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Le "vrai cœur marial de la chrétienté", c'est ainsi que saint Jean Paul II, habitué du lieu, définissait le sanctuaire de Lorette. Situé près d'Ancône en Italie, Loreto, son nom italien, abrite la Santa Casa della Vergine Maria (Sainte Maison de la Vierge Marie). Selon la tradition, au XIIIe siècle, des anges auraient porté la demeure de la Vierge depuis Nazareth jusque Lorette. Et c’est entre ses murs que Marie aurait reçu la visite de l’ange Gabriel et prononcé son fiat. C’est aussi là que le Christ aurait grandi. D’autres sources rapportent qu’un bateau aurait acheminé les pierres qui, après une étape en actuelle Croatie, arrivèrent à bon port le 10 décembre 1294.
Ce lieu devient alors le pèlerinage le plus important d’Occident durant près de trois siècles. Aujourd'hui, la Sainte Maison présente toujours en son sein la statue de la Madone Noire, elle a conservé jusqu’aux spoliations napoléoniennes de 1797 les reliques les plus importantes du culte marial, à savoir le manteau de la Vierge et les saintes écuelles (c’est-à-dire la vaisselle de la Sainte Famille).
Des saints pèlerins
Pendant des siècles et grâce à sa notoriété, tous les pèlerins se rendant à Jérusalem passaient par Rome et Lorette. Parmi eux, notamment entre la fin du XIIIe et la fin du XIX siècle, des personnalités d’Europe et des ambassadeurs du monde entier comme Charles Quint, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille s’y sont rendus en pèlerinage, mais aussi des grands saints. Les annales du sanctuaire comptent environ 200 saints et béatifiés et pas n’importe lesquels : saint Ignace de Loyola, saint François de Paule, saint François-Xavier, saint François Borgia, saint François de Sales…
Ce dernier, accompagné du révérend Déage et de son frère Gallois, décide en 1588 de poursuivre ses études à Padoue. Cherchant conseil et aide, il se met sous la direction spirituelle du père jésuite Antoine Possevin, qui lui fait faire les Exercices spirituels. Refusant la vie mondaine, il mène une existence très austère et tombe gravement malade. Croyant mourir, il demande même que l'on donne son corps à la science. Le futur saint guérit cependant et, après deux ans d’études à Padoue, reçoit son diplôme de doctorat des mains du célèbre Pancirola en 1592. En signe de gratitude, il se rend en pèlerinage tout naturellement à Lorette avant de retourner s’installer en Savoie où le 18 décembre 1593, il est ordonné prêtre.