Plusieurs semaines après la réouverture des marchés et des universités, les évêques gabonais avaient annoncé la reprise des messes publiques, ce dimanche 25 octobre. Mais des rangées de policiers ont empêché les fidèles de pénétrer dans les églises.
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C’est peu dire que la journée de dimanche a été très agitée au Gabon. Alors que toutes les églises du pays sont fermées aux fidèles depuis six mois à cause du Covid-19, les évêques avaient annoncé leur réouverture ce dimanche 25 octobre, en la fête de la dédicace des églises consacrées. Las, les fidèles ont dû faire face à des rangées de forces de l’ordre déployées pour l’occasion, bien décidées à bloquer l’accès aux églises. Le 16 octobre dernier, le gouvernement avait annoncé que les lieux de cultes pourraient rouvrir le 30 octobre au lieu du 25, en respectant un protocole sanitaire très contraignant : interdiction de communier, 30 fidèles maximum par messe, obligation de présenter un test négatif à l’entrée de l’église…
Un appel à de courtes cérémonies sur les parvis
Face à cette “violation de la liberté de culte”, la conférence épiscopale avait maintenu la réouverture le 25 octobre. Toute la journée de dimanche, la page Facebook de l’Église au Gabon a publié des photos et des vidéos montrant des scènes de grandes tensions avec les forces de l’ordre. Les abords des églises apparaissent complètement bouclés par les policiers. Certaines églises étaient même littéralement encerclées.
https://www.facebook.com/eglisecatholiqueaugabon/videos/pcb.3496394770445907/1067807367006198/
Dans un communiqué daté du 24 octobre, Mgr Jean Patrick Iba Ba, archevêque de Libreville, avait “constaté avec beaucoup de regret le déploiement des forces de sécurité et de défense aux abords de nos différents paroisses, signe de la volonté manifeste de nos dirigeants de violer une fois de plus notre liberté religieuse”. Il avait alors proposé “à tous les curés” d’accueillir les fidèles sur les parvis de leurs églises, de réciter une dizaine de “Je vous salue marie avec eux”, de proclamer l’Évangile, puis de les bénir avec le Saint-Sacrement. “Respectons les forces de l’ordre, en évitant toute provocation, parole ou geste déplacé”, avait-il également mis en garde.
À la paroisse Saint Jean Baptiste de Nzeng-Ayong, les policiers ont sorti les grenades lacrymogènes pour empêcher les fidèles de filmer.
À 9 heures dimanche matin, un rassemblement d’une quarantaine de personnes devant la cathédrale de Libreville a été rapidement dispersé par les forces de l’ordre, comme l’a constaté l’AFP. “L’Église Saint Pierre de Libreville, située en face de la Présidence, est barricadée par la garde républicaine (…) À la paroisse Saint Jean Baptiste de Nzeng-Ayong, les policiers ont sorti les grenades lacrymogènes pour empêcher les fidèles de filmer”, renseignait notamment la page Facebook de l’Église du Gabon, ce dimanche 25 octobre, à 9h26. Cette scène s’est reproduite devant plusieurs églises du pays. Dans le diocèse d’Oyem, au nord du Gabon, Mgr Jean-Vincent Ondo est descendu dans les rues pour prier le rosaire, en procession avec les fidèles. Il a ensuite déposé le Saint Sacrement devant la cathédrale saint Charles Lwanga, pour un temps d’adoration, encerclé par des militaires, qu’il a ensuite bénis.
https://www.facebook.com/eglisecatholiqueaugabon/videos/1027282667787938
D’après La Croix, deux prêtres auraient été arrêtés au cours de la matinée. Il s’agit du père Christian Iloubi, vicaire de la paroisse Saint Dominique de Moanda, dans le diocèse de Franceville et du père Frédéric Ntoutoum, vicaire de la paroisse Saint-André de Libreville et chancelier du diocèse de Libreville. C’est donc sur fond de grandes tensions que le dispositif de réouverture des lieux de culte du gouvernement doit entrer en vigueur, ce vendredi 20 octobre.
Qu’on demande au secteur publique de travailler une fois par semaine, on verra bien !
Au Gabon, les tests de dépistages ne sont pas remboursés et coûtent entre 5.000 et 20.000 FCFA. “Nous trouvons très difficile la mesure consistant à demander à nos fidèles de présenter un test négatif au Covid, désormais payant et qui risque de créer une discrimination entre les moins nantis et ceux qui ont plus de moyens”, ont notamment déclaré plusieurs organisations chrétiennes dans un communiqué commun. Ce sont en effet leurs fidèles qui risquent le plus de subir de telles réglementations, puisque les chrétiens représentent environ 80% de la population (deux tiers de catholiques et un tiers de protestants). Environ 10% sont musulmans, et le reste pratiquent des religions traditionnelles, pour une population d’environ 2 millions d’habitants. “Qu’on demande au secteur publique de travailler une fois par semaine, on verra bien !”, avait notamment déclaré la semaine dernière le pasteur protestant Pierre Bongolo, qui officie à Libreville. Il faisait ainsi allusion à ce qu’il appelle un “deux poids, deux mesures”, constatant que les contraintes concernant les supermarchés, les écoles ou les administrations sont beaucoup plus légères. Concernant la communauté musulmane, les leaders religieux semblent s’accommoder des mesures gouvernementales. “C’est un grand pas d’avoir ouvert nos mosquées. Nous remercions les autorités pour cette évolution”, a déclaré sur la télévision nationale l’imam Youssouf Nziengui, saluant la décision du gouvernement de rouvrir les lieux de culte le 30 octobre.
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