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Le candidat Donald Trump reprend les priorités morales négligées par Joe Biden. Mais celui-ci a adopté celles que son rival rejette. Le choix n’est pas évident pour les catholiques. Un document de leurs évêques éclaire les risques qu’ils doivent prendre.
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Ces temps-ci, les catholiques américains sont à la fois courtisés, bien embarrassés et observés de près. Ils représentent en effet entre un quart et un cinquième de l’électorat. Chacun des deux candidats à la présidence répond explicitement à une partie de leurs attentes, tout en rejetant non moins ouvertement l’autre partie. De quel côté vont-ils basculer ? Pour compliquer le jeu, la Chambre des Représentants (l’équivalent de nos députés) devra, le même jour, être entièrement renouvelée, ainsi qu’un tiers du Sénat (qui a plus de poids que chez nous).
Éclairer les consciences
Nos frères et sœurs d’outre-Atlantique ont heureusement pour les guider, depuis plusieurs décennies, un document de la Conférence épiscopale de leur pays, mis à jour pour chaque élection en se référant au magistère de l’Église, particulièrement à sa Doctrine sociale, développée depuis la révolution industrielle et jusqu’aux plus récents enseignements du pape François, reprenant ceux de ses prédécesseurs et les actualisant en fonction des événements et des enjeux qui apparaissent.
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Ce document, intitulé « Éclairer les consciences pour un exercice de la citoyenneté animée par la foi », pose des principes qui ne sont pas valables qu’aux États-Unis : pour tout fidèle du Christ, participer à la vie politique est un droit et aussi un devoir, exigé par la charité ; et les décisions à prendre ne sont pas purement politiques, car elles sont foncièrement d’ordre moral, c’est-à-dire commandées non par des intérêts locaux ou particuliers, mais par le souci du bien commun de l’humanité, tel que peut le définir la raison et que l’approfondit la foi.
Priorités morales et réalisme
Ces principes établissent des priorités : respect de la vie, de la conception au plus grand âge, et de la personne humaine, quelle que soit son origine ou son sexe, du mariage et de la famille, de la liberté d’expression (y compris religieuse) et de l’environnement ; souci d’équité sociale, de paix et de maîtrise dans l’emploi de la force, et même solidarité sans frontières, tout spécialement avec les plus fragiles (pauvres, migrants, minorités, victimes de persécutions et de calamités naturelles…).
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Les évêques américains précisent que le choix à faire en votant, voire en s’engageant dans les débats et campagnes, ne doit pas être dicté par la position à prendre sur un seul point sensible en ignorant les autres, et que la personnalité des candidats (intégrité, sincérité, capacité d’unir et d’agir efficacement) doit également être prise en compte. Tout ceci suppose de cultiver les vertus « cardinales » — et réalistes — de prudence, tempérance, force d’âme et justice.
Comment choisir ?
Les décisions à prendre ne sont pas évidentes en 2020, et le document épiscopal se garde bien de conseiller de voter pour tel ou tel candidat ou parti. Le républicain Donald Trump s’efforce de séduire les chrétiens les plus fervents (catholiques et protestants « évangéliques ») en s’opposant à l’avortement et en se proclamant défenseur des libertés religieuses. Mais son style abrasif et désinvolte ainsi que son indifférence aux inégalités sociales et raciales ainsi qu’aux défis écologiques sont dissuasifs. Inversement, le démocrate Joe Biden inspire de la sympathie, avec une foi catholique qui l’a aidé à affronter des drames familiaux (perte de sa femme et d’un jeune enfant dans un accident de voiture, puis d’un grand fils atteint d’un cancer). Et son parti est attaché à combattre les discriminations et à sauvegarder la planète, mais avec un programme « politiquement correct », où l’IVG est tenue pour un droit inaliénable et où s’affiche une permissivité intransigeante en matière de morale privée (y compris sexuelle).
La conscience n’est pas que le discernement radical entre le bien et le mal ; c’est également la perception des réalités et du possible.
Les évêques américains reconnaissent donc que leurs ouailles sont placées devant un dilemme : comment choisir entre la défense de la vie et la protection de l’environnement ? Entre la liberté religieuse et la justice sociale ? Dans ces conditions, la solution de l’abstention n’est pas écartée. Elle n’est cependant pas recommandée et ne peut être qu’exceptionnelle : la responsabilité suppose la prise de risques. La question est de savoir lequel des deux camps refoulera le moins irréversiblement — ou honorera le mieux sur le long terme, même si ce n’est que partiellement — les priorités morales qu’imposent la raison aussi bien que la foi. L’engagement politique n’est jamais terminé. La conscience n’est pas que le discernement radical entre le bien et le mal ; c’est également la perception des réalités et du possible.
Incertitudes…
Le problème est compliqué par le fait qu’il s’agira également de renouveler le Congrès (le parlement américain). D’après les sondages, le Parti démocrate de Joe Biden peut non seulement obtenir grâce à lui la Maison blanche, mais devrait de plus conserver le contrôle de la Chambre des Représentants et pourrait même le retrouver au Sénat. Le « politiquement correct » aurait alors tous les pouvoirs — le seul frein étant la Cour suprême, Amy Coney Barrett, la candidate nommée par Donald Trump, ayant été confirmée par le Sénat à majorité encore républicaine. Cette réalité peut inciter des électeurs (y compris des catholiques) à voter le même jour pour Joe Biden (plus susceptible d’unir que Donald Trump qui ne se donne pas la peine de se présenter en président de tous les citoyens) et pour le candidat républicain au Sénat dans leur État.
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Des coups bas de dernière minute ne sont pas à exclure non plus, portés, sinon par les candidats, par leurs partisans qui, au nom de la liberté d’expression, peuvent investir privément des sommes folles pour dénigrer l’adversaire de leur champion sans que cela entre dans les comptes de campagne de celui-ci. Et la loi n’interdit pas les attaques personnelles directes, les insultes. En 2016, Donald Trump a traité Hillary Clinton d’escroc et fait scander à ses meetings des slogans exigeant qu’elle soit immédiatement arrêtée et emprisonnée… Joe Biden et sa famille sont la cible d’amis du président sortant, lui-même accusé de malversations fiscales et autres dans certains médias.
… et inquiétudes
Il faut en tout cas se préparer à ne pas avoir rapidement de résultats définitifs. En raison de la crise sanitaire, environ 40% des électeurs auront voté par correspondance. Le dépouillement ne pourra commencer qu’après le scrutin. Il prendra des jours, voire des semaines. Et il est à prévoir que, si Donald Trump semble en passe d’être battu, il contestera. Les deux partis pourraient aussi faire appel aux tribunaux si les résultats sont serrés, que ce soit localement ou pour l’élection présidentielle. Dans la mesure où ce qui se passe aux États-Unis retentit dans le monde entier, il n’est pas superflu de prier pour que la sagesse l’emporte en Amérique le 3 novembre prochain et dans les mois qui viennent.
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