“Tristes et déterminés”, les catholiques de France regrettent la suspension du culte public par les autorités. Comment se faire entendre ? La sagesse leur recommande d’éviter de trop compter sur leurs propres forces.
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Alors qu’on lui demandait en 1935 de respecter la liberté religieuse en Russie, Joseph Staline répondit la célèbre formule : “Le Pape ? Combien de divisions ?” N’est-ce pas finalement la réponse implicite des politiques, de la justice, et de l’opinion publique en France, face aux catholiques et à l’Église ? La décision du Conseil d’État refusant les recours des différents requérants, dont la Conférence des évêques de France et plusieurs évêques sur la reprise du culte public n’a quasiment suscité aucune émotion, ni même aucuns sujets dans les grands médias nationaux. Il est vrai que le catholicisme ne réunit plus qu’un confetti de pratiquants (entre 1,5 et 2% d’observants pour la messe dominicale obligatoire), perdus dans la masse des non pratiquants, des athées (plus de 30% de la population), des indifférents et des autres religions.
Deux mauvaises voies
C’est ce à quoi se confronte, sans doute de la manière la plus cruelle, l’épiscopat français actuel. Pour reprendre l’expression d’un ancien chef d’état-major des armées, “nous sommes arrivés à l’os !” La “capacité de nuisance” sociale et politique de l’Église catholique en France a été quasiment réduite à néant sous les coups de boutoir de l’anticléricalisme, de la théologie de l’enfouissement et des propres faiblesses morales et spirituelles des baptisés. Devenus ultra-minoritaires dans ce pays qu’ils ont forgé, les catholiques observants pourraient être tentés par deux mauvaises voies. La première serait celle du bras-de-fer face à l’État et l’opinion publique. Quand bien même une telle solution se révélerait légitime, elle serait une illusion, car l’institution ecclésiale française est affaiblie par ses clivages internes, et en externe trop atteinte par les scandales qui lui sont sans cesse reprochés. Le pragmatisme est de rigueur, même s’il ne fait pas plaisir. Les évêques actuels en ce sens, et les fidèles derrière eux, ne peuvent que constater ce terrible héritage qui leur est laissé…
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La deuxième tentation opposée, serait celle du démon “à quoi bon”. Pourquoi lutter, cela ne sert à rien. C’est fichu. Les héritiers de mai 68 proposent de vendre les derniers bijoux de la couronne, avec pour conséquence de mettre la clef sous la porte, discrètement, et d’inscrire in fine le catholicisme français dans les livres d’histoire. Les tenants d’un catholicisme “conservateur” s’orientant plutôt vers un destin de minorité très identitaire, replié sur des réseaux et des centres de vie chrétienne, loin de l’évangélisation qui constitue la nature même de l’Église.
L’action de l’Esprit saint
Comme souvent dans la vie de l’Église, la solution ne viendra pas des hommes, mais de l’Esprit saint qui anime le Corps mystique du Christ. Dans les périodes les plus rudes de son histoire bimillénaire, l’Église a ainsi vu s’élever de son sein de nouveaux bâtisseurs. Ainsi un saint François d’Assise et un saint Dominique à la fin du XIIe siècle, ainsi un Jean Paul II au tournant du XXe siècle ! Notre rôle alors est, finalement assez simple… devenir toujours plus des adorateurs en esprit et en vérité du Père, des témoins fidèles du Fils, et de bons vecteurs pour l’action du Saint-Esprit. Soyons assurés que, si nous laissons, par plus de sainteté de vie, l’Esprit agir en nous et, à travers nous, dans l’Église et dans le monde, ce même Esprit suscitera les réponses adéquates aux défis immenses qui attendent son Église et les baptisés.
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