Faire une découverte sans le faire exprès est tout un art. Dans l’imprévu, se cache peut-être une opportunité, à condition d’être attentif et prudent.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Quand la cuisine n’existait pas encore et que les hommes mangeaient de la viande crue, vivait en Chine un éleveur de porcs nommé Bo-Bo. Bo-Bo avait un gros défaut : depuis qu’il avait appris à faire du feu, il en allumait partout. Un jour où on lui demanda de garder six petits cochons dans sa hutte, Bo-Bo comme à son habitude, joua avec le feu. Ce qui devait arriver arriva, sa maison de bois s’embrasa.
Effondré, Bo-Bo pleura sa pauvre hutte mais surtout ses petits cochons de lait. Sanglotant amèrement, il s’approcha de ce qu’il en restait : c’est alors qu’une odeur nouvelle et merveilleuse lui parvint aux narines. Bo-Bo fut tout étonné : jamais il n’avait respiré parfum aussi délicieux et original. Le jeune porcher comprit alors que cette odeur alléchante venait de ses petits cochons : délicatement, il détacha un morceau de chair rôtie qu’il porta à sa bouche.
Un dénouement heureux
La saveur se révéla aussi délicieuse que l’odeur ! Dans sa joie, Bo-Bo oublie sa maison brûlée et fait goûter un morceau de viande grillée à son père qui justement, revient de la forêt. Quel régal ! Dans leur hâte de renouveler l’expérience, le père et le fils rebâtissent une maison qu’ils font aussitôt brûler, en ayant pris soin d’y enfermer d’autres porcelets. Les voisins sont invités au banquet : conquis par cette trouvaille, la recette des maisons incendiées se répand dans tout le village.
Au sein d’une catastrophe que l’on n’a pas choisie, rester réceptif à l’inattendu qu’elle recèle souvent
La justice s’en mêle : Bo-Bo père et fils sont dénoncés pour avoir transformé les villageois en pyromanes. Mais tous deux sont finalement acquittés : les juges eux-mêmes brûlent en secret leur propre cabane pour les mêmes raisons. Les incendies continuent à se multiplier dans la contrée, jusqu’à l’arrivée d’un vieux sage venu des hautes montagnes tibétaines. Il fait sensation en apportant une très bonne nouvelle : on n’est pas obligé de brûler sa maison pour griller sa viande ! Vraiment !
L’art subtil de la sérendipité
Ce conte chinois redessiné par le poète anglais Charles Lamb (1775-1834) est l’un des tout premiers récits que nous offrent Danièle Bourcier et Pek van Andel dans leur livre C’est quoi la sérendipité ? (Courrier du livre). Je me suis permis de le raconter à ma façon. Ce conte me paraît bien illustrer la sérendipité dans notre situation actuelle : préparer Noël en temps de pandémie, percevoir du merveilleux dans l’inquiétude devant l’avenir du monde… « L’art de découvrir ou d’inventer, en prêtant attention à ce qui surprend, et en imaginant une interprétation pertinente. » Voilà comment la chercheuse Sylvie Catelin définit la sérendipité. Devant un obstacle majeur, notre benêt Bo-Bo peut devenir une référence de la sérendipité : au sein d’une catastrophe que l’on n’a pas choisie, rester réceptif à l’inattendu qu’elle recèle souvent.
Une attitude heureuse qui ne l’est pas toujours
Souvent, mais pas toujours. Toute catastrophe ne recèle pas forcément trésor caché. Sans jamais être sûr de le trouver, à chacun cependant de rester vigilant, attentif aux détails cachés derrière le vacarme d’un événement, de prendre le temps de les observer pour faire peut-être une belle découverte. Quand surgit le merveilleux, l’inespéré, il y a toujours quelqu’un pour l’accueillir.
Lire aussi :
Ces petits riens qui nous mettent en joie