De nombreux pèlerins Arméniens sont venus prier ces derniers jours au monastère orthodoxe de Davidank. Situé sur le territoire du Haut-Karabakh, il a été cédé à l’Azerbaïdjan suite au cessez-le-feu signé le 9 novembre dernier.Avec sa pierre orangée et ses clochers circulaires typiques des églises arméniennes, le monastère de Dadivank est un repère dans la forêt du Haut-Karabakh. Construit au IXe siècle, à 1.100 mètres d’altitude, il demeure un précieux témoignage des premières heures de la chrétienté. Sa construction aurait été lancée par saint Dadi, disciple de saint Jude Thadée, apôtre qui diffusa le christianisme dans l’est de l’Arménie au Ier siècle.
Sanctuaire majeur pour les chrétiens d’Arménie, le monastère de Dadivank, construit autour de l’église principale consacrée à la Vierge Marie, est aussi un petit bijou d’architecture. Avec la finesse de ses sculptures, la diversité de ses motifs décoratifs et ses fresques incroyablement conservées, ce haut lieu de l’architecture féodale fait partie des monuments artistiques les plus remarquables de la région.
Aujourd’hui, cet ensemble qui fait la fierté de l’église apostolique arménienne doit tomber sous le contrôle de l’Azerbaïdjan en vertu du cessez-le-feu signé le 9 novembre dernier entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de la Russie qui a obligé les Arméniens à céder le territoire du Haut-Karabakh. Ce week-end, ils ont obtenu dix jours supplémentaires pour évacuer le district qui devait être remis ce dimanche à l’Azerbaïdjan.
Au Karabakh, les adieux au monastère arménien de Dadivank
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— Agence France-Presse (@afpfr) November 14, 2020
Pour les chrétiens arméniens, cela est un déchirement. Craignant que les Azerbaïdjanais, à majorité musulmane, saccagent le monastère, les religieux sur place ont déjà descellé les croix et emporté les cloches de l’église pour les mettre à l’abri. Des pèlerins, venus par dizaine ces derniers jours, se sont recueillis au cœur du sanctuaire.
Cloches et croix à l’abri
Parmi les ardents défenseurs du site, Hovhannès Hovhannisyan, le père-abbé du monastère depuis cinq ans, est bien décidé à rester sur les lieux quoiqu’il lui en coûte. Celui qui a continué à baptiser quelques fidèles dans l’église du monastère ces derniers jours, ne fait pas confiance à l’Azerbaïdjan, pays à majorité chiite. Il craint que son monastère soit saccagé ou, pire, détruit. Une peur qui s’explique par les destructions antérieures subies par le pays. En 2005, le cimetière arménien de Djoulfa (Nakhitchevan) du XIIe siècle, alors sous contrôle de l’Azerbaïdjan, avait été détruit au marteau-piqueur. En 1995, c’est la cathédrale Saint-Sauveur de la ville de Chouchi qui avait été endommagée en servant de dépôt d’armes. Le 8 octobre dernier, elle a d’ailleurs été intentionnellement bombardée.
Malgré les assurances de Bakou de préserver tous les lieux historiques et culturels du territoire du Haut-Karabakh, beaucoup craignent que ces promesses ne soient pas tenues et s’interrogent sur le destin futur des églises et monastère. “Nous sommes actuellement dans l’incertitude quant au sort du patrimoine culturel de l’Artsakh” (nom arménien du Haut-Karabakh), a déclaré Nariné Toukhinian, la vice-ministre arménienne de l’Éducation, de la Science et de la Culture. Certains espèrent une intervention de l’Unesco et de l’Union européenne afin de donner une visibilité internationale et un statut spécifique à ces lieux de pèlerinage.
Dimanche un véhicule blindé russe était stationné dans la cour du monastère. Trois prêtres arméniens sont là, en soutane, dont le père Hovhannes : “La garde du monastère a été confiée aux soldats russes. Il reste à l’Église apostolique arménienne. Les autorités arméniennes vont garder le contrôle du monastère et de ses environs, les Arméniens pourront continuer à venir prier ici”, a-t-il affirmé.
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