L’entrée au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix (1890-1980) ce mercredi 11 novembre est venue clore le long cycle du centenaire de la Grande Guerre. L’occasion de redécouvrir un auteur qui au-delà d’incarner tous Ceux de 14 sut déceler l’empreinte divine dans la Création.La qualité littéraire et humaine de son saisissant témoignage sur le quotidien des Poilus fait l’unanimité : au point que les cinq récits de guerre de Maurice Genevoix ont été condensés en un seul opus, devenu un classique Ceux de 14 (1949). Un succès qui a quelque peu éclipsé le reste de son œuvre, injustement réduite à de la littérature régionaliste aux désuets relents de terroir.
Cette œuvre entre pourtant en résonance avec l’air du temps, soucieux de préserver l’environnement et de revenir à une plus grande harmonie entre l’homme et la nature : qui d’autre que Genevoix a su célébrer avec autant de grâce la prodigalité de cette nature, la force de l’enracinement (Raboliot, Rroû), la communion possible entre l’homme et l’animal (voir ses admirables Bestiaires) ?
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Profondément enraciné en Sologne, le jeune Maurice parvint à surmonter le traumatisme de la Grande Guerre par la contemplation. Hanté quelquefois par d’oppressants souvenirs, il s’ingénie à retrouver son âme d’enfant pour chanter « la beauté immortelle du monde », « sa poésie », « la merveille qu’est la vie ». « Tout vient à moi, tout est offert. » (Lorelei, 1978).
Une beauté qui parle de Dieu
Sa passion pour la Loire et ses accents lyriques pour dépeindre les arbres, les fleurs, le ciel… ont fait naître une légende : Genevoix aurait été panthéiste. Pris individuellement, certains passages de ses livres semblent corroborer cette interprétation. Mais elle ne résiste pas à une analyse approfondie de l’ensemble de son œuvre, ainsi que l’a démontré l’un de ses éminents biographes, Jacques Tassin. S’il y a bien dit-il une « tonalité mystique » chez l’académicien, c’est à son éducation catholique qu’il faut la rattacher.
L’écrivain, peu disert sur ses convictions, ne pratiquait qu’occasionnellement, mais est toujours resté en bons termes avec l’Eglise : il fréquentait le monastère de Saint-Benoît-sur-Loire, s’était lié d’amitié avec quelques prélats (le Père Ambroise-Marie Carré, Mgr Teissier, le cardinal Tisserant…) et avait même rencontré saint Jean-Paul II au crépuscule de sa vie. Il avait tenu avant sa mort à témoigner dans un livre aux airs de testament, Un jour (1976), de son attachement à ses racines catholiques. Il confiait alors avoir éprouvé la présence de Dieu à travers la magnificence de Sa création.
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