Après l’emballement médiatique, le recteur de Notre-Dame de Montligeon livre son analyse des événements qui ont mis en cause la responsabilité du sanctuaire. Dans un contexte de crise dramatique, l’urgence appelle des artisans de vérité et d’unité au service de la paix.
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Le 17 novembre au soir, un quotidien régional publiait un article laissant entendre que le sanctuaire de Montligeon avait accueilli un groupe de pèlerins sans que « l’Agence régionale de santé n’ait été alertée » et « qu’aucune demande d’autorisation préalable n’ait été demandée » à la préfecture. Le virus s’est en effet malheureusement propagé au sein de ce groupe malgré les consignes rigoureuses mises en place, mais je le confirme, il n’était pas nécessaire de déclarer cette réunion à l’époque. Quelques heures plus tard, dans un contexte sanitaire et ecclésial tendu et malgré un démenti conjoint de la préfecture, de l’ARS et du sanctuaire, l’information était rediffusée par des médias nationaux, sans aucune vérification. Un emballement s’en est suivi, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux, suscitant parfois des réactions extrêmement virulentes à l’égard du sanctuaire.
Cet événement, qui a eu des répercussions très négatives sur l’image du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, a été particulièrement dur à vivre, en particulier pour la soixantaine de salariés, bénévoles, religieuses et prêtres qui ont beaucoup donné d’eux-mêmes ces derniers mois pour faire face à une crise sanitaire et sociale sans précédent. Et ce, dans des conditions d’autant plus compliquées que les consignes étaient souvent aussi fluctuantes que les incertitudes liées à la pandémie.
Un lieu de pèlerinage et d’hospitalité
Dès le départ, nous avons suivi rigoureusement ces consignes, en lien avec la préfecture qui a été d’un grand soutien tout au long de la crise. Avec elle, avec le soutien de nos salariés et bénévoles, nous avons en particulier pu mettre nos locaux, pendant les confinements successifs et en toute sécurité, à disposition de personnes en situation de grande précarité (femmes victimes de violences, migrants…). Une belle façon de continuer à faire vivre le sanctuaire alors que nos pèlerins en sont privés !
Le sanctuaire de Montligeon est un lieu de pèlerinage — l’un des sites les plus visités du département de l’Orne — qui accueille toute l’année des groupes et des individuels au sein d’une hôtellerie, d’un restaurant et de salles de réunion réunis en Établissement recevant du public (ERP). De ce fait, comme pour tous les restaurateurs et hôteliers, l’année 2020 aura été particulièrement éprouvante sur le plan économique. Dans ce contexte, l’emballement médiatique suscité après la publication de cet article est pour un coup dur qui vient mettre à mal une entreprise composée avant tout d’hommes et de femmes dévoués au service de la vocation du sanctuaire : l’accueil, l’écoute et la consolation de personnes se trouvant dans des situations de grande souffrance.
Être des artisans de vérité
Aujourd’hui, alors que la tempête médiatique s’est apaisée, je tiens à dire combien cet épisode malheureux, qui n’est finalement que peu de choses face aux drames que vivent nombre de personnes dans leur corps et dans leur âme, nous rappelle l’urgence d’être des artisans de vérité et d’unité au service de la paix.
Aux jugements faciles, préférons la bienveillance — en particulier sur les réseaux sociaux —, prenons le temps de vérifier les informations que nous relayons, de comprendre les différentes positions, de se parler et, surtout, d’être attentifs aux plus faibles
Le contexte actuel a bien des raisons de nous inquiéter : conséquences morales, politiques et économiques de la crise sanitaire, difficulté à nous projeter, terrorisme et violence, fracture sociale de plus en plus marquée dans notre pays… Tout cela n’est pas une fatalité et nous pouvons inverser cette tendance ! En ces temps de grande confusion, nous sommes invités à prendre de la hauteur par rapport aux événements afin de nous soutenir plutôt que de nous opposer. Aux jugements faciles, préférons la bienveillance — en particulier sur les réseaux sociaux —, prenons le temps de vérifier les informations que nous relayons, de comprendre les différentes positions, de se parler et, surtout, d’être attentifs aux plus faibles d’entre nous qui sont les premières victimes de cette crise dramatique.
Au service de la paix
Les médias et les autres moyens de communication peuvent être une force extraordinaire pour soutenir ce lien. Face au dangereux virus du mensonge et des fake news, le pape François rappelait en 2018 le beau devoir des journalistes de rechercher la vérité et non de la fabriquer : « L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité. » Alors que la fête de Noël approche, éveillant notre soif de paix, n’ayons pas peur de nous engager, chacun à notre place et dans la vérité, au service de cette paix.
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