Le refus de voir son péché, qui ramène tout à soi, est un évitement de sa capacité à aimer totalement et librement, grâce à la miséricorde de Dieu.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Le mot même de « péché » a une cote de popularité assez basse. Il véhiculerait un imaginaire sulfureux et accusateur : les prédicateurs fous qui tonitruent des « repentissez-vous » dans de grands tournoiements de manches, les vieilles dames au confessionnal qui, dans les dessins de Sempé, listent minutieusement les péchés… de leur mari, et, en toile de fond peu réjouissante, les flammes de l’enfer. Il est évident que moins on entend parler du péché, moins on comprend le sens du sacrement de Réconciliation : pourquoi aller présenter à la miséricorde du Seigneur ce dont on nierait l’existence ?
Une réalité quotidienne
On pourrait imaginer que les confessionnaux se sont vidés parce que nous serions devenus parfaits : plus rien à raconter d’autre que nos bonnes actions ! Et comme nous sommes parfaits et que nous n’aimons pas nous vanter… ne dérangeons pas un prêtre inutilement ! Malheureusement cette hypothèse séduisante ne semble pas des plus réalistes. La violence est à nos portes, elle trace sa route dans nos familles, les salles de classes, dans les quartiers de nos villes ou sur les parvis de nos églises, elle prend racine où bon lui semble et frappe où on ne l’attend pas, mais à chaque fois une chose est sûre : on y retrouve une décision et une main humaine. Le péché, quel que soit le nom qu’on lui donne, reste une réalité quotidienne pour les individus et pour les sociétés.
Lire aussi :
Confession : doit-on dire au prêtre tous ses péchés ?
Or si l’Évangile lui-même accorde une grande place au péché, ce n’est pas pour dresser la liste des interdits à ne pas transgresser, menaces et punitions à l’appui. Non, c’est même l’exact opposé : Jésus est le Sauveur. Il donne par sa croix et sa résurrection la victoire définitive sur le péché du monde : c’est toujours la grâce, la miséricorde de Dieu, sa puissance de guérison, son pouvoir incontestable sur les forces du mal en nous et en dehors de nous, qui occupent le centre du tableau. Il est question du péché pour que jamais nous n’hésitions à tourner notre cœur vers Jésus qui pardonne, nous remet debout, restaure notre confiance en nous, nous libère de nos idées noires, nous fait reprendre courage et énergie, nous redonne accès à la paix intérieure que chantent les psaumes.
La vérité devient « ma vérité », la justice est érigée en « ma justice », voilà la source de tout péché.
Il ramène tout à soi
Ainsi, l’évitement d’une telle question nous prive de l’accès à notre propre cœur, là où se joue un mystère insondable. Il y a en nous une zone secrète, et nous le pressentons souvent, d’où procède le bien et le mal, une zone où notre liberté rejoint notre capacité d’aimer. C’est au sein de cette zone intime que le « je m’aime » que nous devrions tous pouvoir dire, se retourne en « je n’aime que moi ». L’amour sain, spontané et naturel que nous devons nous porter et qui nous rend capable d’aimer les autres s’enroule sur lui-même, et nous brouille la vue. Ce repliement sur soi n’empêche pas forcément d’être très actif, et même activiste ! Mais il ramène tout à soi : contrairement à la charité ouverte et généreuse, il recherche toujours au fond son intérêt, son plaisir, son exaltation. La vérité devient « ma vérité », la justice est érigée en « ma justice », voilà la source de tout péché.
Alors, n’hésitons pas faire entrer la lumière, à restaurer par la confession cet élan véritable du cœur qui nous pousse à aimer : connaître notre péché et oser en parler est la voie qui nous apprend à nous aimer pour de vrai, à nous aimer comme Dieu nous aime.
Lire aussi :
Comment le sacrement de la confession fortifie la foi