L’intoxication de l’information frappe souvent l’Église et les papes. Parfois très élaborée, cette manipulation spécule souvent sur la paresse intellectuelle de l’opinion. Quand pointe la polémique, il est sage de prendre quelques précautions.
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Au cours des décennies récentes, l’Église a été régulièrement la cible de guerre de déstabilisation et de manipulation des mots et des « infos » ; autant d’armes que ses adversaires savent très bien manier. L’usage de l’intoxication intellectuelle est une réalité qui est encore plus néfaste au temps de l’emballement médiatique facile. Être conscient de cette réalité et appliquer des mesures simples de prudence permet d’éviter la contamination par une mauvaise information.
Ainsi en est-il de l’affaire Pie XII, dont les nombreuses recherches historiques ont fait litière de la prétendue collaboration du pape. La légende noire a été créée de toute pièce par les services secrets soviétiques pour intoxiquer les catholiques et affaiblir l’Église afin de réduire son poids dans les pays européens occupés. Plus récemment, le pontificat de Benoît XVI a été émaillé de nombreuses polémiques, nées de déformation de ses propos, souvent par mauvaise foi de la part de ses pourfendeurs. Dernièrement, Aleteia a expliqué comment des propos de François ont été coupés et raccordés dans un documentaire afin de lui faire dire ce que le réalisateur souhaitait qu’il dise.
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Purifier l’intoxication informative
À chaque fois, les procédés utilisés sont classiques, connus et bien identifiés par ceux qui suivent les péripéties de la guerre de déstabilisation. Il s’agit de déformer des propos, de raccourcir ou de créer des amalgames pour déstabiliser et décontenancer le camp d’en face. La guerre de déstabilisation, ou guerre psychologique vise à gagner sans combattre en retirant les forces vives chez l’adversaire lui-même, en insinuant le doute et la division dans son esprit.
Sans sombrer dans la paranoïa de ce qui est dit, ce qui est une autre façon de subir l’intoxication intellectuelle, il faut avoir conscience de son existence.
Cette intoxication intellectuelle a été très bien menée par des stratèges comme Lawrence d’Arabie, Hô Chi Minh ou Staline et fut régulièrement utilisée contre les chrétiens. Sans sombrer dans la paranoïa de ce qui est dit, ce qui est une autre façon de subir l’intoxication intellectuelle, il faut avoir conscience de son existence, qui est encore plus redoutable à l’ère de l’information continue.
Cinq précautions
Un ami journaliste a cette formule très juste : « Plus on s’éloigne de la source de l’information, moins elle est pure. » L’information est comme l’eau : elle supporte mal le transport et l’éloignement de la source d’origine. Quelques précautions s’imposent donc pour la repurifier et éviter l’intoxication :
Ne pas s’en tenir au titre, qui doit forcément synthétiser et qui ne peut donc pas montrer la complexité des propos ou des analyses. Sur les sujets délicats, lire l’article en entier et non pas uniquement les premières lignes.
Autant que possible, aller toujours vers la source. Préférer l’entretien direct plutôt que le commentaire de celui-ci. On le voit notamment au sujet des textes pontificaux et des encycliques : leur lecture est toujours préférable à la lecture seule des gloses et des commentaires.
Analyser les transmetteurs de l’information : il y a des journaux plus fiables que d’autres et des journalistes plus sérieux que d’autres.
Exercer la vertu de prudence lorsque l’on relaie une information négative.
Préférer le fond à la polémique.
Refuser la déstabilisation
Le discours de Ratisbonne de Benoît XVI (2006) est presque un cas d’école ou l’information mondiale s’est emballée pour un bout de phrase qui a été déformé et sorti de son contexte. Les conséquences en avaient été dramatiques, avec des églises brûlées et des religieuses assassinées. Comme pour le dentifrice, il est plus facile de sortir la polémique du tube que de la faire entrer. Lors des synodes du pontificat de François, l’attention médiatique s’est souvent focalisée sur des aspects périphériques qui ont occulté la raison d’être de ceux-ci et le document final. Le synode sur la famille ne portait pas que sur le seul sujet des divorcés remariés, mais offrait une vraie réflexion sur ce qu’est une famille aujourd’hui et comment les aider en des temps où le modèle familial est souvent combattu. Quant au synode sur l’Amazonie, les discussions ont porté sur des sujets plus vastes et spécifiques que la seule question de l’ordination d’hommes mariés.
Bien évidemment, tout le monde n’a pas le temps de lire l’ensemble des documents, mais chacun peut au moins prendre conscience que l’information est un objet de déstabilisation et de fragilisation et qu’elle est parfois utilisée à des fins mauvaises. Ne pas entrer dans les spirales des polémiques futiles et faire usage de prudence lors des battages médiatiques sont autant de gestes barrières efficaces contre l’intoxication informationnelle.
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