L’élection d’un nouveau lieutenant chargé de faire aboutir la réforme de l’Ordre de Malte est un signe positif de l’évolution de l’institution demandée par le pape François.
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Le 8 novembre dernier, le Conseil complet d’État chargé d’élire le nouveau grand maître de l’Ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem, dit de Malte, s’est réuni pour élire le remplaçant de Fra’ Giacomo Della Torre del Tempio de Sanguinetto, prince et 80e Grand Maître, décédé le 29 avril dernier. L’élu est l’Italien Fra’ Marco Luzzago qui, à une large majorité, a été désigné lieutenant du Grand Maître (ou lieutenant de Grand Maître) pour une durée d’un an. Le pape François a été immédiatement informé par lettre du résultat de l’élection et c’est devant son représentant spécial, le futur cardinal Silvano Maria Tomasi, que le nouvel élu prêtera serment.
Le lieutenant de Grand Maître dispose des mêmes pouvoirs qu’un Grand Maître mais, à la différence de celui-ci qui est élu à vie, le nouveau lieutenant devra convoquer le Conseil complet d’État d’ici un an pour procéder à une nouvelle élection. Pourquoi un mandat aussi court ? Le nouvel élu a donné une réponse implicite dans son discours d’investiture en déclarant : « Je ne peux que vous assurer de mon engagement maximal pour faire face aux défis qui nous attendent dans les prochains mois, en premier lieu, la réforme de la Charte constitutionnelle et du Code, menée avec force par notre regretté Fra’ Giacomo. »
Vers la suppression des conditions nobiliaires
Depuis 2017 en effet, à la demande du Saint-Père, a été lancé un processus de réforme des textes fondamentaux, dans le but d’engager « un renouvellement moral et spirituel de l’Ordre de Malte, et en particulier de ses membres religieux qui ont professé les vœux d’obéissance, de chasteté et de pauvreté ». En lien avec le Saint-Siège, les différentes instances de l’Ordre ont préparé un texte qui, si la situation sanitaire le permet, devrait être soumis à un chapitre général extraordinaire en 2021. Si l’Ordre de Malte est appelé à rester un ordre religieux laïc de l’Église catholique, alliant une tradition nobiliaire et chevaleresque à sa vocation hospitalière, des modifications significatives sont attendues, concernant, notamment, l’éligibilité du Grand Maître.
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Aujourd’hui, celui-ci doit être obligatoirement choisi parmi les chevaliers profès, c’est-à-dire ayant prononcé des vœux religieux et qui sont minoritaires dans l’Ordre. En outre, il doit également appartenir à la catégorie des chevaliers d’honneur et de dévotion, ceux qui ont le plus haut niveau d’exigence en termes de preuves de noblesse, ce qui réduit encore d’autant le nombre de candidats éligibles. Le vivier devient donc extrêmement étroit, au risque de se priver de compétences. La réforme prévoit donc de supprimer les conditions nobiliaires pour accéder à la fonction de Grand Maître, ce qui, si la proposition est acceptée, constituera une petite révolution au sein de la très aristocratique institution. De la même manière, alors que plus de 50% des membres de l’Ordre de Malte n’appartiennent pas à la noblesse, les exigences nobiliaires seront assouplies afin d’accéder aux différents niveaux de gouvernance de l’Ordre.
Au service des pauvres et des malades
Par ailleurs, les chevaliers profès, qui vivent aujourd’hui dans le monde afin de pourvoir à leur subsistance, seront, pour un certain nombre d’entre eux, appelés à travailler dans les structures sociales et médicales de l’Ordre, tandis que le mot « militaire » devrait disparaître de l’intitulé officiel de l’Ordre de Malte dès lors que ses membres ne combattent plus les armes à la main. C’est donc assez logiquement, à l’issue de l’adoption de ces réformes, qu’un nouveau Grand Maître devrait être élu l’année prochaine par le Conseil complet d’État parmi un nombre de postulants élargi. Bien qu’il n’ait jamais failli, mais dans un climat désormais apaisé, l’Ordre de Malte devrait poursuivre sa vocation au service de la défense de la foi et des pauvres et des malades, « Nos Seigneurs ».
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