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Pourquoi la sainteté est le meilleur auxiliaire de la mission

Un jeune prêtre des Missions Etrangères de Paris a la rencontre du peuple khmer.

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Jean-Michel Castaing - publié le 21/11/20
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Le but ultime de la mission consiste à amener Dieu aux hommes. Il est donc logique que plus le missionnaire est uni à Celui qui l’envoie, plus il aura des chances de réussir dans son entreprise.

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En dernière analyse, tous les historiens du christianisme conviennent que seule la sainteté, sur le long terme, est missionnaire. Non pas qu’il faille attendre d’être un saint pour agir en Église. Ce primat de la sainteté signifie que c’est en laissant la priorité à Dieu que nos efforts ont des chances d’être récompensés d’effets conséquents. Telle est la première leçon des saints : ils Lui ont donné la première place dans leurs vies. Là réside la principale explication de la fécondité de leurs labeurs. 

C’est la raison pour laquelle le désir de devenir saint(e) est déjà un acte authentiquement missionnaire. Dieu seul touche les cœurs. En se proposant de Lui laisser la première place dans son existence, le chrétien devient de la sorte comme un vitrail qui laisse passer la lumière divine dans ses rapports avec les autres. Dieu se sert de lui pour toucher l’esprit des personnes qu’il accoste.

Comment transporter Dieu avec nous ?       

Dans ses plans, le missionnaire est confronté à une difficulté en apparence insoluble : ce ne sont pas ses idées ni ses « croyances » qu’il doit amener à ses semblables, mais Dieu Lui-même ! Or, il lui est impossible de transporter dans son sac, comme on glisse un cadeau dans une hôte de père Noël, Celui que le ciel et la terre ne peuvent contenir ! Car le monde n’attend pas seulement des idées sur Dieu ou bien des commandements supplémentaires dont la pratique permettrait de se Le rendre favorable. La Création ne sera comblée qu’en recevant Dieu en personne. Elle n’est faite pour rien moins que pour cette Présence.



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Dans l’envoi des disciples à la fin de l’évangile de saint Matthieu, Jésus leur demande de baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Certes, il précise de leur apprendre également à garder ce qu’il leur a commandé. Mais la mention du baptême souligne bien que la finalité de la mission consiste à transformer l’être des destinataires de l’annonce de l’Evangile. En effet, par le baptême, l’homme devient fils de Dieu en revêtant le Christ. C’est même toute la Trinité qui vient habiter en lui. Pareil effet ne peut être obtenu que par Dieu seul. Ce changement est théologal, c’est-à-dire qu’il a Dieu comme initiateur, opérateur et terme ! Dieu décide de changer l’homme en Son fils en S’invitant Lui-même en lui. 

Le meilleur argument en faveur de l’Évangile sera toujours le rayonnement émanant de celui qui vit de ce qu’il annonce ! Et comment laisser transparaître Dieu dans tout son être sinon en vivant continuellement avec Lui ?

Voilà pourquoi le but ultime de la mission excède de beaucoup les forces du missionnaire. Certes, celui-ci a toujours la ressource, s’il est prêtre ou ordonné, de dispenser les sacrements du baptême et de l’Eucharistie pour parvenir à ses fins. Seulement, nous n’en sommes plus aux conversions forcées et aux baptêmes de masse ! Avant de consentir à recevoir le baptême, son bénéficiaire doit quand même être évangélisé de telle sorte qu’il donne sa foi à Jésus et à Dieu en connaissance de cause ! C’est ici que la sainteté du missionnaire vient se greffer sur le canevas de son action comme son motif principal. Certainement Dieu-Il peut se passer de disciples parfaits pour toucher les cœurs. Toutefois le meilleur argument en faveur de l’Évangile sera toujours le rayonnement émanant de celui qui vit de ce qu’il annonce ! Et comment laisser transparaître Dieu dans tout son être sinon en vivant continuellement avec Lui ? La sainteté constitue bien l’atout numéro un du missionnaire. « Là où les saints passent, Dieu passe avec eux » disait le Curé d’Ars.

Prédication silencieuse

D’ailleurs, la sainteté n’a pas besoin d’être bavarde pour amener Jésus-Christ. La tenue, l’allure, le « style » et les actions des saints sont aussi éloquents que les plus beaux sermons. Vivant en compagnie de la Trinité, le saint inspire et expire Dieu comme nous le faisons de l’air extérieur. Aussi se crée-t-il autour de sa personne comme un halo surnaturel, un je-ne-sais-quoi qui nous fait pressentir qu’une réalité d’un autre ordre que celui de la terre, passe à travers eux, sans qu’on sache toujours mettre un mot sur elle. 

C’est cette impression indéfinie qui fit dire aux pèlerins d’Emmaüs, après que Jésus eut disparu à leurs yeux : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin et qu’il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32). Jésus n’a pas eu besoin de décliner son identité : le feu intérieur qui se dégageait de sa personne était comme un aimant qui attirait les cœurs de ses deux compagnons de route. Pareillement, l’exemple des saints est déjà une prédication évangélique. La constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium affirme : « En eux (les saints), Dieu lui-même nous parle » (LG n. 50). La meilleure manière d’amener Dieu aux hommes consistera toujours à cultiver et entretenir sans se lasser Son amitié ! 



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