si la messe retransmise à la télévision n’était pas une nouveauté, il n’en demeure pas moins que de nombreux fidèles ont pu en faire l’expérience, certes contraints, lors de ces deux confinements. D’autres ont pu suivre la messe avec leur curé habituel, si leur paroisse la diffusait sur YouTube ou Facebook. Outre la messe, de nombreuses initiatives ont été proposées en ligne : des formations, tel le MOOC de la messe, des parcours, comme La Traversée, ou encore des cours de catéchisme.
Adoration eucharistique
Les messes étaient suspendues, mais les églises, elles, restaient ouvertes. Un très grand nombre de paroisses a donc proposé des temps d’adoration devant le Saint-Sacrement. Les fidèles ont ainsi pu renouer avec l’adoration eucharistique et fortifié leur relation avec le Seigneur. A Bordeaux, quelques fidèles de l’église du Sacré-Cœur, église votive au même titre que Montmartre, adorent de manière perpétuelle depuis plus de 15 ans. Le confinement n’a pas brisé cette immense chaîne de prière, et au contraire, de nouveaux maillons s’y sont greffés. « La limitation du déplacement à un kilomètre a empêché de plus en plus d’adorateurs de venir jusqu’à l’église. Beaucoup d’entre eux sont restés fidèles à l’heure en adorant le Seigneur en esprit depuis leur maison. Des adorateurs du quartier ont multiplié leurs heures et de nouveaux adorateurs se sont présentés. Jours et nuits le Sacré-Cœur a pu continuer à battre ! », témoigne le curé, le père Benoît.
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