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Jauge de 30 personnes : les catholiques unis pour contester une mesure “inapplicable”

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Agnès Pinard Legry - publié le 26/11/20 - mis à jour le 30/11/20 le 11:59
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Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé ce jeudi le maintien de la jauge de 30 personnes dans les églises, peu importe la taille de l’édifice, pour la reprise des messes publiques dès ce samedi 28 novembre. Regrettant cette obstination qu’ils jugent inapplicable, des évêques envisagent des recours juridiques. Certains encouragent d’ores et déjà leurs prêtres à refuser de “sélectionner” les fidèles.

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C’est une annonce qui ne passe pas. Lors de sa conférence de presse détaillant les modalités du déconfinement ce jeudi matin, le Premier ministre, Jean Castex, a confirmé la reprise des cultes ainsi que la jauge de 30 personnes mardi soir. “Ces lieux accueilleront d’abord 30 personnes, dans le respect des règles sanitaires”, a-t-il indiqué. “Puis cette jauge évoluera progressivement en fonction de la situation sanitaire et de l’échéance du 15 décembre […] Comme d’autres établissements recevant du public, il pourra s’agir d’une jauge en fonction de la capacité globale d’accueil du lieu. Les discussions se poursuivent avec les autorités religieuses.”

Des discussions en cours

Depuis l’annonce de cette limite de 30 personnes par Emmanuel Macron mardi soir, l’incompréhension et la colère des catholiques ne cesse de prendre de l’ampleur. La Conférence des évêques de France (CEF), dont le président Mgr Eric de Moulins-Beaufort s’est entretenu par téléphone avec Emmanuel Macron dans la foulée de l’annonce, avait assuré qu'”une jauge réaliste, tout en restant stricte, sera définie d’ici jeudi matin”.

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Ludovic MARIN / POOL / AFP
Jean Castex.

Les discussions entre le gouvernement et les représentants religieux ont-elles échouées ? Sont-elles reportées à début décembre ? Ou reste-t-il une possibilité d’évolution de la jauge pour ce week-end ? Dans tous les cas, juridiquement parlant, “une annonce télévisée n’a aucune valeur juridique en soi”, souligne Maître Henri de Beauregard, l’un des avocats qui avaient déposé un référé-liberté devant le Conseil d’État. C’est le décret, qui doit être publié ce vendredi 27 novembre qui pourra être attaqué.

Un retour au Conseil d’État ?

Une chose est sûre, si la jauge des 30 personnes est fixée par décret, des référés-libertés seront adressés au Conseil d’État dès la publication du décret. Pourquoi les célébrations religieuses seraient-elles limitées à 30 personnes alors que le protocole d’entreprise mis en œuvre par le ministère du Travail précise que l’espace distanciel du salarié en entreprise est de 4m² et que les commerces de grande distribution ont donné leur accord pour la règle des 4m². Cette jauge serait même, selon Maître Henri de Beauregard, illégale car il s’agirait “d’une inégalité de traitement entre les cultes et les commerces”.

“La CEF s’interroge sur les véritables critères utilisés par le gouvernement pour fixer les conditions de ce confinement”, a-t-elle réagi jeudi. “Certes les cultes ne sont pas des commerces mais traiter ainsi les religions, c’est considérer comme accessoire la foi de millions de croyants. C’est une grave erreur pour notre société tout entière”. Dans ce contexte “la CEF se réserve toujours la possibilité d’utiliser les moyens de droit appropriés”, a-t-elle assuré. Une réaction vive, directe, à l’image de ce que ressentent aujourd’hui les catholiques de France.



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Humiliés et méprisés, “les chrétiens sont aujourd’hui blessés”, ont assuré les fondateurs de la pétition en ligne “Pour la messe” qui a rassemblé plus de 100.000 signataires. “La parole présidentielle n’a manifestement plus de valeur et il est aujourd’hui difficile de lui accorder du crédit. Il reste quelques heures au gouvernement pour modifier le décret attendu et fixant officiellement les règles qui seront en vigueur à compter du 28 novembre. Dans le cas contraire, le Conseil d’État sera de nouveau saisi pour mettre un terme à ce deux poids deux mesures”. Les manifestations qui ont eu lieu ces derniers week-ends devant plusieurs églises et cathédrales de France pour demander le retour de la messe devraient également se poursuivre.

Du côté ecclésial, les évêques et les prêtres oscillent entre incompréhension, colère et détermination. “Il y a un manquement à sa parole de la part du président de la République”, résume auprès d’Aleteia l’évêque de Nanterre, Mgr Matthieu Rougé. “Il faut être capable de dire qu’il n’est pas correct, quand on a pris l’initiative de proposer une évolution, de ne pas tenir sa parole, sans le justifier d’aucune manière. Il n’y a pas de colère, il y a de la détermination paisible, sereine, mais profonde”. Manifestant “son incompréhension, son indignation et son inquiétude” Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, a déclaré faire appel “au sens de la responsabilité des prêtres et des fidèles pour maintenir au mieux les règles sanitaires dans ce cadre inapplicable”. “Jean Castex, arrêtez de nous mener en bateau. Les chrétiens sont des gens responsables”, a lancé très directement Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et Embrun, sur Twitter.

Les prêtres invités à ne pas compter les fidèles

Aucun esprit libre ne devrait admettre que des restrictions si absurdes puissent être imposées arbitrairement à un droit fondamental.

“Les prêtres n’ont pas à compter les fidèles dans le but de les exclure” a indiqué jeudi en fin de journée Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes. Dimanche, “ils accueilleront donc les fidèles qui viendront, en leur demandant le strict respect des gestes barrières”. Une recommandation que plusieurs diocèses ont d’ores et déjà faite à leurs prêtres. À Versailles, par exemple, Mgr Aumônier et son auxiliaire Mgr Valentin considérant “qu’ils ne peuvent demander aux curés l’application de mesures inapplicables compte-tenu du nombre de messes qu’il faudrait ainsi programmer le dimanche dans les églises des Yvelines” ont indiqué faire “confiance aux curés pour apprécier la situation de leur paroisse” et les ont invité “à accueillir les fidèles à raison de 4m2 par personne selon le protocole sanitaire proposé par la Conférence des Evêques de France, c’est-à-dire un tiers de la capacité habituelle d’accueil des églises.”

Les propos du premier ministre ont également fait réagir au sein de la classe politique. Cela restera “comme l’une des nombreuses absurdités inutilement liberticides pondues par des bureaucrates hors sol qui ont la tête dans des tableaux excel plutôt que dans la réalité”, a lancé le sénateur (LR) Bruno Retailleau avant de s’interroger : “Quel est le but? Humilier les croyants?”. Une décision qui traduit “un mélange d’incompétence, d’idéologie et d’obstination” et qui “menace clairement nos libertés fondamentales – sans aucun intérêt sanitaire”, s’est emporté le député européen LR François-Xavier Bellamy. “Maintenir, uniquement pour les cultes, cette jauge fixe de trente personnes, dans une cathédrale comme une chapelle, est tout simplement stupide. Aucun esprit libre ne devrait admettre que des restrictions si absurdes puissent être imposées arbitrairement à un droit fondamental”.

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