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L’année 2021 sera l’année de saint Joseph, a fait savoir le cardinal Piacenza dans un décret publié ce 8 décembre 2020. Un choix singulier, qui doit favoriser la conversion demandée par le pape François après une douloureuse année 2020. Le monde de demain, celui qui doit apprendre les leçons de la crise globale, a "besoin de pères", a insisté le pontife dans sa lettre apostolique Patris corde ("Avec un cœur de père", en latin), publiée le même jour.
Joseph, constate-t-il, sans être un père biologique, a joué ce rôle paternel souvent négligé auprès du jeune Jésus. La paternité divine du Christ ne doit pas faire oublier celle dont peut se prévaloir le charpentier. Depuis Bethléem jusqu’à Nazareth en passant par l’Égypte ou Jérusalem, Joseph a été un père. Par son éducation, sa protection et son amour, il a agit même comme une "ombre de l’unique Père céleste", estime l’évêque de Rome.
Saint Joseph, note le pontife, est "un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés". Il est l’image d’une sainteté invisible, celle du quotidien, "de la porte d’à coté" ou "de la deuxième ligne", qui se révèle quand tout va mal, et vient réconforter et secourir. En ce sens, Joseph a "un rôle inégalé dans l’histoire du salut", insiste le primat d’Italie.
Un saint aimé du peuple et des papes
La dévotion à saint Joseph est très ancienne, et se retrouve partout où l’Église s’est enracinée. Mais Joseph est une figure que les papes, depuis Pie IX, ont particulièrement mise en avant. "Après Marie, Mère de Dieu, aucun saint n’a occupé autant de place dans le Magistère pontifical que Joseph, son époux", reconnaît d’ailleurs le pape François qui voue lui-même une affection toute particulière pour le patron de l’Église universelle.
Le 1er mai dernier, jour de la saint Joseph artisan, le pape François avait ainsi célébré sa messe quotidienne, dans la résidence Sainte-Marthe, à côté d’une statue du saint protecteur enseignant son métier à Jésus enfant. Cette représentation avait été commandée en 1956 par le pape Pie XII et présentée cette année-là le jour de l’institution de la solennité par le pape italien. En 1956, c’était la difficile reconstruction de l’Europe, ravagée par la guerre, qui était placée sous la protection de l’Époux de la Vierge. En 2020, le pape François avait pour sa part confié les personnes perdant leur travail ou éprouvant des difficultés à cause de la crise sanitaire.
La plus sûre espérance chrétienne après la Vierge
En annonçant l’organisation d’une année Saint Joseph un 8 décembre, le pape François rend aussi hommage à l’importance qu’a su donner son prédécesseur Pie IX (1846-1878) au père nourricier du Christ. Un an après son élection, le pontife italien avait en effet établi la fête de Saint Joseph au troisième dimanche après Pâques, soulignant le rôle de celui qu’il avait décrit en 1854 comme "la plus sûre espérance de l’Église après la Sainte Vierge". Le statut de Joseph dans les Évangiles est peu détaillé et s’efface nettement derrière la Vierge Marie et le Christ. Mais cette place discrète justifie paradoxalement selon Pie IX le choix d’en faire, en 1870, le patron de l’Église universelle. Et une fois de plus, c’est lors d’une période de crise – en l’occurrence celle de la perte des États pontificaux – qu’un pontife se place sous la protection du saint charpentier. 150 ans plus tard, le pape François renouvelle lui aussi l’acte de dévotion de son prédécesseur, en faisant l’artisan de la nouvelle charpente de nos sociétés.
En 1889, dans son encyclique Quamquam pluries, le pape Léon XIII (1878-1903) avait pour sa part donné une belle explication au statut de patron de l’Église universelle défini par Pie IX. Pour lui, "la divine maison que Joseph gouverna avec l’autorité du père contenait les prémices de l’Église naissante". Joseph est le pape d’une fécondation créative et guidée par la grâce. Comme Marie devant l’Ange ou Jésus à Gethsémani, Joseph "a su prononcer son “fiat“", déclare pour sa part l’actuel souverain pontife dans sa lettre du 8 décembre 2020. "Être père signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité. Ne pas le retenir, ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder, mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs", affirme-t-il encore.
La noblesse du travailleur
Benoît XV (1914-1922), dans Bonum sane (1920), avait quant à lui loué la noblesse du charpentier : "Car Joseph, de sang royal, uni par le mariage à la plus grande et la plus sainte des femmes, réputé père du Fils de Dieu, passa sa vie à travailler, et gagna par le labeur de l'artisan le soutien nécessaire de sa famille." Dans une période marquée par les révolutions prolétaires, Benoît XV voyait en Joseph la preuve que "la condition des humbles n'a rien de honteux". Une réflexion poursuivie par son homonyme Benoît XVI, en 2006, qui avait affirmé au cours d’une homélie : "Il faut vivre une spiritualité qui aide les chrétiens à se sanctifier à travers le travail, en imitant saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins de la Sainte Famille de ses propres mains et que, pour cette raison, l’Église indique comme Patron des travailleurs". Le pape allemand avait confié au saint protecteur "les jeunes qui parviennent avec difficulté à s'insérer dans le monde du travail, les chômeurs et ceux qui souffrent des problèmes dus à l'importante crise de l'emploi", une thématique une nouvelle fois saluée par le pape François dans Patris corde.
En 1989, dans son encyclique Redemptoris Custos, Jean Paul II avait lui aussi consacré un texte à l’importance de Joseph. Il avait pour sa part souligné "l’exemple de saint Joseph qui s’est consacré tout entier à servir le Verbe incarné". Sept ans auparavant, en 1982, il lui avait de plus accordé le titre de "gardien du Rédempteur", que justifiait selon lui sa "foi héroïque à toute épreuve". Une déclaration confirmée par le pape François en 2020 : "Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi."