Alors que le Conseil d’État a confirmé la suspension des messes publiques compte tenu de la situation sanitaire, les prêtres sont contraints de s’organiser différemment afin de permettre aux fidèles de continuer leur vie de foi.Face à l’interdiction des messes publiques, confirmée par l’ordonnance du Conseil d’État du 7 novembre, de nombreux catholiques oscillent entre désarroi et incompréhension. Des sentiments largement partagés à en croire le hashtag #RendezNousLaMesse sur Twitter.
À Nantes comme à Versailles ou à Lyon, des rassemblements de fidèles ont eu lieu ce week-end devant la cathédrale de chacun de ces diocèses afin de réclamer la possibilité de retourner physiquement à la messe. Si celui de Versailles est parti d’un appel lancé le jour même sur les réseaux sociaux par des étudiants, celui de Nantes a fait l’objet au préalable d’une demande à la préfecture.
Si certaines paroisses parisiennes ont laissé les portes des églises ouvertes ce dimanche à l’heure de la messe pour permettre à ceux qui le désiraient de s’y recueillir à titre individuel, d’autres, comme lors du premier confinement, se sont remises à diffuser leur messe en direct. N’étaient alors physiquement dans l’église que ceux dont la présence était nécessaire à la bonne diffusion de la célébration. D’autres encore, comme à Lyon, ont proposé des messes limitées à dix personnes “sur inscription préalable”.
Faire en fonction de ce qui nous est donné pour vivre ce qui nous paraît essentiel.
“On ne peut pas s’amuser à être à la marge, à jouer avec les frontières”, assure à Aleteia le père Leraitre, curé de Sainte Marie des Batignolles dans le XVIIe arrondissement parisien. “Le but n’est pas d’aller contre une décision officielle mais de faire en fonction de ce qui nous est donné pour vivre ce qui nous paraît essentiel”. Diffusée en direct, la messe y a donc été célébrée à huis clos ce dimanche. Pour permettre aux fidèles de vivre le côté sacramentel de l’eucharistie, il a et va continuer de proposer à ceux qui le désirent une heure d’adoration à l’issue de la messe “afin de s’unir et faire corps”. Au cours de cette adoration, un accompagnement personnel sacramentel est possible, “que ce soit pour une discussion, le sacrement de la réconciliation ou la communion”. À Lyon également, plusieurs paroisses ont proposé à ceux ayant suivi la messe en ligne le matin de se rendre l’après-midi à la paroisse afin d’y vivre un temps d’adoration et de recevoir le sacrement de réconciliation. “Nous avons également eu la possibilité de communier, cinq par cinq, dans une chapelle attenante”, raconte une paroissienne.
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Comprendre ceux qui ne comprennent pas l’Eucharistie
Dans les Yvelines, plusieurs paroisses proposent d’ores et déjà des plages horaires afin de permettre aux fidèles de communier malgré la suspension des messes publiques. Le diocèse de Versailles a en effet rappelé que dans le cadre de l’accueil individuel des fidèles, les prêtres doivent évaluer, “selon le contexte pastoral qui est le leur”, la meilleure façon d’assurer le lien des fidèles à l’Eucharistie, le dimanche comme en semaine : “par des temps d’adoration du Saint-Sacrement exposé, ou par la distribution de la communion en dehors de la messe. On se réfèrera alors au rite bref proposé dans le “rituel de l’Eucharistie en dehors de la messe” (cf n°42 ss.)”.
L’eucharistie est un don, pas un dû.
“J’appelle mes prêtres à laisser la porte de leurs églises ouvertes, y compris lorsqu’ils célèbrent la messe privément”, explique pour sa part à Aleteia Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. “Des fidèles peuvent être présents bien sûr mais leur nombre doit être limité afin de garantir le respect des règles sanitaires”. Le prêtre célébrant la messe privément, il n’y a donc pas de chant appelant une réponse de l’assemblée ou d’homélie. Dans ce cas précis, les personnes présentes dans l’église ne reçoivent pas la communion lors de la messe mais peuvent la demander à la fin, lorsque le prêtre a fini de célébrer. Plus globalement, il invite les fidèles “à participer à un rendez-vous liés à l’eucharistie” tel que l’adoration ou un temps de recueillement en lien avec la parole de Dieu”. Interdire l’eucharistie ? “Certainement pas !”, reprend Mgr Marc Aillet. Reconnaissant volontiers que dans son diocèse il y a moins de risque d’une surpopulation des églises que dans d’autres, il assure comprendre “que des fidèles en aient besoin”. “Mais l’eucharistie n’est pas un acte hors sol auquel on a droit. C’est un don, pas un dû”.